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Actualités - OPINION

Le Kansas, l'Islam et Israël ...

L’État américain du Kansas n’enseignera plus la théorie de l’évolution de l’espèce à ses fils. Ainsi en ont décidé les autorités qui le gouvernent. Les élèves et étudiants qui y font leurs études n’entendront plus parler de Darwin et du darwinisme mais s’en tiendront à Dieu, c’est-à-dire au créationnisme selon la lettre de la Bible. Non, on ne rêve pas ; pas plus que l’on ne croit rêver lorsque le cheikh Ibrahim Zeid al-Kilani, ancien ministre des Affaires religieuses du royaume hachémite, qualifie d’adultère collectif la cérémonie prochaine qui doit aboutir à l’élection de miss Jordanie. «L’islam, a en effet déclaré le dignitaire musulman, interdit l’adultère, que ce soit en privé ou en public ; or celles qui prennent part à ce concours exposeront leurs charmes aux arbitres». À la voix du cheikh s’est jointe celle de M. Abdel Latif Arabiyat, Jordanien lui aussi et secrétaire général du Parti du front de l’action islamique (parrainé par les Frères musulmans), qui estime, lui, qu’une telle élection s’inscrit dans le cadre d’«un plan sioniste visant à plonger la Jordanie dans des absurdités incompatibles avec notre société». Si le premier des deux islamistes a pour lui le mérite de l’originalité (la singulière conception d’un adultère qui ne trahit pas les liens sacrés du mariage, les candidates étant des demoiselles, et n’implique pas de pratique sexuelle), le second enfourche un dada plus qu’éculé dans le monde arabe, tant il a servi à stigmatiser tout et n’importe quoi au nom d’une prétendue conjuration d’infidèles... Voilà pour les nouvelles de la semaine. Pour celle du jour, on pourrait méditer sur le geste de Mme Randa Chahal Sabbag refusant le prix de l’Unesco accordé à son film (présenté à la Mostra de Venise) parce qu’elle partage cette distinction avec un cinéaste israélien. On ne fera pas l’injure à la réalisatrice de lui demander si elle fait du cinéma ou de la politique, une question aussi primaire trahissant une position polémique, ce qui n’est pas notre propos. Cela dit, la jeune femme nous révèle que le metteur en scène du film classé ex aequo avec le sien a d’excellentes positions politiques, manifeste constamment avec les Palestiniens et publie des communiqués contre la répression israélienne. Elle ajoute : «J’ai pris cette position non pas contre la personne (du metteur en scène), mais contre Israël qui occupe une partie de notre terre». En adoptant cette attitude, la cinéaste pose un problème qui dépasse sa personne et son cas. Faut-il en effet que les artistes et intellectuels arabes, les Palestiniens en premier, refusent, à l’instar de la jeune femme, tout dialogue avec des Israéliens de bonne foi, parce que leur État occupe des terres leur appartenant ? Faut-il leur faire endosser ainsi une «responsabilité collective» pour les erreurs de leurs gouvernants, comme certains des Alliés, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la firent endosser aux Allemands ou aux Japonais pour les crimes de Hitler ou l’irréductibilité des dirigeants militaires dominant Hirohito ? Mais d’autre part, la propagande israélienne ne risque-t-elle pas d’exploiter de telles rencontres d’intellectuels pour écouler l’escroquerie d’une coexistence ou même d’une «fraternisation» bien «prématurée» puisque l’occupation persiste jusqu’à nouvel ordre ? Cela dit, et sur un autre plan, on est saturé des remous incessants qui agitent l’opinion française à propos du «lobby juif» dont Mitterrand s’est plaint à Jean d’Ormesson avant de mourir (et qui montrent bien l’hypersensibilité, voire la tétanisation des «intellectuels de gauche», comme on disait autrefois, à tout frémissement antisémite et qu’on le comprenne n’enlève rien à l’agacement). Contentons-nous de saluer la fin (enfin) des festivals, les nouveaux «week-ends du patrimoine», le retour de l’art contemporain dans les galeries, l’agrandissement prochain du musée Sursock qui va s’offrir deux niveaux de sous-sols pour ses collections et ses expositions, bref l’automne-hiver. Quant à l’an 2000 qui nous lorgne, feignons de n’en attendre qu’une chose : que ma petite fille Marie, en sa première année scolaire, ne soit pas trop déçue de lui voir perdre tous ses 9. Sur ce, à bientôt, merci d’avoir été au bout de mon laborieux bavardage.
L’État américain du Kansas n’enseignera plus la théorie de l’évolution de l’espèce à ses fils. Ainsi en ont décidé les autorités qui le gouvernent. Les élèves et étudiants qui y font leurs études n’entendront plus parler de Darwin et du darwinisme mais s’en tiendront à Dieu, c’est-à-dire au créationnisme selon la lettre de la Bible. Non, on ne rêve pas ; pas plus...