Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Seul entre tous ou presque, Hoss reste résolument sceptique

Sourdes divergences en sourdine entre les officiels libanais au sujet du processus régional. Tout le monde ou presque veut y croire. À l’exception notable du président Sélim Hoss. Totalement allergique au virus israélien, viscéralement méfiant à l’égard d’une Amérique à laquelle il a rarement ménagé ses critiques, le chef du gouvernement réitère ses doutes quant à la réalisation de la paix dans cette région du monde. Il y a quelques semaines, il avait mis un peu d’eau dans son vin, probablement à la demande des décideurs et de ses interlocuteurs occidentaux. Mais actuellement, dans ses assises privées, le président du Conseil, qui est en même temps ministre des Affaires étrangères, se livre à une analyse qui est un pur produit de scepticisme et de pessimisme. À l’en croire, le Tartuffe israélien fait semblant d’être pressé de conclure une paix totale. Et, tout en affirmant qu’il faut saisir sans tarder l’occasion qui se présente, atermoie à volonté. Ainsi, après avoir pris son temps pour signer un accord avec les Palestiniens, Israël en entrave ensuite l’application, crée des problèmes et donne à chaque clause une interprétation obstructionniste. M. Hoss se demande comment Ehud Barak peut prétendre qu’il veut parvenir au plus vite à la paix avec la Syrie tout en reniant les engagements pris par Rabin d’une restitution totale du Golan, d’un retour aux frontières du 4 juin 1967. Un engagement dont l’ancien secrétaire d’État US, M. Warren Christopher, est témoin et qui doit servir de rampe de lancement pour la fusée de la paix véritable. Le président du Conseil et ministre des AE estime par ailleurs que Barak n’a pas intérêt à offrir le trophée de la paix à un président américain en partance, entendre Clinton, qui ne pourra pas lui en payer le prix. Selon M. Hoss, c’est donc, le cas échéant, au prochain chef de l’Exécutif américain que le dirigeant israélien ferait un tel cadeau. Plusieurs mois après son avènement, Barak n’a toujours pas activé l’application des accords d’Oslo conclus avec les Palestiniens et c’est avec une lenteur calculée qu’il met en place les mécanismes découlant des accords de Charm el-Cheikh. M. Hoss pense dès lors que le Premier ministre israélien veut encore gagner six mois. Au bout desquels les Américains, entrés en campagne des présidentielles, seraient pratiquement hors-jeu sur le plan diplomatique. Dans ce cadre même, conclut M. Hoss, les républicains adversaires des démocrates peuvent faire pression sur Israël, via le lobby juif américain, pour que la carte de la paix au Proche-Orient ne soit pas attribuée à l’Administration Clinton. L’autre son de cloche Cette approche sceptique n’est pas partagée par les autres responsables libanais, ni par les spécialistes locaux en matière de diplomatie. L’un de ces experts souligne que le président Clinton, qui aspire évidemment à faire signer sous son égide la paix au Proche-Orient, a tout à fait les moyens d’y parvenir. Certes, un événement d’une telle portée historique pourrait être exploité au profit du vice-président Al Gore, candidat probable des démocrates aux prochaines présidentielles américaines. Mais un thème de politique étrangère n’est jamais primordial dans le cadre d’une telle campagne, naturellement axée sur les soucis au quotidien de l’électeur américain. De plus, il y a un consensus tacite entre les deux grands partis américains au sujet de la politique à suivre au Moyen-Orient et souvent les émissaires officiels de Washington dans la région sont des députés ou des sénateurs républicains. Les États-Unis en tant que tels veulent parvenir au plus vite à un accord de paix qui, en stabilisant la région, mettrait leurs intérêts stratégiques ou économiques, tout à fait considérables, à l’abri de toute mauvaise surprise. Tout retard ne peut qu’être préjudiciable aux intérêts US comme aux régimes arabes alliés. Le forcing diplomatique de Washington va dès lors se poursuivre, avec la bénédiction des républicains, même pendant la campagne électorale. Car au regard de l’intérêt national américain peu importe sous l’égide de quel président la paix va être signée. Sans compter que le lobby juif américain, à qui il est arrivé d’envoyer une délégation en Arabie séoudite, est un chaud partisan de la paix, qui lui semble le meilleur bouclier pour l’État hébreu, objet de ses pensées. Cette source souligne par ailleurs que le Liban, maillon faible de la chaîne, pâtirait d’un blocage du processus plus que tout autre pays de la région, à cause de sa condition socio-économique difficile. Et d’indiquer que les Américains ont progressé en coulisses, qu’ils vont maintenant tenter d’obtenir des Syriens et des Israéliens des documents qu’on garderait secrets, où chaque partie énumérerait ses exigences mais aussi les concessions qu’elle serait prête à faire pour avancer. Après quoi, conclut cette personnalité informée, un ordre du jour serait établi et les pourparlers reprendraient d’ici quelques semaines.
Sourdes divergences en sourdine entre les officiels libanais au sujet du processus régional. Tout le monde ou presque veut y croire. À l’exception notable du président Sélim Hoss. Totalement allergique au virus israélien, viscéralement méfiant à l’égard d’une Amérique à laquelle il a rarement ménagé ses critiques, le chef du gouvernement réitère ses doutes quant à la...