Rechercher
Rechercher

Actualités - REPORTAGES

Santé - Plus de cent mille femmes sont atteintes par cette maladie au Liban L'ostéoporose peut, désormais, être dépistée(photo)

Dans le but de sensibiliser la société libanaise au problème de l’ostéoporose et de soutenir les personnes atteintes de ce mal, une marche s’inscrivant dans le cadre d’une campagne de mobilisation a regroupé hier un millier de personnes à la place des Martyrs. C’est à l’initiative de la Lops, Société libanaise pour la prévention de l’ostéoporose, que cette marche a eu lieu au cœur de la capitale. L’objectif recherché était de collecter des fonds et de mobiliser l’opinion pour lutter contre cette maladie. Jeunes, adultes et handicapés ont tous manifesté leurs soucis de faire reculer cette maladie qui s’étend rapidement et qui touche plus de 50 % des femmes de par le monde. La marche d’hier a été marquée par une présence ministérielle symbolique. En tenue décontractée, les ministres de l’Éducation et de l’Information, respectivement MM. Mohammed Youssef Beydoun et Anouar el-Khalil, ont évoqué, dans leur discours de circonstance, leur soutien à la campagne de mobilisation lancée par les organisateurs de la marche. Le coup d’envoi a été donné à 10h30. Les marcheurs ont parcouru cinq kilomètres entre la Place des Martyrs et Aïn Mreissé (aller-retour) après avoir assisté à des danses folkloriques et un spectacle de gymnastique et d’arts martiaux. Étaient présents parmi la foule, les sportifs Élie Méchantaf et Walid Doumiaty, accompagnés de l’ancienne Miss Liban Dina Azar. L’ostéoporose, maladie de l’os fragile Pourquoi cette mobilisation au sujet de l’ostéoporose (maladie qui atteint et fragilise les os). De nos jours, après s’être attaqués aux problèmes des rides chez les femmes et cardiovasculaires de leurs conjoints, et vu le nombre croissant de fractures, particulièrement, celles du col du fémur chez les femmes âgées de plus de 45 ans, et les coûts élevés d’hospitalisation, les médecins ont pris conscience de la gravité d’ostéoporose. Les os, principaux leviers du corps, ne sont pas épargnés par la fatalité du vieillissement. Malgré leur rigidité, ils subissent avec l’âge une diminution normale de la fabrication du tissu osseux. Ce dernier englobe une trame protéique (à l’aspect spongieux) qui retient le calcium et le phosphore, fournis quotidiennement par l’alimentation et responsables de la cristallisation et de la solidité de l’os. Néanmoins, l’assimilation de ces besoins phosphoriques par l’organisme atteint son pic entre 25 et 30 ans chez l’homme et avant 20 ans chez la femme. Après ce stade, elle commence à régresser progressivement, et devient presque inexistante après la ménopause cinquantenaire chez la femme et l’andropause plus tardive chez l’homme. Ce défaut d’apport phosphocalcique entraîne une déminéralisation des os et une fragilité du squelette qui devient plus exposé aux traumatismes et fractures. Le coût économique et social de l’ostéoporose Environ 30 % des Nord-Américaines et des Européennes sont atteintes d’ostéoporose. En outre, 18 % d’entre elles risquent d’avoir une fracture du col du fémur, tandis qu’en France, ce nombre varie entre 4 500 et 55 000 cas par an. Cette affection, qui nécessite une intervention chirurgicale, s’accompagne souvent de soins d’hospitalisation et de reéducation longs et coûteux. La facture est lourde : les Français l’évaluent à plus de 5 milliards de femmes par an tandis qu’aux États-Unis, le coût s’élève à 10 milliards de dollars par an. Pour les autres fractures dues à l’ostéoporose, des évaluations françaises montrent que les atteintes du poignet concernent au moins 3 500 femmes par an et coûtent plus de 200 millions de francs. côté tassements vertébraux, une déficience est diagnostiquée chez 50 000 femmes. Les données américaines, quant à elles, avancent un chiffre beaucoup plus élevé, de l’ordre de 170 000 tassements par an. Leur coût est évalué de 1 à 2 milliards de francs. Il faudrait ajouter à ces chiffres le coût des consultations traditionnelles en rapport avec l’ostéoporose et les frais de médicaments. Ces chiffres alarmants, même s’ils ne concernent pas le Liban, doivent nous sensibiliser à l’ampleur de la maladie et à la gravité de ses conséquences. L’état de la maladie au Liban Un étude de dépistage réalisée par le ministère des Affaires sociales en collaboration avec l’OMS (Organisation mondiale de la santé) a fixé le nombre de femmes ostéoporotiques, ayant dépassé l’âge de 50 ans, à 128 000 au Liban. Toutefois, ce nombre risque de s’élever vu le taux d’accroissement de la population et l’augmentation de l’espérance de vie féminine (aujourd’hui proche de 80 ans). En parallèle, le montant de la facture est appelé à augmenter. On note que le coût d’hospitalisation d’une fracture du col du fémur, qui atteint une femme malade sur sept, est de 8 700 dollars. Dans une interview à L’Orient-Le Jour, le Dr Charles Saab, endocrinologue, a donné des précisions à ce sujet : «Il y a quelques années le diagnostic de l’ostéoporose était tardif et brutal : c’est au moment même de la fracture que l’on s’apercevait de l’existence de la maladie. Aujourd’hui, il existe un moyen fiable de faire le point, avant qu’il ne soit trop tard. En effet, poursuit-il, l’ostéodensitométrie nous permet de mesurer la masse minérale osseuse qui, en cas de diminution, indique l’existence d’un risque de fracture. Cette technique nous permet donc de dépister une prédisposition de la patiente à la maladie et lui prescrire ensuite le traitement qui lui convient». «Les soins administrés sont personnalisés en ce sens que les médecins doivent interpréter les chiffres donnés par la machine en tenant compte des particularités physiques et anatomiques de la patiente, de sa corpulence, de sa masse musculaire et surtout de son âge», a souligné le Dr Charles Saab. Selon le spécialiste, mieux vaut effectuer une densitométrie sur plus d’un site à risque : «Parfois, le praticien dépiste une déficience osseuse au niveau du poignet sans tomber nécessairement sur une carence au niveau de la colonne vertébrale et du col du fémur». Je recommande que les trois sites soient diagnostiqués, sinon, on pourra se contenter de deux sites on d’un seul site en surveillance, pour pouvoir mesurer la vitesse de croissance de la maladie. À la question de savoir si toutes les femmes doivent, entre l’âge de 21 et 35 ans, subir des examens préventifs de densité osseuse, le Dr Charles Saab a conseillé le dépistage précoce de l’ostéoporose chez les femmes, les hommes et les enfants à risque. «La première étude mondiale réalisée au Liban a montré que tous les enfants thalassémiques sont ostéoporotiques», souligne le Dr Saab. «Cela s’explique par le déficit hormonal dont ils sont atteints. En plus, d’autres facteurs de risques prédisposent à la maladie : une carence œstrogénique, une ménopause précoce, des apports nutritionnels insuffisants en protéines et en calcium, les traitements à longue durée (plus de 6 mois) par les corticoïdes, ou les hormones tyroïdiennes, l’absence d’exercice physique, l’abus des boissons alcoolisées, le tabagisme, et enfin l’héritage», a-t-il conclu. Précis et fiable, le diagnostic de la fragilité osseuse par densitométrie gagne évidemment à être précoce. Malheureusement, cet examen, qui coûte (les trois sites inclus) 150 dollars, n’est actuellement remboursé par la sécurité sociale qu’à 85 % des cas tandis que le ministère de la Santé rembourse la densitométrie dans le cas d’une patiente hospitalisée et ne bénéficiant pas d’une assurance. Du côté des médicaments, une tournée pharmaceutique nous a révélé le coût des traitements préventifs et curatifs. Ainsi, les suppléments de calcium + vitamine D (décalcite, caltrate) coûtent environ 12 000 LL la boîte. L’hormonothérapie préventive (prémarine, cycloprogenova) coûte en moyenne 7 000 LL la boîte. Quant au raloxifène (Evista) prescrit dans le cas d’ostéoporose avancée, ses frais s’élèvent à 122 000 LL la boîte. Et si on prend en considération le montant du salaire minimum au Liban, qui varie aux alentours des 300 000 LL, on réalise la gravité de la maladie d’ostéoporose qui exige un traitement à long terme. Alors, mieux vaut prévenir que guérir. Plus on s’y prend tôt, plus on met de chances de son côté. La première mesure à prendre, et la plus efficace, consiste à acquérir pendant l’adolescence le maximum possible de masse osseuse, en particulier grâce à une alimentation riche en calcium et à une pratique régulière de l’exercice physique.
Dans le but de sensibiliser la société libanaise au problème de l’ostéoporose et de soutenir les personnes atteintes de ce mal, une marche s’inscrivant dans le cadre d’une campagne de mobilisation a regroupé hier un millier de personnes à la place des Martyrs. C’est à l’initiative de la Lops, Société libanaise pour la prévention de l’ostéoporose, que cette marche a eu lieu...