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Actualités - CHRONOLOGIE

Ecoutes téléphoniques - Le gouvernement se défend comme il peut Naaman propose de couper court à la polémique

Confronté au problème des écoutes téléphoniques, le gouvernement se défend comme il peut. En s’empêtrant parfois dans ses contradictions comme en témoignent les passes d’armes entre le président Hoss et M. Michel Murr. Toujours est-il que le ministre techniquement concerné, M. Issam Naaman, qui est en charge des Télécoms, affirme qu’avec cette histoire d’écoutes, on fait beaucoup de bruit pour rien. Ce qui est du reste assez normal quand il s’agit de fritures sur la ligne. Pour M. Naaman, l’affaire est comme qui dirait réglée, vu qu’au lieu de tempêter, la Chambre n’a selon lui qu’à approuver le projet de loi réglementant les écoutes. Un texte établi naguère par M. Bahije Tabbarah, quand il était ministre de la Justice, et qui autorise les écoutes quand la sûreté nationale est en cause ou pour traquer des criminels, trafiquants de drogue et autres lascars. M. Naaman estime qu’il est inutile de perdre son temps à discuter l’existence ou l’inexistence des écoutes, qu’il vaut mieux passer à l’acte et légiférer au plus vite en la matière. Il affirme que cette manie de surveillance audio est très ancienne au niveau des services publics, que, durant la guerre, chaque milice avait sa section spécialisée. À l’entendre, il y a en quelque sorte accoutumance au mal et il n’y a pas de quoi s’étonner. Pour un peu on croirait que M. Naaman est surpris que l’on soit choqué, scandalisé par de telles pratiques. Il souligne que s’il y a lieu de s’en plaindre, il y a moyen de légiférer pour contenir les abus. Mais les politiciens ne semblent pas décidés à mettre une sourdine à leurs récriminations, comme le souhaite le ministre. Depuis que M. Bassem el-Sabeh, ancien ministre de l’Information, a soulevé la question durant le débat sur le budget, l’affaire a fait boule de neige. Le Parlement a chargé une commission, dirigée par le général Sami el-Khatib, d’enquêter. Cette instance a conclu dans son rapport final que les lignes ordinaires sont effectivement placées sur écoute, le cas n’étant pas prouvé pour le cellulaire. Après quoi, pour protéger les droits et la vie privée des gens, pour empêcher toute exploitation politique abusive et tout espionnage économique, il a été décidé d’élaborer une loi réglementant les écoutes. Qui ne seraient pas totalement interdites, mais autorisées dans des conditions déterminées, pour protéger le pays ou la société. Le principe est en soi inattaquable. Mais sa concrétisation ne peut être qu’imparfaite. Pour la bonne raison que personne n’aura les moyens de vérifier le bien-fondé des justificatifs présentés par les services pour intercepter des conversations téléphoniques. C’est exactement ce qui s’est passé, il y a quelques années en France, avec ce que l’on a appelé le scandale Maréchal où l’écoute téléphonique avait permis à certains services de monter un piège scabreux visant un juge. Ici même au Liban, la grosse, très grosse affaire mise au jour par l’ancien ministre de la Défense M. Mohsen Dalloul qui accuse une puissance étrangère de disposer d’un centre d’écoutes aux portes de Beyrouth, vient démontrer combien il est difficile de séparer le bon grain de l’ivraie dans ce domaine. Qu’est-ce qui est justifiable, qu’est-ce qui ne l’est pas, comment savoir si les prétextes invoqués sont bons, où commence l’espionnage, où finit la surveillance légitime… Et où se situe la raison d’État : ainsi à M. Dalloul, c’est son propre successeur M. Ghazi Zeayter qui réplique en se demandant pourquoi l’ancien ministre a tant attendu avant de faire ses révélations. Toujours est-il que ces problèmes pourraient bien se diluer dans les petites zizanies politiques dont les professionnels du cru restent friands. Ainsi M. Dalloul, que le procureur veut entendre, exige que les responsables au courant, nommément MM. Sélim Hoss et Michel Murr, ainsi que M. Walid Joumblatt, qui a lui aussi fait allusion naguère aux écoutes étrangères, soient également cités à comparaître. Ou tous ensemble ou personne, laisse-t-il entendre, dans l’espoir sans doute qu’on le laissera tranquille. Tout comme on n’a pas poussé très loin avec M. Moustapha Saad après ses retentissantes déclarations sur le massacre de quatre juges à Saïda. Ce qui prouve que l’État n’est à l’écoute de personne…
Confronté au problème des écoutes téléphoniques, le gouvernement se défend comme il peut. En s’empêtrant parfois dans ses contradictions comme en témoignent les passes d’armes entre le président Hoss et M. Michel Murr. Toujours est-il que le ministre techniquement concerné, M. Issam Naaman, qui est en charge des Télécoms, affirme qu’avec cette histoire d’écoutes, on fait...