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Actualités - ANALYSE

Des voeux pour une nouvelle force-tampon multinationale

Selon un diplomate local, «si les États-Unis voulaient vraiment voir Israël se retirer du Sud en application de cette 425 dont ils sont les auteurs, ils n’auraient qu’à provoquer une réunion du Conseil de sécurité pour mettre au point les mécanismes d’un tel retrait». En pratique, cela consisterait, selon cette personnalité qui exprime peut-être là un souhait des autorités libanaises, «à former une force multinationale qui se déploierait le long de la frontière libano-israélienne ainsi que dans les régions évacuées par l’occupant». Comme on voit, un scénario qui permettrait, une nouvelle fois après Jezzine, d’éviter d’impliquer sur le terrain les troupes régulières libanaises, pour prévenir le risque de heurts avec les intégristes. Mais alors pourquoi ne pas recourir à la Finul qui est déjà là ? «Parce que, répond cette source, les Casques bleus ont une mission et un organigramme qui limitent leurs capacités». Une façon à peine voilée d’indiquer qu’on souhaite une force plus musclée, comprenant des contingents provenant de pays qui peuvent, le cas échéant, contrer les turbulences des extrémistes locaux tentés de poursuivre la guérilla jusqu’à la libération du Golan, voire de Jérusalem comme l’ordonnait de son vivant l’ayatollah Khomeyni. Le diplomate cité souligne ensuite que «le Conseil de sécurité est pleinement en droit, pour accélérer le retrait israélien, d’ordonner l’application de mesures déterminées, dans le cadre de la 426 qui détaille les moyens à mettre en œuvre pour la concrétisation de la 425. Afin qu’il n’y ait ni malentendu ni litige à propos de ces dispositions, qu’Israël envisage pour sa part comme un dispositif permanent, le Conseil de sécurité préciserait qu’après le retrait, les relations entre les deux pays resteraient régies par la convention d’armistice de 1949 jusqu’à la conclusion éventuelle d’un traité de paix. Étant bien entendu que les mécanismes tangibles de cette convention vieille de cinquante ans peuvent être actualisés par les professionnels, sous supervision de l’Onu et du comité de surveillance né des accords d’avril 1996». Oubliant que le jumelage est voulu par Beyrouth, cette personnalité relève ensuite avec une pointe de regret que «les États-Unis ne semblent pas disposés à traiter la question du Sud indépendamment de celle du Golan. À leur avis, la paix globale ainsi que la sécurité frontalière israélienne ne peuvent se réaliser sans un accord avec la Syrie». C’est là l’évidence même. Le diplomate libanais en déduit cependant que «les menaces de Barak au sujet d’un retrait “unilatéral” du Sud ne sont qu’une forme de pression sur la Syrie pour qu’elle accepte de reprendre les pourparlers sans préalable. Le retrait “unilatéral” signifierait en effet, dans les faits, que le sort du Sud n’est plus lié à celui du Golan, que le jumelage ne tient plus et que la Syrie ne peut plus s’en servir comme carte de négociation. Autrement dit, par ses menaces, Barak tente de dire aux Syriens que s’ils continuent à parler de l’engagement pris par Rabin d’un retour aux frontières du 4 juin 1967, ils risquent de ne plus rien récupérer du Golan». Mais selon ce diplomate, «la partie de Barak n’est pas gagnée d’avance, tant s’en faut. En effet, les Américains ne sont pas du tout d’accord pour un retrait “unilatéral” du Sud qui voudrait dire que le processus est de nouveau interrompu, voire rompu. Ils veulent ménager la Syrie, sans laquelle rien ne peut se faire. Et ils tiennent beaucoup à marquer rapidement des points pour les exploiter en matière de campagne électorale, au profit du candidat démocrate à la succession de Clinton. De plus, Washington sait, comme toutes les parties concernées, qu’un retrait “unilatéral” du Sud peut mettre le feu aux poudres dans la région. En effet, la sécurité frontalière d’Israël, faute d’un engagement de la Syrie, serait loin d’être garantie. Il y aurait des attaques violentes contre la Galilée, au nom de la libération… du Golan, et les ripostes israéliennes pourraient tourner à la guerre ouverte. Une perspective que les USA ne peuvent en aucun cas permettre, car leurs intérêts vitaux dans la région s’en trouveraient menacés». Localement aussi, tout en refusant les mesures de sécurité que réclame Israël, on appréhende un retrait «unilatéral». Car la poursuite des opérations contre la Galilée, et l’éventuelle traque sanglante des lahdistes au Sud, provoqueraient des césures sur le plan intérieur. Sans compter que des représailles israéliennes dirigées contre l’infrastructure libanaise seraient insupportables économiquement pour ce pays. On souhaite donc à Beyrouth un retrait arrangé. Avec la bénédiction de la Syrie.
Selon un diplomate local, «si les États-Unis voulaient vraiment voir Israël se retirer du Sud en application de cette 425 dont ils sont les auteurs, ils n’auraient qu’à provoquer une réunion du Conseil de sécurité pour mettre au point les mécanismes d’un tel retrait». En pratique, cela consisterait, selon cette personnalité qui exprime peut-être là un souhait des autorités...