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Actualités - INTERVIEWS

Initiatives - Le prince Talal ben Abdel Aziz attendu à Beyrouth Université ouverte et Banque des pauvres bientôt au Liban(photos)

À l’initiative du prince Talal ben Abdel Aziz, deux projets d’intérêt social sont en cours de réalisation au Liban et dans d’autres pays arabes : une «Université ouverte» et une «Banque des pauvres», projets dont l’émir parle avec passion et conviction dans une interview exclusive à «L’Orient-Le Jour» lors de son récent séjour en France. L’«Université ouverte» existe dans plusieurs pays; la première du penre fonctionne déjà en Égypte alors que des centaines de «Banques des pauvres» permettent à des personnes démunies d’accéder au monde du travail grâce à des prêts sans garantie, sinon l’effort personnel. Il faut dire que l’émir Talal n’en est pas à ses premières initiatives dans le domaine social puisqu’il déploie depuis plus de deux décennies une intense activité socio-humanitaire en tant que haut responsable d’organismes relevant des Nations unies. Il y a quelques années, il avait largement contribué à la création d’un «Programme du Golfe arabe de soutien aux organismes de développement des Nations unies» qui est justement engagé dans le financement de projets de développement dans divers pays du monde. L’émir Talal, qui est connu pour son courage et son franc-parler, est probablement le plus frondeur et le moins conformiste des fils du roi Abdel Aziz al-Séoud, fondateur du royaume. Et cela lui a valu de nombreuses années d’absence du pays, une époque qu’il a consacrée à ses projets visant à l’émancipation et au développement des pays et des peuples arabes. De ces années de lutte, celui qui fut un des fils favoris du «Léopard du désert» a gardé une pertinence dans le propos rarement entendue parmi les dirigeants de la région. Il ne pratique pas la langue de bois et n’hésite pas à parler d’obscurantisme et de mentalités moyenâgeuses lorsqu’il dénonce par exemple le sous-développement de certaines zones rurales arabes ou l’interdiction faite aux femmes de conduire leur voiture en Arabie séoudite. Une université d’accès facile L’«Université ouverte» telle que présentée par le prince Talal ben Abdel Aziz est un ensemble de facultés implantées sous forme de centres universitaires aussi bien dans les villes que dans les campagnes, ce qui signifie qu’elles vont vers l’étudiant qui ne peut accéder aux universités conventionnelles faute de moyens ou par manque de places. Ces centres fonctionnent comme des écoles supérieures conventionnelles, avec leurs professeurs et leurs cadres administratifs. Elles peuvent également assurer un enseignement à distance, qui garde toute sa qualité grâce aux systèmes informatisés les plus sophistiqués. Tant au Liban que dans nombre de pays de la région, les études supérieuses sont chères pour la majorité des jeunes et «nos amphithéâtres sont bondés», déclare l’émir, qui précise que le monde arabe a besoin de centaines d’universités libres, que celle du Caire comprend plus de quarante mille étudiants et qu’une autre UO sera implantée au Liban. Le coût des études dans une université ouverte représente 20 à 30 % des tarifs pratiqués par les établissements conventionnels. Les financements sont obtenus par des subventions, des dons provenant de fondations et par le biais d’investisseurs privés qui ne recherchent pas de retours supérieurs à 15 %, ce qui est possible dans plusieurs pays arabes. Récemment, explique l’émir Talal, un comité supérieur chargé de coordonner les projets d’universités ouvertes dans le monde arabe a été formé. Il comprend des représentants de l’Unesco, de la Banque mondiale, de l’UO de Grande-Bretagne et des experts libanais, jordaniens, égyptiens et séoudiens qui gèrent le projet par l’entremise d’un directeur général, le Dr Mohammed Ahmed Hamdan, ancien ministre jodanien de l’Enseignement supérieur. Un plan d’action et un ordre de priorité ont été établis prévoyant notamment le lancement à Beyrouth, au Caire et dans d’autres villes et campagnes arabes de facultés pour l’enseignement des langues, des sciences liées aux technologies nouvelles, des techniques de gestion d’entreprises et des établissements spécialisés dans le perfectionnement des cadres administratifs. Prêts garantis par le travail Le deuxième projet en cours de réalisation par l’émir Talal est une «Banque des pauvres» inspirée d’un établissement de crédit créé au Bangladesh dans les années soixante-dix par un entrepreneur local nommé Mohammed Younès, qui voulait tout simplement démentir l’adage selon lequel on ne prête qu’aux riches. Younès avait commencé, avec un modeste capital de quelques centaines de dollars, à avancer de petits montants sans garantie à des agriculteurs, des ouvriers et des artisans pour l’achat d’un outil, d’une tête de bétail ou d’une machine afin d’accroître leur rendement et de leur permettre de sortir de l’état de précarité dans lequel ils croupissaient L’expérience a si bien réussi que de nombreux clients de la «banque» sont devenus des actionnaires dans l’établissement, dont le capital s’élève à deux milliards de dollars. Des banques de ce genre sont appelées à s’ouvrir au Caire puis à Beyrouth, où l’émir se rendra prochainement pour un tour de table qui permettra de réunir quelque six millions de dollars devant constituer le capital initial de la banque. Il investira lui-même deux millions de dollars, a-t-il précisé, et rencontrera de hauts responsables – dont le président de l’Assemblée nationale Nabih Berry – qui ont déjà réservé un accueil favorable au projet. Le «Programme du Golfe arabe» finance par ailleurs divers projets de développement dans le monde en collaboration avec des organismes relevant des Nations unies a indiqué le prince Talal ben Abdel Aziz, qui a cité des projets de développement agricole avec la FAO, des hôpitaux avec l’aide de l’OMS, des centres de soins aux enfants handicapés sous l’égide de l’Unicef. Révolutionner l’habit traditionnel de la femme arabe De plus, ce programme a financé une étude exhaustive sur la condition de la femme et de l’enfant dans le monde arabe ainsi que la situation des familles en général. À la lumière de ce rapport, des centaines de jardins d’enfants et d’écoles primaires ont été implantés en Arabie séoudite et dans d’autres pays du Golfe ainsi que des centres de formation de cadres pour l’orientation et l’assistance sociale. Sur la condition de la femme arabe, l’émir Talal affirme que beaucoup reste à faire et s’élève contre les mentalités rétrogrades prévalant dans certains pays et qui empêchent la femme de contribuer activement à la vie collective. Il dénonce vivement, par exemple, l’interdiction faite à la femme séoudienne de conduire sa voiture et lance un appel en faveur d’un changement radical dans ce domaine ainsi que dans d’autres domaines grâce à des réglementations tenant compte des nécessités de la vie moderne. Toujours à propos de la femme arabe, notamment dans la région du Golfe, le prince rappelle qu’il avait entrepris en 1979 de promouvoir un habit traditionnel féminin inspiré de la culture et du patrimoine national arabes. Il avait voulu ainsi remplacer le voile noir traditionnel, qui ressemble, avait-il dit, à une tenue de deuil, par des formes et des couleurs plus appropriées. «Nous ne voulons pas que nos épouses portent le deuil de notre vivant», dit l’émir, qui ajoute que des stylistes français de renom avaient esquissé alors des modèles qui avaient été rejetés par les autorités de l’époque. Réflexions sur le Machrek Sur des questions d’ordre général et d’actualité, Talal ben Abdel Aziz qui connaît bien le Liban pour y avoir vécu de nombreuses années souhaite que la région du Machrek et en particulier le Liban et la Syrie connaissent un développement harmonieux tout en renforçant la démocratie et en coordonnant leurs politiques économiques. Il déplore le maintien de l’embargo contre l’Irak tout en condamnant l’agression contre le Koweït. Les mesures prises à l’encontre du régime de Bagdad, estime-t-il , ne pénalisent pour l’instant que les classes démunies. Lors de son séjour en France, l’émir Talal s’est intéressé à une initiative du président de l’Assemblée nationale française, M. Laurent Fabius, et du directeur généra de l’Unesco, M. Federico Mayor, de réunir dans quelques semaines à Paris le premier «Parlement mondial de l’enfance». Il compte suivre de près l’événement et cela pourrait l’inspirer dans ses actions futures en faveur de l’enfance et des conditions de vie de la jeunesse arabe.
À l’initiative du prince Talal ben Abdel Aziz, deux projets d’intérêt social sont en cours de réalisation au Liban et dans d’autres pays arabes : une «Université ouverte» et une «Banque des pauvres», projets dont l’émir parle avec passion et conviction dans une interview exclusive à «L’Orient-Le Jour» lors de son récent séjour en France. L’«Université ouverte»...