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Actualités - ANALYSE

Dossiers - La mise en cause de Pakradouni en offusque plus d'un L'évocation du passé de guerre soulève des protestations

Les mesures prises récemment contre certains symboles pour des faits couverts par la prescription ou par la loi d’amnistie montrent que l’on veut à tout prix raviver les anciennes blessures et remuer le couteau dans la plaie. C’est du moins l’avis de la plupart des cercles politiques et même d’une majorité de loyalistes. Ces pôles soulignent en chœur qu’il est négatif, voire dangereux pour le pays, de tenter d’inaugurer une ère de vieux règlements de comptes. Ajoutant que l’intérêt évident du Liban est de ne pas chercher à exhumer les dossiers enterrés d’un commun accord, c’est le mot, à Taëf. Le président de l’Assemblée nationale M. Nabih Berry n’a pas manqué de critiquer la démarche agressive adoptée par une frange du pouvoir. Il a indiqué en substance que nul n’a intérêt à rouvrir les pages du passé. On sait que le parquet a décidé d’engager des poursuites contre le vice-président du parti des Kataëb M. Karim Pakradouni sous le chef d’inculpation d’intelligence avec l’ennemi et de visites rendues à Israël…au début des années soixante-dix ! M. Pakradouni a donc été convoqué pour donner une déposition sur les faits qui lui sont reprochés. Cette mise au banc de l’accusation d’un phalangiste a donc provoqué plus d’une protestation, même dans les rangs des adversaires traditionnels des Kataëb. On fait remarquer généralement qu’il n’est pas possible de limiter le procès de toute une guerre, de ce drame qui a déchiré le pays pendant tant d’années, en s’en tenant à quelques cas isolés. On ajoute qu’il faudrait dès lors ouvrir tous les dossiers ; ce qui équivaudrait en pratique à replonger le Liban dans la guerre, dans ses haines, ses psychoses et sa mentalité particulière. Sur le plan juridique – dans la mesure très réduite où on peut limiter cette affaire aux implications politiques évidentes à un tel créneau –, on note que les avis sont partagés. Nombre de spécialistes soulignent que les crimes, au sens juridique du terme, imputés à M. Pakradouni sont couverts en même temps par la loi d’amnistie et par les délais de prescription. Ils ajoutent que de toute évidence, l’intention des législateurs qui ont élaboré la loi d’amnistie était de gommer de tels actes, dans la foulée du reste d’actions bien pires, bien plus sanguinaires ou atroces qui ont été commises durant la guerre et que l’on a voulu oublier sur le plan légal. Autrement dit, qui peut le plus peut le moins : si l’amnistie bénéficie aux crimes de sang, elle protège également aux présumées fautes politiques ou autres, même infamantes, commises sans effusion de sang. Mais d’autres juristes pensent que l’intelligence avec l’ennemi extérieur n’est pas un des crimes que l’on peut mettre sur le compte de la guerre intérieure et que dès lors, elle n’est pas couverte par la loi d’amnistie. Toujours est-il qu’en ce qui concerne le cas précis de M. Pakradouni, on s’étonne généralement du timing choisi pour s’attaquer à cet homme politique. Certains, qui ne sont pas de ses amis, estiment qu’on le charge à cause de sa défense très serrée, et souvent embarrassante pour certaines parties, de M. Samir Geagea dont il fut un temps le bras droit aux Forces libanaises. Et aussi pour avoir tenté de briguer, aux récentes élections, la présidence des Kataëb. Ou plus exactement pour ne pas avoir contredit avec assez de force les rumeurs concernant les pressions qui auraient été exercées dans le cadre de cette compétition, dont il a fini comme on sait par se retirer… Ces sources soulignent enfin que M. Pakradouni dérange parce que sans doute il est l’un des rares professionnels de la politique locale à pouvoir établir un plan d’action à long terme. Dans le cadre notamment d’un parti des Phalanges qui ne serait pas tout à fait passif. Quoi qu’il en soit, des loyalistes indiquent pour leur part qu’il n’est pas question de lancer une campagne de vindicte politique «archéologique» et que l’on ne va pas rouvrir les vieux dossiers de la guerre, affirmant avec beaucoup de sérieux que le parquet a agi motu proprio, en fonction de ce qu’il considère être son devoir.
Les mesures prises récemment contre certains symboles pour des faits couverts par la prescription ou par la loi d’amnistie montrent que l’on veut à tout prix raviver les anciennes blessures et remuer le couteau dans la plaie. C’est du moins l’avis de la plupart des cercles politiques et même d’une majorité de loyalistes. Ces pôles soulignent en chœur qu’il est...