Séminaire - Les ONG à l'ère de la communication Le secteur privé invité à collaborer avec la société civile (photo)

Comment les médias et les ONG peuvent-ils collaborer ensemble afin de mieux transmettre leurs messages respectifs et opérer des changements qualitatifs dans notre société ? Comment chacun de son côté peut-il contribuer au développement du civisme, dans toute l’acception du terme, et participer à l’édification d’une société saine et tolérante ? Une réflexion de fond qui a été entamée depuis plusieurs jours dans le cadre de la deuxième session de conférences sur le thème “ONG et moyens de communication”. Un événement initié par l’Institut d’études sur la femme au Proche-Orient (LAU) en collaboration avec l’ambassade des États-Unis à Beyrouth. À une époque où la communication est devenue un élément incontournable, et devant les besoins pressants qu’éprouvent de plus en plus les institutions publiques et associations non gouvernementales de mieux communiquer pour mobiliser les moyens d’action et sensibiliser l’opinion publique, les ONG libanaises ne vont pas tarder à se mettre au rythme du siècle. La réponse est venue d’une institution académique, la LAU, qui avec l’aide de la section des affaires publiques de l’ambassade américaine, a décidé de réunir plusieurs associations caritatives et civiques opérant sur le terrain afin de les former à mieux gérer leurs relations avec les médias. Outre les techniques et outils de communication auxquels ces organisations se sont familiarisées durant les journées du séminaire, (comment préparer un dossier de presse, comment rédiger un communiqué, comment aborder les médias etc…), cette rencontre a également été l’occasion de traiter des techniques de collecte de fonds – un sujet quasi vital pour les ONG – et des possibilités de collaboration entre le secteur privé et les organisations en place. Invité à venir parler de leur expérience et expertise en la matière, et en sa qualité de bailleur de fonds potentiel, le président de la fondation Indevco, M. Robert Macgregor, a développé la politique de son institution en matière de mécénat et de subventions allouées au secteur civil, un engagement pris depuis longtemps dans la mission d’entreprise du groupe Indevco. «Outre notre action pour promouvoir une société pluraliste et démocratique, et notre campagne continue pour l’environnement, une des priorités de la fondation est, actuellement, de créer des emplois», nous explique M. Macgregor. Également parmi les dernières réalisations de ce groupe, la création d’un centre académique pour l’éducation civique à la LAU (Jbeil), actuellement en cours d’exécution. Ce centre vise à sensibiliser les étudiants à la notion de civisme et aux concepts d’éthique dans les affaires, a précisé le président de la fondation. Une autre illustration d’une collaboration réussie entre le secteur privé et public a été donnée par M. Habib Abou Fadel, directeur général de la Allied Business Bank. Réputé pour ses initiatives généreuses en matière de mécénat, M. Abou Fadel a soulevé l’épineuse question de la «politisation» des ONG dont certaines ont perpétué, après la guerre, le schéma confessionnel. Alors que plusieurs ONG sont caractérisées par une crédibilité solide, «d’autres ne sont là que pour des intérêts et des considérations personnelles», a relevé M. Abou Fadel, qui a par ailleurs préconisé la mise sur pied «d’un conseil national unifié» représentant les ONG qui œuvrerait selon «les principes d’efficacité et de discrétion», motivé par un sentiment national et non communautaire, dira-t-il. Quoi qu’il en soit, et bien que la coopération entre le monde des affaires et la société civile reste, jusque-là, bien timide au Liban, il est indéniable que de telles rencontres servent à rétablir les ponts et à rapprocher les points de vue. «Cette rencontre ne s’arrêtera pas là», a promis Mme Mona Khalaf, directrice de l’Institut d’études pour la femme au Proche Orient, qui a reçu, de la part des intervenants, de solides promesses de coopération.