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Actualités - REPORTAGES

Député pour quelques instants, place de l'Etoile

Etre député pour quelques instants, une heure ou un jour : beaucoup ont peut-être caressé ce rêve et beaucoup ont pu le réaliser durant le week-end, grâce aux journées portes ouvertes dans les monuments historiques. Jeunes et moins jeunes, venus des quatre coins du Liban, ont investi, deux jours durant, les locaux de la Chambre, place de l’Étoile, et repartis avec, presque tous, un même trésor : des pellicules qui, une fois développées, les montreront sur les bancs des députés ou des ministres, sur le siège du chef du gouvernement, ou sur la tribune réservée aux orateurs. Place de l’Étoile, on n’a sans doute jamais vu autant de monde. Le nombre des visiteurs est estimé à huit mille au moins en deux jours, selon le lieutenant-colonel Ahmed Assi, chef de la police parlementaire, qui, inlassablement, répond, le sourire aux lèvres, au flot de questions qui lui sont posées. C’est qu’au Parlement, il n’y a pas – comme promis pourtant – de guides pour fournir aux visiteurs des explications. Pour pallier cette lacune, les gardes endossent, de 9h à 14h, samedi et dimanche, l’habit des guides touristiques, sans pour autant quitter leurs postes, répondant aimablement aux questions posées. Dans l’hémicycle, le lieutenant-colonel Ahmed Assi, fournit aux touristes libanais et étrangers des explications détaillées sur le bâtiment, construit en 1934 par l’architecte Mardiros Maltonian, le nombre des députés, le fonctionnement de la Chambre et l’histoire du Parlement. « Où est le siège de Najah Wakim ? » L’édifice est si sobre et l’ameublement tellement minimaliste que les touristes libanais s’arrêtent peu sur les détails architecturaux et logistiques, contrairement aux étrangers. Ce qui les intéresse, en revanche, c’est de savoir comment les lois sont votées et, par-dessus tout, où chaque député prend place. Najah Wakim est, apparemment, le plus populaire parmi les parlementaires. Dans une ambiance bon enfant, les visiteurs attendent patiemment leur tour pour s’installer à sa place. L’hémicycle est bondé. Les sièges des parlementaires et des ministres sont tous occupés. Les gens n’ont presque pas envie de les quitter. «Je suis bien ici. Je rêve», nous dit Saleh Yaghi , venu spécialement de Baalbeck avec un ami pour visiter le Parlement, le Grand Sérail et le palais de Baabda. Pour lui, les journées portes ouvertes «contribuent à briser le barrage entre le peuple et ses représentants, mêmes s’ils ne sont pas là». Saleh veut partir, mais son ami lui demande de rester «encore un peu». «Partons maintenant. Nous reviendrons en tant que députés», rétorque Saleh. « Le député le plus petit du monde » Un peu plus loin, un père de famille s’installe sur le siège du député Abdallah Cassir et dépose sur la chaise d’à côté un nouveau-né dans un porte-bébé bleu. «C’est sûrement le député le plus petit du monde», murmure, amusé, un homme qui observe la scène. Sur le siège du chef du gouvernement, Mme Nazira Sakka Hassan suit attentivement le va-et-vient incessant dans l’hémicycle. «Pourquoi je suis assise ici ? Parce que, comme cela, j’ai l’impression que j’ai le pouvoir d’aider les gens. Nous en avons assez de tous ces responsables vissés à leurs chaises au point qu’ils oublient les gens autour d’eux», s’exclame-t-elle, avant de faire remarquer que les députés auraient dû, «comme le président de la République, être là pour rencontrer la population». Dans le salon des députés, un groupe d’adolescents n’hésitent pas à utiliser le téléphone. «Ce n’est pas tous les jours qu’on pourra dire à nos copains qu’on les appelle du Parlement», disent-ils en s’esclaffant. Les visiteurs ne pourront pas se rendre dans l’aile réservée au président de la Chambre, fermée pour cause de travaux d’entretien. Ils effectueront en revanche une tournée dans le nouveau bâtiment qui abrite les bureaux des députés. Un groupe de jeunes prendra, «en guise de souvenir», la plaque accrochée au bureau de M. Najah Wakim et qui porte le nom de ce dernier. Aucune mesure exceptionnelle de sécurité n’est prise. Les visiteurs, dont plusieurs traînent avec eux une ribambelle d’enfants, vont où bon leur semble. Les instructions du président de la Chambre, M. Nabih Berry, aux responsables de la sécurité, place de l’Étoile, avaient été très brèves : «Tout le monde est le bienvenu. Prenez les mesures nécessaires pour faciliter le déplacement des visiteurs». Ce n’est que lorsque la journée portes ouvertes prendra fin que les sentinelles inspecteront les lieux pour s’assurer que tout est normal.
Etre député pour quelques instants, une heure ou un jour : beaucoup ont peut-être caressé ce rêve et beaucoup ont pu le réaliser durant le week-end, grâce aux journées portes ouvertes dans les monuments historiques. Jeunes et moins jeunes, venus des quatre coins du Liban, ont investi, deux jours durant, les locaux de la Chambre, place de l’Étoile, et repartis avec, presque tous, un...