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Actualités - OPINION

Opinion L'urb-utopiste

Superbe ! s’exclama le jeune Issam à la vue des vastes espaces du centre-ville. Son enthousiasme était sans partage. Il s’est dit que tout était encore possible dans un site qui ressemblait à s’y méprendre à un parking d’aéroport. Surtout qu’une infrastructure digne du troisième millénaire dormait, complètement achevée, sous les boulevards. Aussitôt, dans sa tête, le sujet de son projet de diplôme se confirma : ce sera «la construction du centre de Beyrouth». Dans une bouffée de nationalisme il décida de le présenter ici-même, dans l’université de son pays, renonçant ainsi au prestigieux titre qu’il était sur le point de décrocher là-bas, dans celle de l’étranger, où jusqu’à ce jour il poursuivait ses études d’urbanisme. Pour Issam, sa thèse s’appuiera sur des principes que l’on ne remet plus en question aujourd’hui. Il faudra, disait-il, faire revenir tout le monde au centre et abattre les barrières de l’exclusion que des promoteurs ont érigées pour défendre leur lotissement de luxe. La circulation des piétons aura la priorité sur celle des voitures. Une centralité administrative, commerciale et des loisirs devra être reconstituée. Les masses bâties seront à l’échelle humaine. Le remblai en mer sera converti en parc public à l’usage de toute la ville comme le souhaitent les promeneurs toujours plus nombreux de la corniche. Persuadé de la justesse de ses vues Issam illustra son projet de souks ombragés, d’hôtels, de restaurants, de cafés et de magasins de dimensions modestes, de cinémas et de théâtres populaires. Pour encourager la convivialité et stimuler les échanges les bâtiments y figurent comme étalés en rez-de-chaussée ne comportant que peu d’étages évitant ainsi une froide manhattanisation de ce quartier. Gonflé à bloc, Issam se lanca dans une coûteuse présentation sur ordinateur de son projet, comme le veut la mode. Cependant, il avait des appréhensions. Il savait pertinemment que les membres de jury dans son pays, n’étaient que des girouettes qui tournaient avec le vent de la politique. De rumeurs circulaient sur le retour possible de l’autre rêveur du centre-ville, bien plus puissant celui-là. Le pauvre Issam n’en dormait plus.
Superbe ! s’exclama le jeune Issam à la vue des vastes espaces du centre-ville. Son enthousiasme était sans partage. Il s’est dit que tout était encore possible dans un site qui ressemblait à s’y méprendre à un parking d’aéroport. Surtout qu’une infrastructure digne du troisième millénaire dormait, complètement achevée, sous les boulevards. Aussitôt, dans sa tête, le sujet...