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Actualités - ANALYSE

La situation sécuritaire ne constitue pas un facteur dissuasif Loyalistes et opposants poursuivent leur grand déballage

La grenade de Saint-Georges Dékouané, qui a fauché le malheureux sacristain Rajiha, a fait l’effet d’un séisme. Dans ce sens que, comme le massacre en juin de quatre magistrats à Saïda, elle vient remettre en question certaines certitudes sécuritaires. L’explosion, plus encore que le grave attentat de Saïda qui avait sans doute des mobiles précis de vengeance, est d’ailleurs manifestement destinée avant toute chose à provoquer un effet médiatique de déstabilisation. C’est un coup porté à l’État libanais, un message adressé à la population pour y semer une psychose déterminée et altérer sa confiance dans les responsables. Et cela à un moment où le gouvernement, malgré les conseils apaisants du régime ou des décideurs, n’arrive pas à se dépêtrer de la lamentable polémique qui l’oppose à ses adversaires. Des propos fangeux sont échangés et on se demande jusqu’à quand, jusqu’où ce déballage de linge sale va continuer à s’exposer en public au lieu d’être lavé. En famille, car ces bretteurs si vaillants appartiennent finalement tous à un même courant politique dit taëfiste ou prodécideurs. Ni la grave situation qui règne au Sud, soumis à d’incessantes agressions israéliennes, ni la lettre piégée que constitue l’explosion de Dékouané ne semblent ramener les protagonistes locaux à la raison. À l’exception toutefois de M. Nabih Berry qui, mettant de côté les griefs qu’il développait, il y a encore dix jours à l’encontre du gouvernement, plaide maintenant pour un cessez-le-feu sur le front intérieur. Ce qui devient d’autant plus nécessaire que l’explosion de Dékouané paraît avoir justement pour but de montrer l’irresponsabilité des politiciens locaux qui continuent à s’amuser en joutes stériles alors que le pays est sous le coup de sérieuses menaces, aussi bien à l’intérieur qu’au Sud. Une fois de plus, on veut apparemment prouver que les Libanais sont incapables de s’autogérer. Et on peut en effet se poser des questions à ce sujet. Notamment quand on entend un loyaliste influent se livrer, pour tout commentaire de la situation actuelle, à une attaque obsessionnelle contre l’opposition «que nous avons réussi à contrer sur tous les fronts qu’elle a ouverts». Selon cette source, qui va peut-être loin dans les supputations que lui inspirent ses phobies, «les échecs successifs subis par les opposants ont sans doute indisposé des forces qui veulent du mal au Liban et qui tentent dès lors de provoquer des troubles sécuritaires, pour nous faire paraître comme étant incapables de contrôler ce domaine. C’est là une duperie facile. Car aucun État au monde, aussi puissant qu’il soit – et on le voit en Amérique comme récemment en Russie – ne peut prévenir à cent pour cent des opérations terroristes, des actions subversives souterraines. Cependant, il faut que tout le monde le comprenne : la répression sera impitoyable. La sécurité est une ligne rouge absolue. L’État frappera d’une main de fer ceux qui y portent atteinte». S’il arrive à les dépister, car trois mois après la très grave affaire du palais de justice de Saïda on n’en sait pas plus qu’au premier jour. Objectivement cependant, le cas de Dékouané pourrait être plus facile à traiter sur le plan technique, car il ne comprendrait pas des ramifications régionales. On ne trouve pas en effet dans ce coin-là de sites bénéficiant d’une extraterritorialité de fait. Il reste à souhaiter, avant toute chose, que les politiciens ouvrent les yeux et voient ce qui se passe autour d’eux…
La grenade de Saint-Georges Dékouané, qui a fauché le malheureux sacristain Rajiha, a fait l’effet d’un séisme. Dans ce sens que, comme le massacre en juin de quatre magistrats à Saïda, elle vient remettre en question certaines certitudes sécuritaires. L’explosion, plus encore que le grave attentat de Saïda qui avait sans doute des mobiles précis de vengeance, est d’ailleurs...