Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Loi électorale - Le retard se confirme : pas d'adoption avant le nouvel an Les législatives auraient lieu quand même aux dates prévues

Avec une candeur désarmante, les loyalistes annoncent une double mauvaise nouvelle. D’abord que le nouveau code électoral ne pourra pas voir le jour avant l’an 2000. Ensuite que les législatives auraient quand même lieu aux dates prévues, dans un an. Ce qui signifie que la campagne électorale se ferait au triple galop, dans une confusion totale d’électeurs déroutés par le nouveau découpage, et de candidats courant après les alliances puis après les voix. Mais pourquoi ces lenteurs d’aujourd’hui qui promettent tant de précipitation pour demain ? Parce que, répond placidement le chef du gouvernement, l’importance nationale que revêt la loi électorale nécessite qu’elle fasse l’objet d’un consensus général. Ce qui implique des concertations aussi multiples que complexes, qui prennent beaucoup de temps. Rien ne sert de courir, il faut partir à point : on se demande, après la réplique de M. Hoss, pourquoi le système n’a pas décollé plus tôt, vu que les «effets spéciaux» de la loi de 1996 sont devenus caducs au lendemain même de ce bizarre scrutin, le texte précisant à son propre propos qu’il n’était valable qu’une seule et unique fois. On dira : c’est la faute de l’ancien régime, qui n’a rien fait. Certes son laxisme n’est pas très louable. Mais on ne peut s’empêcher de relever que le pouvoir actuel a pour sa part déjà laissé passer dix bons mois en se tournant les pouces. La commission spéciale qu’il a formée s’est à peine réunie deux fois, il y a très longtemps de cela. Et le président du Conseil a entrepris d’en court-circuiter les prérogatives en réunissant dernièrement sous sa houlette des spécialistes, pour leur demander de lui préparer un projet cohérent. Dans la pratique, le pouvoir procède par petites touches, par légers tests d’intentions. Il fait proposer à diverses forces politiques, par ses bons amis, un certain nombre de formules, pour voir ce qu’on en pense et tenter ainsi de guider ses pas vers une solution de synthèse. Ces propositions vont du mohafazat aux cazas en passant par la circonscription moyenne, le scrutin à deux tours ou une dose de proportionnelle. On parle aussi parfois, pour faire un peu plaisir à M. Michel Murr, d’adopter la configuration des nouveaux districts issus du redécoupage administratif qui accompagne le projet de décentralisation. Mais, en définitive, il y a de bonnes chances que l’on conserve le mohafazat. Pour la bonne raison que, selon des parlementaires retour de Damas, on y garde une petite préférence pour cette formule, par respect pour Taëf qui la recommande expressément. De plus, ajoutent ces sources, le mohafazat stimule le brassage intercommunautaire, empêche la sournoise formation sous-jacente de cantons politico-confessionnels et prévient les radicalismes. Ce que ces loyalistes ne disent pas c’est que le mohafazat, c’est bien commode pour parachuter place de l’Étoile un certain nombre de députés tout à fait dociles, inconnus au bataillon, qui n’ont aucune assise populaire, pas de charisme et peu d’ambition politique autonomiste. Comme on peut d’ailleurs en voir tant dans les travées de l’hémicycle depuis les glorieuses expériences de 1992 et de 1996. Toujours est-il que ces parlementaires soulignent que Damas estime que les Libanais doivent faire montre d’un esprit d’entente et se mettre d’accord entre eux. «Pour leur propre part les Syriens, poursuivent ces députés, s’interdisent d’exprimer des préférences, même s’ils en ont. Ils n’ont eu jusqu’à présent aucun contact avec les autorités locales, car ils sont focalisés sur le dossier régional. Tout cela veut dire que si localement on devait rejeter le mohafazat, au profit par exemple de la circonscription moyenne regroupant quelques cazas ou divisant un mohafazat en deux, il n’y aurait pas d’objection à redouter de la part des décideurs. L’essentiel pour Damas, répètent ces députés, est que les Libanais s’entendent entre eux au bout d’un dialogue mené sous la supervision de l’État. Damas ne veut prendre parti pour personne et sa politique est de soutenir à fond l’orientation que le pouvoir libanais estimera devoir imprimer au processus électoral». À propos justement de cette orientation, certains loyalistes, plus proches de Baabda que du Sérail, plaident pour une formule de 15 circonscriptions en tout. Soit trois par mohafazat. Mais certains leaders s’élèvent assez violemment contre ce projet, en le qualifiant de confessionnaliste antitaëfiste. Bien évidemment les présidents Rafic Hariri et Nabih Berry, qui restent les champions du mohafazat où ils prennent leurs aises, s’opposent eux aussi à un tel fractionnement. Toujours est-il que lorsque la situation régionale se sera décantée, on sera mieux fixé sur la configuration que prendra le découpage électoral. Et sur la physionomie politique de la future Chambre. Étant en tout cas entendu que le nouveau pouvoir y tolérerait difficilement des blocs aussi importants que ceux de MM. Berry, Hariri et Joumblatt, qui disposent respectivement au Parlement de 23, 18 et 12 députés.
Avec une candeur désarmante, les loyalistes annoncent une double mauvaise nouvelle. D’abord que le nouveau code électoral ne pourra pas voir le jour avant l’an 2000. Ensuite que les législatives auraient quand même lieu aux dates prévues, dans un an. Ce qui signifie que la campagne électorale se ferait au triple galop, dans une confusion totale d’électeurs déroutés par...