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Actualités - ANALYSE

La méfiance continue à régner à Beyrouth

M. Farès Boueiz, qui a si longtemps dirigé la diplomatie libanaise, redoute Ehud Barak comme négociateur potentiel. Il relève que l’homme est un mélange d’astuce diplomatique et de rugosité militaire qui ne sera pas facile à manœuvrer et qu’il ne faut surtout pas prendre pour un duplicata de Rabin le pacifiste. M. Boueiz, habitué à lire les messages entre les lignes, relève que Madeleine Albright a évité lors de son passage à Beyrouth d’évoquer la reprise des négociations sur le volet libanais. À son avis, cela confirme indirectement le radicalisme camouflé de Barak. Car ce dernier aurait fait comprendre aux Américains qu’il n’est pas disposé à ouvrir le dialogue avec les Libanais. Sans quoi, ajoute M. Boueiz, la secrétaire d’État US aurait tout naturellement discuté avec les autorités libanaises du timing et du site des pourparlers, puisque après tout c’est à cette fin qu’elle s’est pointée dans la région. L’ancien ministre estime donc que Barak a dit en substance aux Américains qu’il n’est pas encore prêt pour parler avec les Syriens ou avec les Libanais, vu qu’il est accaparé par l’application des accords de Wye et de Charm el-Cheikh conclus avec les Palestiniens. Le Premier ministre israélien aurait précisé qu’après ces accords, contestés par une partie de son opinion publique, il ne peut s’engager sur la voie de nouvelles négociations qui le forceraient à faire de nouvelles concessions à des parties arabes. Les appréhensions de M. Boueiz sont largement partagées par les responsables locaux. On sait en effet que son successeur, le président Sélim Hoss, se méfie, lui aussi ouvertement de Barak mais aussi, à un moindre degré, des Américains auxquels il reproche à mots à peine couverts de n’être pas assez attachés aux principes de Madrid. Ce qui est une façon indirecte de les accuser de partialité en faveur de Tel-Aviv. Généralement, on pense à Beyrouth que Ehud Barak se fixe comme objectif une fausse paix qui serait en réalité une vraie capitulation arabe. Des députés sudistes, dont M. Mohammed Abdel Hamid Beydoun, craignent pour leur part que la politique israélienne ne mène à une impasse, un blocage qui provoqueraient un sérieux embrasement de la région frontalière. L’escalade militaire, estiment ces parlementaires, servirait de prétexte aux Américains pour faire pression sur Damas afin qu’il lâche du lest et qu’il s’engage à neutraliser le Hezbollah, comme l’exige Israël. Pour en revenir aux responsables libanais, ils estiment que Barak multiplie les déclarations apparemment positives à seule fin de promouvoir dans l’opinion publique mondiale l’image d’un Israël pacifiste. Ils donnent le Sud pour exemple, en soulignant qu’au lieu de promettre à tout bout de champ un retrait dans un an, Barak, s’il était sérieux, donnerait immédiatement ses ordres pour que l’opération commence. Ils ajoutent qu’à l’instar de Netanyahu, il fait semblant de reconnaître la 425 tout en continuant à poser des conditions, ce que cette résolution n’admet pas.
M. Farès Boueiz, qui a si longtemps dirigé la diplomatie libanaise, redoute Ehud Barak comme négociateur potentiel. Il relève que l’homme est un mélange d’astuce diplomatique et de rugosité militaire qui ne sera pas facile à manœuvrer et qu’il ne faut surtout pas prendre pour un duplicata de Rabin le pacifiste. M. Boueiz, habitué à lire les messages entre les lignes, relève que...