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Actualités - CHRONOLOGIE

Pour le retour à une démocratie libanaise

Après vingt années qui nous ont fait oublier notre «démocratie à la libanaise», nous devons, sans excuse aucune, doter le Liban d’une loi électorale qui puisse assurer : 1- Que seuls les candidats ayant disposé directement d’un appui populaire puissent s’asseoir dans l’hémicycle pour exprimer librement leur opinion. 2- Que les candidats ne puissent ni «acheter» leur siège ni «quémander», des appuis qui leur permettraient d’être inclus dans une liste «gagnante». 3- Que les alliances, souvent forcées, ne découragent pas les électeurs en les poussant a l’abstention. 4- Que dans les circonscriptions mixtes, l’une quelconque des communautés ne puisse imposer aux autres des candidats qui leur seraient indésirables. 5- Que la loi électorale sera celle de l’égalité entre les citoyens, non pas en adoptant pour tous le même système de circonscription (caza, mohafazat ou panaché), mais en donnant à tous le droit de voter pour le même nombre de candidats, indépendamment du système de la circonscription choisie. Ainsi, en donnant par exemple à l’électeur le droit de choisir un seul candidat dans sa circonscription, fut-elle caza, mohafazat, ou même, circonscription unique, l’égalité entre citoyens serait mieux assurée. Il n’est pas concevable en effet qu’un électeur puisse désigner trente députés alors que dans une autre circonscription, il ne lui soit possible de choisir que cinq parlementaires par exemple et peser ainsi six fois moins que son concitoyen dans la vie politique du pays. Le Royaume-Uni a adopté depuis bien longtemps un scrutin uninominal qui réserve un seul siège par circonscription, autrement dit un seul vote par électeur. Cette formule s’est avérée être la mieux appropriée pour une démocratie parlementaire. Au Liban, la représentation confessionnelle ne permet pas une telle formule et notre scrutin de liste, dans un pays sans partis organisés, prête à tous les abus. Ainsi, des personnalités sans but commun et programme défini peuvent se liguer provisoirement dans une liste incolore. La loi électorale que nous préconisons inverse, en quelque sorte le scrutin uninominal en accordant un seul vote à chaque électeur. Eventuellement, on pourrait donner plus d’un vote par électeur mais en maintenant le même nombre pour chacun. Cette loi résoudrait la plus grande partie des problèmes que nous connaissons. – Plus d’achat de votes. – Plus de chefs de file monnayant des sièges de députés. – Plus de crainte de voir la prédominance d’une communauté sur une autre (dans un Liban que nous avons voulu strictement égalitaire et pluraliste). – Plus de risques de pressions exercées sur un député. – Plus de risques pour qu’un candidat, jouissant d’un appui populaire, soit évincé du Parlement par le jeu de la formation des listes. – Plus de problèmes de vérification laborieuse des résultats qui prêtent souvent à contestation puisque l’opération sera simplifiée du fait que chaque électeur déposera son bulletin avec un seul nom. – Une chance nouvelle pour que les jeunes générations actives et méritantes soient enfin représentées (alors que le scrutin de liste ne leur donne aucune chance). Cela s’applique aussi bien à la représentation de la femme libanaise au Parlement. – Plus de querelles possibles sur le découpage électoral qui pourrait être tout aussi bien sur la base du caza, du mohafazat ou même du Liban tout entier considéré comme une seule circonscription. Enfin un tel projet permettrait de résoudre deux grands problèmes matériels et moraux : 1- Au Liban : faciliter les opérations de vote par l’installation d’un système informatique qui permettra à chaque électeur de voter sans avoir à se déplacer et à encourir des frais qui souvent le mettent à la merci du «transporteur». 2- À l’étranger : le vote dans les ambassades. Le monde entier, y compris la Syrie, a adopté cette formule. On demande constamment la contribution de nos émigrés dans tous les domaines alors qu’on leur refuse les droits les plus légitimes accordés à la légère à des Libanais de fraîche date. Il n’est pas concevable de priver l’émigré de son droit de vote à moins qu’il ne supporte des dépenses de déplacement prohibitives. Il n’est pas non plus concevable que cette facilité ne soit pas accordée de crainte de voir se renforcer l’électorat chrétien. Le système que nous préconisons ne favorisera aucune communauté puisque l’électeur ne disposera que d’un seul vote, qui ira probablement aux candidats de sa propre communauté. Dans la pratique, le système est le plus simple à appliquer : 1- On décide d’un découpage du Liban en région, circonscription, etc. avec le nombre de candidats représentant chaque communauté. Ce découpage pourrait aller indifféremment du petit caza au Liban tout entier, liste unique. 2- Les candidats se présenteront sur la base de ce découpage régional ou national et de leur appartenance confessionnelle. 3- Seraient élus : – Dans un Liban circonscription unique : les premiers 36 maronites, les 28 sunnites et les 27 chiites etc. – Dans le cas de plus petites circonscriptions : ceux qui auraient obtenu le plus grand nombre de voix mais en fonction du nombre réservé à leur communauté dans leur région électorale. Conclusion Nous avons opéré de nombreuses simulations sur cette proposition et les résultats confirment, avec éventuellement quelques variantes, les idées que nous soumettrons volontiers aux intéressés : 1- cette loi électorale pourrait assurer la meilleure représentation à la lumière des cinq points soulevés en début d’article. 2- formation de partis politiques et groupes parlementaires tant dans le cas de nombreuses petites circonscriptions que dans celui du Liban circonscription unique. 3- Les partis, les mouvements de pensée et les ténors de la politique libanaise (une douzaine environ) pourront maintenir, sinon renforcer, leur position en fonction du soutien populaire authentique dont ils disposeraient. Par ailleurs, les craintes d’une surenchère confessionnelle des candidats en quête d’une popularité facile seraient contrecarrées tant par leurs concurrents modérés que par le fait que les électeurs d’une communauté pourraient voter pour un candidat d’une autre communauté. 4- Il serait plus avantageux de gagner les votes des autres communautés par la modération. Une bonne loi électorale est indispensable à la transformation profonde du pays et à son retour à la démocratie sans laquelle il ne survivrait pas.
Après vingt années qui nous ont fait oublier notre «démocratie à la libanaise», nous devons, sans excuse aucune, doter le Liban d’une loi électorale qui puisse assurer : 1- Que seuls les candidats ayant disposé directement d’un appui populaire puissent s’asseoir dans l’hémicycle pour exprimer librement leur opinion. 2- Que les candidats ne puissent ni «acheter» leur siège ni...