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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Commémoration - Je me sacrifie et que vive le Liban ! Youssef bey Karam, héros de la lutte pour l'indépendance et contre le confessionnalisme(photo)

Pour commémorer le 110e anniversaire de la mort de Youssef bey Karam, une cérémonie s’est déroulée à Ehden, place de l’église St-Georges où repose le corps de celui qui a été surnommé «le héros du Liban». Plus de deux mille personnes étaient présentes et les conférenciers ont retracé la vie et les combats menés par Karam, un homme en avance sur son époque. Sa lutte contre le confessionnalisme et ses combats pour l’indépendance ont representé un exemple pour tous ses successeurs. «Dieu…, Liban…», tels étaient les deux derniers mots prononcés par Youssef Karam avant sa mort. Son agonie s’est déroulée loin de son village natal, de son pays bien-aimé. Il est mort seul, avec à son chevet un prêtre italien en prière. La solitude du «héros du Liban» à l’heure de sa mort était due à son exil. Un exil forcé de 22 ans. Quelle est la faute qui lui a valu un tel châtiment ? Le grand amour qu’il portait au Liban et son combat pour l’indépendance de son pays. Une lutte herculéenne car les politiques extérieures menaient le jeu. Le sort du Liban était décidé par l’Empire ottoman, en premier lieu, la France et l’Angleterre en second lieu. Leurs conflits se déroulaient au sein même du pays. Les massacres de 1860, page noire de l’histoire libanaise, en sont l’exemple le plus frappant. Cependant, il est important de souligner que si ces tueries n’ont pas atteint le Liban-Nord, c’est bien grâce à l’habileté politique de Youssef Karam et à son combat contre le confessionnalisme. Chef du Liban-Nord Né à Ehden en 1822, Youssef est le fils de Boutros Karam, cheikh du village. Il avait reçu une très solide éducation. Il parlait l’arabe, le syriaque, le français et l’italien. Il succéda à son père en tant que notable du village et l’un des chefs les plus importants du Nord. En 1860, il est désigné «caïmacam des chrétiens». «Son règne était exemplaire et il fut un pionnier au Liban mais aussi dans tout l’Empire ottoman», a relevé Me Badaoui Abou Dib dans l’allocution qu’il a prononcée lors de la cérémonie organisée dimanche dernier pour la commémoration du 110e anniversaire de la mort de Youssef bey Karam. «Pour lui, tous les individus étaient égaux devant la loi, et les chefs politiques ne sauraient en aucun cas être plus importants que le peuple immortel dont émergent des chefs à tout instant», a notamment souligné Me Abou Dib. Toutefois, le règne de Karam fut de courte durée. N’étant pas d’accord avec la politique française et turque. Il démissionne et cède la place à Fouad Bacha, lors de la création de la «Moutassarifiat du Liban». Cette nouvelle formule lui déplaisait et ses conflits avec le gouverneur s’aggravaient à tel point qu’il commençait à représenter une menace pour l’autorité de ce dernier. En 1862, il fut exilé une première fois à Istanbul puis en Égypte, mais en raison de la conjoncture qui prévalait à l’époque, il rentre secrètement au Liban deux années plus tard. Le retour de ce héros dans son village natal a été évoqué dans l’allocution du patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, lue par le père Estephan Frangieh. «Il arriva à Zghorta à huit heures du soir, et il se rendit aussitôt se recueillir devant la tombe de sa mère, décédée durant son exil. Le reconnaissant, les habitants l’accueillirent en le portant sur les épaules, en chantant ses louanges et en sonnant à toute volée les cloches», a indiqué le patriarche maronite. Ainsi, malgré les années d’absence, l’amour que portait le peuple à Karam était resté inchangé. Sa popularité était un danger réel pour le gouverneur qui lui déclara la guerre. Karam se réfugia dans les montagnes, s’abritant dans les grottes, priant dans les églises, sans relâche poursuivi par les soldats turcs. Une vie de hors-la-loi Cette vie errante de hors-la-loi fut de courte durée. Karam menaçait la nouvelle Constitution du pays. Il exigeait de l’Empire ottoman un gouverneur libanais et non un Turc nommé par la Sublime Porte. Et, à sa demande, les habitants du Kesrouan refusaient de payer les impôts. Les forces extérieures interviennent alors une nouvelle fois, l’obligeant à prendre le chemin de l’exil sous la forme d’une invitation de l’empereur Napoléon III. «Il s’est rendu à Bkerké pour s’entretenir avec le patriarche. La foule le suivait, l’acclamait et le pleurait», rapporte Me Abou Dib qui ajoute : «Les gens l’imploraient de ne pas les quitter. Des larmes dans les yeux, il fut obligé de rejeter leur requête. Porté sur les épaules, Karam fut accompagné par des cavaliers et un cortège immense, qui augmentait au fur et à mesure qu’ils s’approchaient de Beyrouth. Par les fenêtres, les femmes louaient son patriotisme et l’aspergeaient de parfums». Karam était devenu de fait chef du Liban avant d’être surnommé son héros. Car sur le bateau qui l’éloignait de ses rivages qu’il ne reverra jamais, Karam criait : «Je me sacrifie et que vive le Liban!».
Pour commémorer le 110e anniversaire de la mort de Youssef bey Karam, une cérémonie s’est déroulée à Ehden, place de l’église St-Georges où repose le corps de celui qui a été surnommé «le héros du Liban». Plus de deux mille personnes étaient présentes et les conférenciers ont retracé la vie et les combats menés par Karam, un homme en avance sur son époque. Sa...