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Actualités - ANALYSE

Liban-sud : inquiétude accentuée à Beyrouth

Alternant le chaud et le froid, les promesses d’ouverture et les manœuvres d’intimidation, Ehud Barak fait monter les enchères sur tous les fronts. Il parle de balkaniser la région si «son» projet de paix devait capoter. Il ordonne la poursuite de l’implantation de colonies au Golan. Et il menace de mettre le Liban-Sud à feu et à sang, si les Syriens et les Libanais n’imposent pas au Hezbollah une trêve de longue durée. Dès lors, comme il est assez évident que Barak veut imposer ses conditions pour la reprise des pourparlers, on se demande à Beyrouth s’il ne va pas ordonner une agression d’envergure contre le Sud et contre l’infrastructure de ce pays (eau, électricité, routes, ponts, ports et aéroports). Cela pour négocier à chaud et en position de force. Comme le président Sélim Hoss et l’ancien ministre des AE M. Farès Boueiz l’ont dit dès le départ, Barak se montre particulièrement coriace. Il confirme à travers ses prises de position qu’il a une conception de la paix régionale qui est plus proche de la capitulation arabe et de la domination israélienne que du règlement équitable. Ainsi, il évoque la nécessité de faire des concessions «douloureuses» au Golan, tout en refusant d’avaliser l’engagement de ses prédécesseurs, Rabin et Peres, de restituer tout le plateau à la Syrie et de se retirer sur la ligne frontalière du 4 juin 1967. Or cette attitude signifie en clair un refus de la reprise des négociations avec la Syrie qui réclame que l’on reprenne les discussions à partir du point atteint lors de leur suspension en 1996. En ce qui concerne le Liban-Sud, Barak qui a promis un retrait dans les dix mois ne fait pas mine de le préparer, bien au contraire. Il n’assouplit ni ses positions ni son dispositif. Et, du reste, il souligne que l’opération est liée à un arrangement préalable à conclure avec la Syrie. C’est-à-dire que pour se retirer d’une façon raisonnable, sans créer de poches d’anarchie ni pratiquer la politique de la terre brûlée avant de partir, il exige, encore une fois, que Damas neutralise d’abord le Hezbollah. Une chose et son contraire Tout autant que Netanyahu, Barak se révèle par rapport à Washington comme étant un électron libre qui échappe largement à l’emprise de la bannière étoilée. Ainsi, Mme Madeleine Albright, tout en faisant risette à son homologue syrien, M. Farouk el-Chareh, au cours de leur récente rencontre, n’a pu lui donner aucune assurance permettant de débloquer la situation et de reprendre les pourparlers. Ce que le département d’État envisage comme solution, indiquent des sources diplomatiques, semble assez absurde. Il s’agirait de reprendre les négociations à partir du point où elles s’étaient arrêtées, comme le demandent les Syriens, mais de mettre ce point sur la table pour en discuter et en définir les contours. Autrement dit une chose et son contraire : on accepte le principe du retrait du Golan, mais on le renégocie ! En pratique, du reste, à supposer que les Syriens acceptent cette formule ambiguë, ce qui serait étonnant, on courrait rapidement vers l’impasse et le blocage. Pour en revenir au Liban, si les tractations en cours en marge des travaux de l’Assemblée générale de l’Onu pour la reprise des pourparlers devaient échouer, il aurait sans doute à affronter le problème d’un retrait israélien dit «unilatéral».
Alternant le chaud et le froid, les promesses d’ouverture et les manœuvres d’intimidation, Ehud Barak fait monter les enchères sur tous les fronts. Il parle de balkaniser la région si «son» projet de paix devait capoter. Il ordonne la poursuite de l’implantation de colonies au Golan. Et il menace de mettre le Liban-Sud à feu et à sang, si les Syriens et les Libanais n’imposent pas...