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Actualités - CHRONOLOGIE

Procès - Le tollé s'amplifie dans l'affaire Marcel Khalifé Des dignitaires chiites prennent la défense de l'artiste

Les poursuites engagées par Dar el-Fatwa contre le chanteur Marcel Khalifé accusé d’avoir insulté l’islam dans sa chanson Ô Père, je suis Joseph ont suscité hier encore l’indignation d’un certain nombre de personnalités notamment spirituelles. L’ancien guide spirituel du Hezbollah, sayed Mohammed Hussein Fadlallah, a pris la défense de l’artiste, prenant ainsi le contre-pied du mufti de la République, cheikh Mohammed Rachid Kabbani. «L’interprétation d’un poème comprenant un verset du Coran ne porte pas atteinte à la sacralité du livre saint lorsque cette interprétation est relative à des considérations humanitaires et comprend un mot ou un verset, nous n’y voyons aucune atteinte au Coran», a déclaré cheikh Fadlallah dans un communiqué. «Nous n’autorisons pas, en général, l’interprétation musicale du Coran, mais lorsqu’un poème est relatif à des aspects humanitaires et comprend un mot ou un verset, nous n’y voyons aucune atteinte au Coran», a indiqué le dignitaire chiite. Le cheikh a estimé que la chanson de Marcel Khalifé «exprime des préoccupations humanitaires en rapport avec l’homme opprimé, à l’exemple des rudes épreuves de Joseph avec ses frères». Joseph, fils d’Abraham, est un des personnages des trois religions monothéistes, christianisme, islam et judaïsme. L’initiative de cheikh Kabbani a été critiquée par un autre dignitaire religieux chiite, cheikh Mohammed Hassan el-Amine. Berry : Des poursuites contre le Liban «Un passage du poème est inspiré d’un verset coranique, ce qui était très courant dans la littérature et la poésie arabes pendant l’ère musulmane, et rien ne justifie qu’on l’accuse de porter atteinte au texte coranique», a affirmé cheikh el-Amine. De son côté, le président de l’Assemblée Nabih Berry a assimilé les poursuites engagées contre Marcel Khalifé à «des poursuites contre le Liban, tout le Liban». «Parce que nous respectons la justice, nous sommes certains que celle-ci innocentera Marcel Khalifé (…). Nous espérons aussi que le mufti de la République reviendra sur sa décision», a ajouté M. Berry. Le député Najah Wakim a estimé quant à lui que «les hommes de religion ne sont pas plus près de Dieu que les gens ordinaires. (...) ni Mahmoud Darwiche, (le poète palestinien auteur du texte interprété par Marcel Khalifé), ni Marcel Khalifé n’ont appelé à la discorde confessionnelle, alors que certains dignitaires entretenaient des milices pendant la guerre», a-t-il dit. Enfin, le député Walid Joumblatt a dénoncé l’action légale contre le chanteur, estimant qu’«on ne pouvait pas imposer de telles sanctions à ce combattant nationaliste». Par ailleurs, l’écrivain Élias Khoury a annoncé une série de manifestations de protestation menées par des intellectuels et au cours desquelles la chanson incriminée sera interprétée. «Nous n’accepterons jamais que Beyrouth sombre dans l’obscurantisme et qu’elle devienne, à l’instar d’autres villes arabes, une cité sans liberté», a affirmé M. Khoury. À l’initiative de ce dernier, un appel a été lancé aux intellectuels et aux défenseurs des libertés pour un rassemblement aujourd’hui au siège du syndicat de la presse à Beyrouth, afin de signer une pétition dénonçant les poursuites contre M. Khalifé. Un communiqué signé les «Amis de Marcel Khalifé» a souligné que «le rassemblement ne vise pas tant à défendre l’art de Khalifé ou la poésie de Mahmoud Darwiche mais la culture et la liberté du Liban».
Les poursuites engagées par Dar el-Fatwa contre le chanteur Marcel Khalifé accusé d’avoir insulté l’islam dans sa chanson Ô Père, je suis Joseph ont suscité hier encore l’indignation d’un certain nombre de personnalités notamment spirituelles. L’ancien guide spirituel du Hezbollah, sayed Mohammed Hussein Fadlallah, a pris la défense de l’artiste, prenant ainsi le...