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Actualités - ANALYSE

Vie politique - Des visites étrangement écourtées Joumblatt à l'est : une percée toute relative

Tout un état-major pour l’accompagner : dix figures de proue consensuelles de diverses communautés, députés ou cadres supérieurs de son parti. Et en face, tout un état-major pour le recevoir : les directoires des deux principaux ordres monastiques de l’Église maronite. Un banquet plantureux, une journée marathon qui, comme la guerre de Troie de Giraudoux, n’ont finalement pas eu lieu. Au bout de dix minutes à Ghazir, chez l’Ordre maronite du père Athanasios Jalkh, et d’un petit quart d’heure à Louaizé, chez les mariamites du père François Eid, M. Walid Joumblatt a pris congé. Pour laisser entendre ensuite que sa démarche était purement «protocolaire», sans qu’on sache à quelle occasion. On ne peut pas dire dès lors qu’il a réussi sa percée à l’Est. Il s’est tout de suite rendu compte qu’il y avait malentendu au départ. Il voulait parler politique et les bons pères lui ont courtoisement répliqué que ce domaine n’est pas, ou n’est plus, de leur ressort. Ils auraient volontiers, indiquent leurs proches, débattu avec leur hôte de thèmes sociaux comme les impedimenta du retour des déplacés. Ou parlé longuement de la Maison Liban, de fraternité, de valeurs partagées. Mais les bisbilles entre fractions opposantes et loyalistes, ainsi que les précampagnes électorales, ne concernent pas beaucoup les religieux. D’autant moins que selon des observateurs de l’Est, M. Joumblatt a peut-être pensé préparer par ce premier contact la reprise d’un dialogue actif avec Bkerké. Or le siège patriarcal, ajoutent ces sources, pense qu’on peut frapper directement à sa porte, sans vaines circonvolutions. En fait, M. Joumblatt avait dépêché l’un de ses lieutenants, M. Ghazi Aridi, auprès du patriarche, pour lui expliciter ses positions au sujet de la loi électorale en gestation et ses critiques à l’encontre du gouvernement. La question est simple : le patriarcat a un petit faible pour le caza ou la circonscription unique que M. Joumblatt défend. Mais il préfère avant tout, comme Baabda, qu’il y ait un même toit, une même loi, pour tous. C’est-à-dire que le Mont-Liban ne se retrouve pas seul à être disloqué comme durant les deux éditions précédentes de 1992 et de 1996. Ce qui a fait que, dans les deux législatures de la nouvelle République, il s’est trouvé un bon tiers des députés chrétiens à n’être que des hommes liges de chefs de file mahométans et non de vrais représentants de leurs communautés respectives. Quant à la guéguerre entre M. Joumblatt et le Cabinet en place, le patriarcat ne peut évidemment pas s’y impliquer et prendre parti. Toujours est-il que le leader druze poursuit ses efforts en vue de la bataille des législatives qui est cruciale à son sens pour sa communauté. Il se rapproche de la sorte de l’émir Talal Arslane et envisage, disent des sources informées, de régler à l’amiable la question du cheikhat Akl druze, pour renforcer les rangs internes de la communauté. Il ne pourra cependant pas, à en juger par les résultats de sa démarche à l’Est, trop compter sur le soutien électoral des ordres monastiques maronites qui ont, à tort ou à raison, la réputation d’être influents dans la montagne. Il n’en reste pas moins que les visites de M. Joumblatt à Ghazir et à Louaizé produisent aussi un effet positif de reprise d’amitié.
Tout un état-major pour l’accompagner : dix figures de proue consensuelles de diverses communautés, députés ou cadres supérieurs de son parti. Et en face, tout un état-major pour le recevoir : les directoires des deux principaux ordres monastiques de l’Église maronite. Un banquet plantureux, une journée marathon qui, comme la guerre de Troie de Giraudoux, n’ont finalement...