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Actualités - REPORTAGES

Peinture Vernissage des oeuvres de Mona Trad Dabaji le 7 octobre à la Galerie de Médicis, Paris Une traversée des apparences orientales(photos)

Que peut bien faire une femme derrière un paravent ? Le plus souvent, ce qu’elle fait sur celui-ci : l’incontournable épilation au sucre qui rythme les matinées des Orientales. Quand ce n’est pas pour elles, c’est pour les copines. Montrer tout en voilant, telle est la démarche de Mona Dabaji quand elle peint ses semblables. S’il restait encore quelque chose à dire sur le tableau fenêtre, elle en a creusé le thème jusqu’à la source. Le recyclant même au sens propre puisqu’elle a pris l’habitude de «faire» les stocks des décharges, dernier mouroir des choses avant que la mer ou le feu les effacent. Là, quelque part sur la plage d’Ouzaï, elle récupère les portes et fenêtres de maisons qui n’ont plus de murs. Et le jeu se fait. Un double jeu de la lumière entre l’intimité du foyer et la tranquillité du jour qui passe au dehors. Le peintre l’exprime, toujours à l’huile, en larges aplats de couleurs franches piégés entre des lignes essentielles tracées au noir («couleur de lumière», disait Matisse). Et de Matisse il est bien question : la dernière promotion de l’école des beaux-arts de l’AUB, dont Mme Dabaji est issue, avait pour maître le peintre Olsen qui, malgré sa prédilection pour Mondrian, eut la générosité de pousser chacun de ses étudiants à trouver la voie picturale dans laquelle il s’exprimerait le mieux. C’est ainsi que notre peintre s’est trouvée sous la patte du grand Fauve, peignant des scènes de la Békaa dans un langage du Midi. Par quel cheminement secret les fenêtres muettes des premières expositions se sont-elles peuplées au fil des ans ? La guerre avait vidé la ville, et c’est à la campagne que Mona Dabaji a rencontré les âmes ingénues de ses décors déserts. La frêle citadine semble fascinée par l’opulence de ces femmes au parler gras, à la fois pudiques et charnelles, «libres et dépendantes», que sont les paysannes de la Békaa. Elles en auront donné, des bras et du ventre, pour remplir le grenier de Rome depuis des siècles, ces femmes-là ! Comment nier alors l’évidence de leurs corps, par-delà les tabous des coutumes ? Le peintre les épie, les connaît, les dénude. Leurs fesses et leurs seins sont telluriques. De l’autre côté des fenêtres, les hommes passent avec leurs troupeaux. Ils passent, elles s’enracinent, préparent les repas, les provisions, rusent avec les saisons, fêtent les récoltes. Dans les toiles de Mona Dabaji, elles préparent le pain, la Kebbé, au retour des vendanges et des moissons. Après ces travaux collectifs, le peintre les surprend dans leur solitude. Dans l’intimité, elle ne leur autorise que le fichu. Dernier carré de pudeur curieusement placée, ou symbole de ralliement à la terre. Elles jettent un regard par la fenêtre, tantôt languide, tantôt impatient. Le jour s’achève ou commence, un oiseau exprime sur un ciel bleu la paix des matins sur la plaine. Sur les cimaises de la galerie De Médicis, l’une des trois galeries libanaises de la place des Vosges, Mona Trad Dabaji donne à voir des œuvres qui fleurent bon la parenthèse estivale et communiquent par leur simplicité ambiguë les bonheurs frustes de la Méditerranée orientale.
Que peut bien faire une femme derrière un paravent ? Le plus souvent, ce qu’elle fait sur celui-ci : l’incontournable épilation au sucre qui rythme les matinées des Orientales. Quand ce n’est pas pour elles, c’est pour les copines. Montrer tout en voilant, telle est la démarche de Mona Dabaji quand elle peint ses semblables. S’il restait encore quelque chose à dire sur le tableau...