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Actualités - CHRONOLOGIE

Plus de 20.000 visiteurs à Baabda Le palais présidentiel pris d'assaut par la foule(photo)

Ce qui n’était au départ qu’une initiative culturelle s’est rapidement transformé en un plébiscite du président de la République Emile Lahoud. En deux jours, plus de 20 000 personnes se sont rendues au palais de Baabda comme on effectue un pèlerinage avec, au cœur, un seul espoir, celui de voir de près le chef de l’État. La marée humaine a bouleversé les arrangements préétablis. En principe, les visiteurs du palais présidentiel devaient être canalisés par groupes de quarante, mais les gardes, débordés, ont laissé entrer les citoyens par centaines, ouvrant toutes les portes sous la pression de la foule. L’espace d’un instant, on se serait cru revenu dix ans en arrière... Mais l’illusion se dissipe rapidement car, cette fois, il n’y a ni menaces ni guerre. Le palais de Baabda a été le véritable symbole de l’unité des Libanais. Ceux-ci sont venus des quatre coins du pays, vêtus de leurs plus beaux atours ou en tenue de touristes, avec, dans les mains, des drapeaux et des portraits de Lahoud. Ils avaient beau avoir déjà vu les lieux sur leur petit écran, ils n’en sont pas moins très émus en regardant de près l’endroit où vit leur président. Nullement impressionnés par les ors et les dorures – d’ailleurs rares – du palais, ils écoutent à peine les explications laborieuses des 35 guides du ministère du Tourisme. Ce qu’ils veulent, c’est, le temps d’une visite rapide (une heure environ), côtoyer l’univers des Grands, toutes barrières enlevées. D’ailleurs, l’initiative d’ouvrir le palais aux Libanais pendant deux jours s’inscrit dans le souci de transparence du président qui souhaite autant que possible être proche des citoyens. L’accueil réservé aux Libanais anonymes en est la meilleure preuve : la fanfare présidentielle joue en permanence des airs patriotiques et les soldats perdent au fil des heures leur maintien guindé pour se laisser gagner par l’enthousiasme de la foule. Même les guides oublient parfois leur texte, conscients que l’attention des visiteurs est surtout orientée vers une éventuelle apparition du président Lahoud. Les visiteurs de samedi ont eu plus de chance que ceux d’hier. Au moment d’entrer dans le bureau présidentiel, ils aperçoivent le chef de l’État s’entretenant avec le député Boutros Harb. Se pliant de bonne grâce aux désirs de la foule, ce dernier se lève et salue petits et grands avec beaucoup de simplicité. Une dame en noir profite de l’aubaine pour rappeler au président le dossier des personnes disparues pendant la guerre et M.Lahoud promet de faire de son mieux pour régler ce terrible problème qui touche, selon les dernières statistiques, 17 000 familles. Encouragé par tant de courtoisie, un vieil homme lance un vibrant : «M.le président, c’est en vous que nous avons placé nos espoirs». Et M. Lahoud répond : «Nos espoirs sont dans l’État de droit que nous nous employons à édifier». Accolades, salutations, le président passe quelques minutes intenses avec les visiteurs, faisant monter d’un cran l’excitation de la foule. Il refait une seconde apparition, samedi, mais dimanche, la foule est vivement déçue car le président est absent. Deux écrans géants ont toutefois été aménagés dans l’immense vestibule de marbre et les visiteurs peuvent revivre les moments forts des 11 mois du mandat Lahoud. Nombreux sont ceux qui s’attardent pour regarder ces images entrées dans notre petite et grande histoire alors que les guides cherchent à les pousser vers les autres salles afin de poursuivre la visite. Les citoyens peuvent ainsi voir le salon du 22 novembre où sont donnés les grands dîners officiels, la salle des ambassadeurs où les nouveaux diplomates présentent leurs lettres de créance, l’ancienne salle de réunion du Conseil des ministres, le bureau présidentiel, la salle à manger et même la chambre à coucher réservée aux hôtes officiels. Mais c’est dans la salle réservée à la cellule des plaintes que la station est la plus longue, certains visiteurs profitant de l’occasion pour remettre en mains propres une doléance, d’autres voulant consulter les registres par simple curiosité. La visite guidée terminée, des douceurs et des rafraîchissements attendent la population dans la cour intérieure du palais et c’est à qui posera devant les parterres de fleurs pour emporter de cet instant inoubliable un souvenir concret. «Baabda, palais du peuple», l’appellation a peut-être été déjà utilisée mais hier, elle a pris une nouvelle signification.
Ce qui n’était au départ qu’une initiative culturelle s’est rapidement transformé en un plébiscite du président de la République Emile Lahoud. En deux jours, plus de 20 000 personnes se sont rendues au palais de Baabda comme on effectue un pèlerinage avec, au cœur, un seul espoir, celui de voir de près le chef de l’État. La marée humaine a bouleversé les arrangements...