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Actualités - CHRONOLOGIE

Justice - Simple mesure de routine Marcel Khalifé poursuivi pour atteinte aux valeurs de l'islam

Le juge d’instruction Abdel Rahman Chehab a rendu public samedi l’acte d’accusation contre le chanteur-compositeur Marcel Khalifé qu’il a décidé de poursuivre en justice pour atteinte à l’islam dans une chanson qui est diffusée depuis quatre ans. Le chanteur risque six mois à trois ans de prison pour ce délit. La décision du parquet d’engager des poursuites contre Marcel Khalifé, connu pour ses engagements gauchisants (il est proche du Parti communiste libanais), a suscité un tollé dans les milieux des artistes libanais, des intellectuels et des hommes de lettres. Une réunion de solidarité avec le chanteur aura lieu demain mardi à midi, au siège de l’Ordre de la presse. Les «Amis de Marcel Khalifé» ont publié un communiqué soulignant que cette rencontre a pour but de défendre «non seulement l’art de Marcel Khalifé, mais également la culture libanaise libre et son droit à la créativité». Une source judiciaire a précisé que cette affaire était «en suspens depuis plus de deux ans pour des raisons bien connues, et la publication de l’acte d’accusation est une mesure de routine suivie dans toute démarche judiciaire. De ce fait, elle ne constitue nullement une condamnation» de l’accusé. Le juge d’instruction accuse notamment Marcel Khalifé de «porter atteinte aux valeurs religieuses pour avoir introduit dans une chanson un verset de la “sourate” (chapitre) Youssef du Coran». La phrase incriminée est : «J’ai vu onze astres et le soleil et la lune se prosternant devant moi». Elle figure dans la chanson intitulée «O Père, je suis Joseph» enregistrée sur cassette en 1995. Le texte de la chanson a été écrit en 1992 par le poète palestinien Mahmoud Darwiche. Déjà en septembre 1996, le juge d’instruction Abdallah Bitar avait décidé de poursuivre M. Khalifé pour les mêmes motifs. Mais il avait dû y renoncer face à une levée de boucliers dans les milieux intellectuels libanais. Interrogé par l’AFP, le chanteur Khalifé a qualifié la décision de le traduire devant la justice de «totalement incompréhensible, irrationnelle et surtout inacceptable». «La phrase incriminée n’est pas un verset du Coran mais une réécriture d’un verset par un poète, ce qui est chose très courante dans la littérature arabe», a souligné M. Khalifé. «D’ailleurs, s’insurge-t-il, la chanson traduit la tragédie de nos peuples arabes qui souffrent de l’occupation israélienne, de l’injustice et de l’oppression. C’est inconvenable». Une plainte de Dar el-Fatwa Le mufti de la République, cheikh Mohammed Rachid Kabbani, a affirmé être derrière les poursuites judiciaires engagées contre Marcel Khalifé. «Les poursuites judiciaires font suite à une plainte de Dar el-Fatwa» a déclaré cheikh Kabbani cité par le quotidien arabe «Asharq al-Awsat». «La chanson comprend une insulte au dernier des prophètes (Mohammed). Aussi, tout arrangement musical d’un verset coranique est interdit par une fatwa émise par el-Azhar (plus haute autorité sunnite musulmane en Égypte) afin d’empêcher toute atteinte à l’islam», a ajouté cheikh Kabbani. Prenant le contrepied du mufti Kabbani, un dignitaire religieux musulman chiite, cheikh Mohammed Hassan el-Amine, a désapprouvé l’action judiciaire. «Un passage du poème est inspiré d’un verset coranique, ce qui était très courant dans la littérature et la poésie arabes pendant l’ère musulmane, et rien ne justifie qu’on l’accuse de porter atteinte au texte coranique», a affirmé cheikh el-Amine.
Le juge d’instruction Abdel Rahman Chehab a rendu public samedi l’acte d’accusation contre le chanteur-compositeur Marcel Khalifé qu’il a décidé de poursuivre en justice pour atteinte à l’islam dans une chanson qui est diffusée depuis quatre ans. Le chanteur risque six mois à trois ans de prison pour ce délit. La décision du parquet d’engager des poursuites contre Marcel...