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Actualités - ANALYSE

Réforme - La gestation s'avère plus difficile que prévu Possible séminaire ministériel pour les nominations

Encore une promesse qui tarde à se concrétiser. Pas plus que la loi électorale, la réforme administrative n’arrive à prendre corps. Au début de l’été, le président du Conseil se donnait deux petites semaines pour parachever le programme. Mais les organismes de contrôle auxquels il a confié le soin de mettre au point les nominations pour le pourvoi aux postes vacants et le système de rotation des directeurs généraux traînent les pieds. Un responsable affirme que ces organismes sont sur le point de terminer leur rapport, qui sera aussitôt transmis au Conseil des ministres par le biais du ministre de la Réforme M. Fadl Chalak. Mais un technicien informé croit savoir que l’on est encore loin du compte. Pour la bonne raison que les cadres des organismes de contrôle, qui sont après tout des hommes ayant leurs affinités ou leurs sympathies, ne parviennent pas à accorder leurs violons sur les noms, quand il s’agit d’attribuer les postes-clés de l’administration. Ils veulent mettre au point une seule liste, ce qui rend leur tâche plus difficile. En effet, sous le gouvernement Omar Karamé, du temps de M. Élias Hraoui, on avait imaginé de préparer deux paniers distincts, en base de critères de dosage et de quotas confessionnels précis. Chaque direction générale était ainsi, comme les matières d’un examen officiel, dotée d’un coefficient déterminé. Le total était le même dans les deux listes et à l’époque on avait demandé aux chrétiens du Cabinet de choisir à leur gré une des deux séries, l’autre allant aux musulmans. Il semble qu’on ne veuille plus maintenant s’accommoder de cette méthode à la Salomon, parce que l’on cherche à supprimer les apanages, c’est-à-dire à ne plus octroyer automatiquement telle direction générale à tel rite. Aussi les organismes de contrôle éprouvent-ils de la difficulté à faire leur choix ? Il est très possible dès lors qu’ils se résignent à présenter au gouvernement un tableau de plusieurs alternatives, pour qu’à son tour, il se mette à se gratter la tête en se demandant que faire, qui désigner aux postes vacants, qui promouvoir et qui rétrograder au niveau de la première catégorie de fonctionnaires. Occupation de loto à laquelle il se livrerait dans le cadre d’un séminaire ministériel qu’il serait contraint d’organiser, pour être en mesure d’effectuer les nominations administratives avant que ne s’ouvre le débat sur le budget 2000 à la Chambre, après la mi-octobre. Un ministre croit pouvoir préciser que l’empoignade est sévère entre chiites et sunnites, les premiers estimant que les deuxièmes sont trop favorisés par rapport au panel général qui revient à la communauté mahométane. Les autres communautés, affirme ce ministre, ne posent pas problème et s’entendent sans difficulté entre elles sur la répartition de leurs quotas respectifs en matière de postes de la première catégorie. Le ministre cité déclare en substance que les chiites «non seulement en veulent plus, mais tiennent à garder pour eux des postes déterminés, comme la présidence du Conseil du Sud, la vice-présidence de cet organisme allant à un maronite. Bien entendu on enrobe de pareilles demandes d’une argumentation soi-disant non confessionnelle. Ainsi les chiites affirment que ce n’est pas pour leur communauté, mais pour la région qu’ils exigent qu’un Sudiste majoritaire, sensible par définition aux problèmes de la contrée, assume la direction du Conseil du Sud. Et cela leur paraît d’autant plus justifié que ce Conseil est administrativement sous la coupe directe du président du Conseil qui, jusqu’à nouvel ordre, n’est pas chiite mais sunnite». Une fois de plus, il se vérifie donc que Taëf, ou plutôt l’application qu’on en fait, enfonce le pays dans des clivages confessionnels encore plus exacerbés qu’auparavant. Il faut cependant noter que les frictions à caractère confessionnel auraient été sans doute moindres s’il existait une sympathie, pour ne pas dire une harmonie, entre les présidents Berry et Hoss. C’est peut-être le manque d’atomes politiques crochus entre eux qui les empêche de suivre l’exemple du chef de l’État qui pour sa part, dans les désignations qui relèvent de lui, ne s’embarrasse pas de répartition confessionnelle et ne retient que le critère de compétence. Il a ainsi confié la direction de la garde présidentielle, traditionnellement dévolue à un maronite, à un officier mahométan. Il a de même nommé à la tête de la Sûreté générale non pas un maronite mais un chiite. Inversement, il a confié le commandement de la Sûreté d’État à un grec-catholique, non à un musulman, et il a désigné un sunnite non un chrétien comme directeur général des services de la présidence de la République.
Encore une promesse qui tarde à se concrétiser. Pas plus que la loi électorale, la réforme administrative n’arrive à prendre corps. Au début de l’été, le président du Conseil se donnait deux petites semaines pour parachever le programme. Mais les organismes de contrôle auxquels il a confié le soin de mettre au point les nominations pour le pourvoi aux postes vacants et le système...