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Actualités - REPORTAGES

Société - Acsauvel a réussi à faire aboutir plusieurs projets Empêcher la marginalisation de l'enfant handicapé (photos)

«La plus grande maladie n’est pas la lèpre, mais le sentiment de n'être pas accepté». Cette phrase de Mère Térésa a fait le tour du monde, en 1981, à l’occasion de l’année internationale pour les handicapés. Si ces derniers se sentent rejetés, il n’est pas étonnant de les entendre dire : «Nous n’aimons pas qu’un valide s’occupe de nous». Pour enpêcher leur marginalisation, des association humanitaires sont intervenues sur le terrain, dans des circonstances souvent difficiles. – Acsauvel 1979-1999 : 20 déjà. Cette association civile pour la sauvegarde de l’enfance au liban, reconnue d’utilité publique par l’État libanais en vertu du décret n°127/AD en date du 19/10/79, a pour «but premier, déclare Mme Yvonne Gemayel, présidente de l’Acsauvel, le service de l’enfant, tout l’enfant, plus particulièrement l’enfant retardé mental, sans aucune discrimination raciale, politique ou religieuse». L’association compte «65 enfants handicapés mentaux moyens et légers, donc récupérables, auxquels nous donnons une éducation spécialisée jusqu’à l’âge de 15 ans», fait remarquer, Mme Gemayel, et, «à ce stade, ils passent dans les ateliers protégés pour leur formation professionnelle : poterie, vannerie, cuisine, couture et sport deviennent leurs principales activités… Ce siège central connu sous le nom de la Cité de l’enfant, a pu être construit et équipé pendant la guerre, sous les bombes, grâce à la compréhension et à la générosité de plusieurs organismes internationaux tels : World Vision International, Misereor, la Mission pontificale et des ambassades de France, d’Angleterre, d’Allemagne et du Canada…». Pourquoi cette Cité de l’enfant ? Avec la pose de la première pierre en 1986, dans le site de Deir Tamiche, les fondateurs ont voulu couronner sept années de dévouement au service de l’enfance libanaise , pour que cette Cité devienne une «miniature de la grande cité» appelée à éduquer «l’enfant citoyen». Il apprendra ainsi à exerçer ses droits et la «Cité» lui garantira, à son tour, «tous ses droits» De multiples projets qui consacrent la vie… Depuis des années, Acsauvel a réussi à faire aboutir plusieurs projets : –Caris ( Centre de rééducation et d’intégration sociale pour enfants retardés et inadaptés ) en collaboration avec l’Office de développement social, aujourd’hui rattaché au ministère des Affaires sociales. 35 enfants ont été «initiés à une autonomie personnelle, sociale et scolaire, dans la vie quotidienne… – Le Centre d’aide par le travail ou ateliers protégés, en collaboration avec l’Office national de l’emploi : formation technique et artisanale, à partir de 15 ans, en vue d’une autonomie productive… – La Voix de l’enfant en détresse : réponse aux besoins urgents et assistance immédiate, en collaboration avec Terre des hommes et l’ambassade de France… – Le Centre de dépistage et d’orientation: consultation en vue de détecter des problèmes au niveau de l’enfant et de la famille pour retrouver l’équilibre indispensable»… – Le Département d’éducation civique qui prend la forme de communautés civiles englobant des parents, des enfants, des éducateurs, des responsables religieux et politiques : près de 1 500 personnes pour 40 communautés… Rappelons que la première présidente-fondatrice d’Acsauvel fut la rév. sœur Rose-Madeleine Saïkali qui, pendant de longues années, a travaillé au service de l’enfance. Dans le cadre de cet entretien, nous avons rencontré des membres du comité dont la vice-présidente, Mme Nabila Farès, la secrétaire générale et psychologue, Mme Maya Abillama, la directrice et psycho-pédagogue, Mme Marie Fahd et la psychologue Mlle Elissar Safi. L’intimité de l’enfant… Les handicapés qui arrivent au centre de Tamiche (Dick el-Mehdi) de 8h à 14h30 sont des externes. Certains enfants ont 6 ans, d’autres 15. On rencontre également des adultes qui restent jusqu’à l’âge de 30 ans. Comme partout ailleurs, la semaine scolarisable est de 5 jours. Les week-ends se passent en famille. «Il faut qu’ils retournent chez eux, nous dit Mme Marie Fahd, directrice du centre, pour être proches de leurs familles, donc de la collectivité…». Ce sont des personnes dont les «capacités intellectuelles, sociales et professionnelles peuvent être développées, à travers différentes activités. Ces personnes sont capables de se débrouiller toutes seules. Si le retard est mental, elles peuvent acquérir une autonomie» Quid de la durée de l’apprentissage ? «Elle est indéfinie et peut durer d’une à plusieurs années, en fonction de la problématique, des traumatismes, de l’environnement familial et, bien sûr, il est difficile de faire face à tous les problèmes à la fois. Tout doit être focalisé pour metre en évidence le côté positif de leur personnalité». Les troubles qui accompagnent le retard mental se situent à trois niveaux, explique Mme Fahd, ceux du «développement psychomoteur» tels que les «retards des premiers pas, la marche, la coordination motrice surtout au niveau des gestes de la main quand il s’agit d’écrire ou de manger, la latéralisation…», les troubles au niveau de la «propreté», de la «parole» et de la «prononciation» quand on constate un «langage non élaboré», un «bégaiement», la difficulté de «prononcer» certaines lettres comme la lettre R par exemple et finalement, au niveau de la vue, la myopie ou le strabisme surtout, chez les trisomiques. Quant au plan intellectuel, les troubles sont ceux de la «concentration», de la «mémoire», de l’«assimilation» et, surtout, de l’«incapacité de comprendre la pensée abstraite ou symbolique». Au niveau psychologique, l’enfant traumatisé par l’échec peut «perdre confiance en lui-même, se replier et devenir timide, inhibé, peureux… il peut s’entêter ou s’opposer pour se défendre». Certains cas, peu fréquents, présentent des tendances psychopathiques parmi lesquelles : la constitution paranoïaque où domine la méfiance et l’orgueil sur le plan de la personnalité ; la constitution cyclothymique avec ses dispositions à la dépression et l’excitation ; la constitution schizoïde, hystérique, épileptoïde. Ces tendances peuvent s’ajouter à la débilité intellectuelle et émotive, compliquer le tableau clinique et donner naissance à une grande variété d’anomalies caractérielles. Une action diversifiée Pour mettre en évidence le côté positif de leur personnalité, il faut : – faire accepter par les parents l’état de l’enfant – rétablir la confiance en soi – résoudre les relations dans la cellule familiale – discerner les problèmes inhérents à chaque enfant dans une même famille – respecter la volonté de la famille soucieuse de son «intimité» – dissocier la relation de la fratrie en fonction de l’âge et de l’occupation des membres. Les choses ne sont pas faciles. Elles se compliquent dès lors que le jeune handicapé se retrouve en dehors du centre. Sa réintégration n’est parfois pas facile parce que la structure de la société n’est pas suffisamment prête pour accueillir ces jeunes qui affrontent des milieux dits «normaux». L’enfant peut se retrouver face à un monde hostile incapable de le comprendre. Quant à l’État ? Son action semble timide, aussi bien dans le domaine de la création d’ateliers protégés , à l’extérieur , que pour ce qui est du financement. Plusieurs personnes spécialisées travaillent dans le centre de tamiche. Le budget pour l’année 97-98 a été estimé à 125 360 US$ et l’aide octroyée équivaut à 65 574 US $.Les frais annuels pour un enfant s’élèvent à 2 000 US$ environ et l’aide apportée serait de 600 US$. Des organismes ou des personnes parrainent des enfants et des ambassades apportent une contribution technique. Des activités socioculturelles et artistiques permettent, en outre, de renflouer en partie la caisse du centre… Psychiatrie et handicap… «Le schéma global ne définit pas tous les handicapés de la même manière, souligne le Dr. Adel Akl, psychiatre et psychanaliste, et «la définition de l’intelligence est difficile à cerner. En fait, l’enfant a du mal à suivre le cheminement de l’éducation et du développement habituel propres à la nature humaine». Comment procède-t-on et que devient le rôle de la psychiatrie ? «L’approche, précise le Dr Akl, se fait par le diagnostic qui permet, d’une part, d’évaluer les capacités de la personne et, d’autre part, de lui donner les moyens de comprendre et de pouvoir améliorer ses performances afin qu’elle puisse se gérer». Les thérapies sont individuelles ou à travers des centres spécialisés. Le quotient intellectuel permet d’apprécier et de classer chaque catégorie de difficultés. Ce quotient varie de 30 à 80, du «léger» au «profond». Une classification sur le plan théorique permet de considérer les cas «rééducables» et ceux qui le sont moins. Il faut donc trouver les moyens pour cette réadaptation. Le retard est décelable à la période scolaire et les enfants «suggestibles», «crédules» dépendent du milieu et sont assez «passifs». Certains en souffrent surtout quand ils ne peuvent pas suivre le cours normal suivi par d’autres enfants à l’école ou dans la fratrie. Complétant son explication, notre interlocuteur aborde l’étiologie en précisant que «dans la majorité des cas, les insuffisances – 50 à 60 % – n’ont pas une origine précise». On parle d’aberrations «chromosomiques» et de problèmes «métaboliques» dans des limites incomplètes et de difficultés tant physiques que psychiques. D’autres problèmes peuvent surgir entraînant un retard tels les troubles affectifs, l’anxiété, la phobie, l’autisme, la dépression, la psychose… d’où la difficulté d’acquisition et d’adaptation. Les experts sont appelés à «expliquer certains problèmes vécus par les parents» et à «aider l’enfant à poursuivre sa maturité et son développement». Le travail se fait en équipe et l’institution a un rôle primordial à jouer, à travers des programmes d’éducation spécialisés. C’est une réponse à chaque «déficit», à chaque «catégorie» et, selon le retard «vécu». «L’État essaie de faire quelque chose. Les centres spécialisés travaillent mais le répertoriage reste difficile à établir, conclut le Dr Akl. Encore faut-il que les moyens soient assurés afin de donner à l’enfant la possibilité de retrouver son autonomie, de récupérer une grande part de ses ressources et de contribuer à la construction sociale». À nous de l’aider «pour une plus grande harmonie et un plus grand équilibre social».
«La plus grande maladie n’est pas la lèpre, mais le sentiment de n'être pas accepté». Cette phrase de Mère Térésa a fait le tour du monde, en 1981, à l’occasion de l’année internationale pour les handicapés. Si ces derniers se sentent rejetés, il n’est pas étonnant de les entendre dire : «Nous n’aimons pas qu’un valide s’occupe de nous». Pour enpêcher leur...