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Actualités - REPORTAGES

Festival Ayloul - Présentation du dernier travail de Walid Sadek Bigger than Picasso, apparemment inoffensif(photos)

Dans le cadre du festival Ayloul, Walid Sadek présente son dernier travail. Il s’agit d’un (très) petit livre (7x11cm), à couverture noire, intitulé Bigger than Picasso. (*) Apparemment inoffensif, quand on ne connaît pas le parcours de ce jeune artiste libanais. Il suffit de l’ouvrir pour comprendre : les 60 pages de gauche sont illustrées par la même image en noir et blanc (sauf, étrangement, à deux reprises, où elle apparaît en couleur…). Les 60 pages de droite proposent des extraits de textes relatant des actes iconoclastes. «J’ai choisi ces textes pour leur ambiguïté», explique Walid Sadek. Le ton est donné. «Entre 1992 et 1997, j’ai travaillé sur un héritage chrétien (Walid Sadek est maronite)» : les travaux de l’artiste sont toujours polémiques, comme l’installation de 1995 dans le jardin de Sanayeh, qui rendait hommage à Tarraf Ibrahim Tarraf, pendu en public en 1982 à cet endroit. Fondée sur le thème de l’exclusion, cette œuvre (un pendu…) était couverte de textes parlant d’érotisme et de culture. La même année, il participe au Salon des architectes décorateurs, présenté dans le centre-ville. Walid Sadek a créé son installation à partir d’un de ses rêves. Le mythe du phénix en était le thème central, mêlé à celui du suicide (un homme se jetant d’un balcon) : «Ce mythe du renouvellement perpétuel est pour moi à l’image de ce centre-ville qui veut faire oublier le passé, celui de la guerre». En 1998, il s’intéresse au Liban-Sud occupé, et propose un cylindre en carton, sur lequel une étiquette mentionne le mot «boîte», qui veut aussi dire «bombe» (aboué en arabe). À l’intérieur, trois papiers, écrits l’un à côté de l’autre, l’un indiquant le nom des milices et la couleur de leur tenue, l’autre représentant une sorte de mètre précisant la distance séparant la zone occupée du théâtre de Beyrouth, lieu de l’exposition. Enfin, un exemplaire photocopié du laissez-passer nécessaire à celui qui veut se rendre dans cette région. Walid Sadek est sans aucun doute un artiste engagé, qui n’hésite pas à créer des œuvres polémiques : «Sans la guerre, je ne suis rien, affirme-t-il. C’est par elle que j’ai trouvé un certain langage artistique». Ses installations, qui ont été parmi les premières au Liban, prenaient le contre-pied de ce qui se faisait «dans un pays qui est comme une toile dans une galerie». Estimant que cette forme d’expression n’a pas connu, à son époque (avant 1998), suffisamment d’impact et que lui-même ne trouve pas sa place en tant que citoyen, l’artiste exprime à présent «une opinion très personnelle», dans la droite ligne de la conférence qu’il a donnée à Liverpool, qu’il a éditée dans un format moitié plus petit que Bigger than Picasso. Intitulée “Karakoé”, il étudie le comportement éphémère de «star» que peut ressentir l’amateur de karaoké et la double identité qu’il en résulte… Les textes «ambigus» de ce petit fascicule, Walid Sadek voudrait qu’ils «poussent les gens à penser». Il ajoute : «Ces actes iconoclastes évoquent la possibilité de la destruction, qui remet tout en cause». L’artiste a été inspiré pour ce travail par une phrase de Paul Weyne : «Les monuments appartiennent à un art sans spectateur». Quant au monument dont il est question dans Bigger than Picasso, titre pour le moins ironique, c’est aux curieux de le découvrir. (*)En vente à 5 000 LL au Lycée Abdulkader, rue Abdulkader, Karakol el-Druze, Beyrouth. Tél. : 01 365 429.
Dans le cadre du festival Ayloul, Walid Sadek présente son dernier travail. Il s’agit d’un (très) petit livre (7x11cm), à couverture noire, intitulé Bigger than Picasso. (*) Apparemment inoffensif, quand on ne connaît pas le parcours de ce jeune artiste libanais. Il suffit de l’ouvrir pour comprendre : les 60 pages de gauche sont illustrées par la même image en noir et blanc (sauf,...