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Actualités - ANALYSE

Corruption politique - Les moyens ordinaires paraissent insuffisants Une tentation à rejeter : l'éradication par des élections arrangées

Jusqu’à présent on ne peut pas dire que la Chambre ait montré beaucoup de zèle dans la lutte active contre la corruption politique. Elle n’a ni constitué une commission spéciale d’enquête ni voté la loi sur l’enrichissement illicite qui traîne dans ses tiroirs. Quant à la justice, on ne peut trop lui en demander, comme le souligne M. Fouad Boutros qui rappelle que beaucoup de dérapages aux effets nocifs sont de nature politique, financière ou administrative et ne sont pas passibles de poursuites pénales. Du reste, la justice voire l’État, disposent-ils des moyens nécessaires pour une épuration effective, un assainissement véritable des mœurs politiques, peut-on se demander avec M. Boutros. Il est évident que, dans ce domaine, au titre de l’égalité comme de l’efficacité la plus élémentaire, cela doit être tout ou rien. C’est-à-dire que l’on n’aura rien fait tant que l’on n ’aura pas ouvert tous les dossiers, traqué les corrupteurs autant que les corrompus. Pour tout dire, il faut balayer toute une mentalité et ventiler fortement la caste politique pour la débarrasser de ses miasmes. Mais une telle fin, aussi souhaitable qu’elle soit, ne justifie pas tous les moyens. Ainsi on ne peut accepter l’argument de certains loyalistes selon lesquels il faut absolument que les prochaines législatives produisent une Chambre qui soit le fidèle reflet de l’image de probité du régime. Car cela implique bien évidemment que les résultats du scrutin devront être arrangés, tronqués, ce qui est à l’opposé même de l’esprit nouveau qu’on prétend instaurer. Certes, il n’est pas bon que le pays soit doté d’une tête saine mais d’un corps politique malsain. Mais le mal frapperait encore plus fort si le prétendu traitement devait se fonder sur la triche ou même sur des astuces spécieuses fondées sur un découpage des circonscriptions savamment étudié. Un vétéran, lui-même connu pour son intégrité, souligne dans ce sens que «ce n’est pas en exerçant des pressions abusives, en multipliant les immixtions dans l’opération électorale ou en tronquant les résultats qu’on peut assainir la caste politique. Car ce qui se bâtit sur du faux ne peut donner que du pourri. On l’avait bien vu dans les années soixante, où la situation était presque identique. On voulait alors remplacer à tout prix les politiciens en place, qualifiés de fromagistes, par des fidèles du pouvoir dont certains se sont révélés ensuite d’augustes crapules. Non, c’est au contraire en respectant profondément la démocratie et la liberté de l’électeur, en lui faisant confiance en somme, qu’on peut espérer voir arriver de bons députés. Certes l’État a le droit, et même le devoir, de bien informer le public et de lui montrer au besoin les réalités politiciennes telles qu’elles sont, pour que l’opinion sache les sanctionner et refuser son suffrage aux pourris. L’État a le droit de mettre en garde les Libanais, par exemple, contre les puissances d’argent, mais dans la seule mesure où cela concerne l’achat des voix, qui est interdit par la loi. Le pouvoir en tant que tel ne peut pas, par contre, se poser en acteur électoral. Car dans notre système, qui n’est pas celui des partis, la notion de l’État ne doit pas se confondre avec celle des fractions. L’État n’appartient à aucun camp politique, à aucun clan mais au peuple». Et à ses voix d’élections : vox populi vox dei. Il faut donc que l’urne parle sans être manipulée. Enfin, pas trop.
Jusqu’à présent on ne peut pas dire que la Chambre ait montré beaucoup de zèle dans la lutte active contre la corruption politique. Elle n’a ni constitué une commission spéciale d’enquête ni voté la loi sur l’enrichissement illicite qui traîne dans ses tiroirs. Quant à la justice, on ne peut trop lui en demander, comme le souligne M. Fouad Boutros qui rappelle que...