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Actualités - REPORTAGES

Installation - Réseaux Croisés à la Fabrika-Imprimerie catholique Miguel Chevalier, défricheur du numérique(photos)

Miguel Chevalier, 40 ans, utilise l’ordinateur comme outil de création depuis 1985 et s’évertue à situer ses œuvres dans la lignée des grands artistes du siècle. Il n’est ni peintre, ni sculpteur, ni informaticien, ni artiste multimédia. Miguel Chevalier est un artiste qui se débat avec les contradictions d’une époque à la fois en mal d’évolution et friande de repères. Dans le cadre de «Beyrouth capitale culturelle du monde arabe», sous le patronage du ministre de la Culture et de l’Enseignement supérieur, M. Mohammed Youssef Beydoun, l’artiste français donne à voir à la Fabrika – Imprimerie catholique, rue Huvelin/Monnot, une exposition intitulée «Réseaux croisés». Elle est organisée conjointement par L’AFAA (relevant du ministère français des Affaires étrangères), l’Académie libanaise des beaux arts-Balamand (Alba) et le Centre culturel français (CCF) avec le concours de Dar Alf Laylé wa Laylé. Jusqu’au 1er octobre, de 10h à 18h. Peintre, Miguel Chevalier ne l’est pas resté longtemps. Pour lui, il était évident que cette fin de siècle réclamait d’autres techniques et d’autres recherches artistiques, car dès le milieu des années 80 de nouveaux outils offraient les clés des territoires virtuels des technologies du numérique. Univers d’imaginaires et de rêves dont les artistes ne pouvaient être exclus où Miguel Chevalier et quelques autres se sont rués en précurseurs. Cet artiste français situe son champ de recherche non pas dans la fabrication d’images, mais dans le recyclage. Pour lui, la société et les médias génèrent assez d’images comme cela, alors autant les recycler en les métamorphosant en icônes high-tech très mode. «Je ne voyais plus ce qu’on pouvait faire dans le champ de la peinture. J’ai essayé d’être le témoin de notre temps et de rendre compte de cet outil apparu au début des années 80 : l’informatique». C’est ainsi que Miguel Chevalier explique comment il est devenu le premier représentant en France de l’art numérique. Il ajoute aussitôt : «En travaillant sur l’informatique, je me suis rendu compte de la filiation avec les autres créateurs». Miguel Chevalier inscrit ses créations dans une lignée «classique». Il situe ses installations par rapport aux grands artistes du siècle, étudie les rapports entre ses recherches sur l’image numérique et le pointillisme d’un Seurat ou les machines d’un Picabia... Vidéo et images de synthèse Dans le cadre de la Fabrika- Imprimerie catholique, il a monté Réseaux croisés, plusieurs installations qui mélangent la vidéo et les images de synthèse. Derrière des lunettes à l’épaisse monture rouge, il guide le spectateur jusqu’à son travail, qu’il a sans doute dû expliquer à plus d’une reprise pour devenir une valeur sûre de l’art numérique «Je suis en train de défricher, de tailler un chemin en montrant qu’il sera porteur de routes un peu plus larges, voire d’autoroutes», explique Miguel Chevalier. Accepte-t-il d’endosser le costume de premier artiste numérique ? «Le numérique est un moyen d’expression à part entière, je suis un artiste qui utilise les nouvelles technologies comme d’autres les pinceaux. Ce n’est pas une fin en soi, mais un moyen pour vivre dans le monde qui nous entoure». Les revers de l’interactivité ? Miguel Chevalier précise : «L’interactivité dans l’art n’est pas nouvelle. Mais les œuvres dites interactives ne sont plus linéaires, elles sont à tout moment modifiables». À propos de l’installation vidéo : Mémoires et mutations, il souligne : «Pour créer une œuvre forte capable de raviver la mémoire de ce qu’a été et de ce qui reste aujourd’hui de Beyrouth, il faut imaginer la nef de la Fabrika-Imprimerie catholique, un espace de pénombre où les visiteurs pourront voir un immense écran en diagonale tendu entre sol et mur sur lequel sont projetés des fragments de mémoire mélangés avec le paysage actuel, sa topographie». «L’ensemble de ces images sera de nature à générer un maillage cybernétique où l’espace est perçu entre réalité et simulation», note l’artiste. « Il devient ainsi un espace transformable, sans cesse recréé par notre imaginaire, métaphore de cette ville en mutation et des grands changements qui la modifient en profondeur». Ainsi, l’idée est de créer une installation vidéo constituée de strates d’images réelles tournées sur place et mélangées avec des photos, fragments de mémoire de l’ancien Beyrouth. Cette installation propose une vision urbaine de ce gigantesque chantier actuel. Natures liquides D’autre part, Miguel Chevalier a imaginé un programme qui nous ferait voyager à l’intérieur de lui-même. Et pourquoi ne pas intégrer le visiteur/spectateur comme un des facteurs de l’œuvre ? Cela jusqu’à concevoir le fait que le spectateur peut et doit avoir une incidence sur les transformations (navigations) aléatoires du programme, c’est ce qui a donné, dès 1996, Turbulences numériques et Natures liquides. L’artiste présente cette dernière dans le cadre de la Fabrika-Imprimerie catholique. Dans les pièces récentes conçues et fabriquées par Miguel Chevalier, l’idée maîtresse est que le spectateur peut alors avoir une incidence sur les images qu’il regarde, en bougeant une souris d’ordinateur, et ainsi, par sa seule présence, créer des perturbations qui font partie intégrante de pièces formées de grands dépolis sur roulettes et sur lesquels est vidéo-projeté ce programme en mouvement (vivant) sur lequel chaque visiteur peut agir. C’est cette idée qui fut dernièrement reprise en ligne avec succès sur le site d’Havas (http://www.havas.fr). Le spectateur participe à l’œuvre de Miguel Chevalier sur le net, sur CD-rom, comme dans la salle d’exposition. Le spectateur devient acteur d’une performance éphémère, créant une image, un désordre dans le déroulement logique du programme de l’artiste. Le spectateur fait alors effectivement partie de l’œuvre.
Miguel Chevalier, 40 ans, utilise l’ordinateur comme outil de création depuis 1985 et s’évertue à situer ses œuvres dans la lignée des grands artistes du siècle. Il n’est ni peintre, ni sculpteur, ni informaticien, ni artiste multimédia. Miguel Chevalier est un artiste qui se débat avec les contradictions d’une époque à la fois en mal d’évolution et friande de...