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Actualités - REPORTAGES

Festival de Byblos - Wadih el-Safi et José Fernandez Duo de choc pour un heureux métissage arabo-andalou(photo)

À l’ombre des vieilles pierres illuminées de la Citadelle de Byblos, non loin du roulis de la mer et sous un ciel d’été aux étoiles clignotantes, la musique avait ce soir-là tous les privilèges… Inondée de lumière par un éblouissant collier de spots, la scène était envahie par un duo de choc pour un heureux métissage arabo-andalou. Au micro Wadih el-Safi, sobrement en costume gris et cravate et à 78 ans d’un tonus plus jeune que les plus jeunes et à ses côtés José Fernandez, la vingtaine fringante, cheveux à la Samson et arborant une flamboyante chemise ample d’un rouge vif. Contraste des «look» pour un choc des cultures, des générations, des styles, de manière d’être et surtout de «vivre» une scène et un spectacle. Entourés d’une quinzaine de musiciens (avec la présence du oud, de la guitare, du riq, de la tablé, du katoum, du kanoun, du nay, du violon, de la contrebasse et surprise pour les très nombreux auditeurs, du canjo, un instrument de musique gitan), d’une danseuse flamenco ponctuant discrètement le tour du chant de ses interventions aux gestes gracieux, Wadih el-Safi et José Fernandez, l’un «maestro du tarab» et l’autre «jeune enflammé du canto gitan», ont offert à un auditoire emporté par l’enthousiasme et ravi d’être submergé de rythmes, de «sahbaat» et de modulations d’un récital où ont alterné les plus grands succès du «chantre» du Liban mêlés aux accents andalous les plus lyriques, les plus incantatoires. Dialogue, correspondance et fusion de deux chants aux sources rapprochées ; d’où ce «naturel», ce «spontané» d’une chute de mesures qui se combinent et s’emboîtent si aisément d’une langue à une autre, d’un rythme à un autre, d’une cadence à une autre, des rives de la Phénicie à celles de l’Andalousie, d’une liquescente coulée de kanoun aux frémissements d’un canjo aux roulements persistants… Humour à profusion et esprit pétillant étaient l’apanage de Wadih el-Safi qui a littéralement conquis et galvanisé l’auditoire. Voix pure et puissante pour un chant au lyrisme torrentiel et à la poésie vive et chaleureuse. Aux «ya leyl» prolongés comme un «abou zoulouf» correspondent les «olé» frénétiques, aux plaintes larmoyantes du «oud» répondent les flambées électriques d’une guitare nerveusement accordée, avec le timbre porté par la tendresse et le vibrant patriotisme de Wadih el-Safi s’harmonisent les accents blessés et les invocations passionnées de José Fernandez. Ici les phrases, les rythmes, les cadences, les mesures, venues de mondes sonores différents mais faussement lointains, se rejoignent, se prolongent, s’interpénètrent, se recoupent, s’imbriquent, fondent en un seul horizon… Aux «mijana» font écho les «ya arriba», aux talons en feu d’une danseuse à la taille cambrée et aux cheveux relevés font face les battements à la rame des «ya rayess» et les joyeux «zalaghit» d’une permanente fête orientale… Malgré un retard d’un bon trois quart d’heure à entamer le spectacle (la foule continuait tranquillement d’affluer), et malgré l’impatience manifeste du public, le monde du «keif» a réservé d’insoupçonnables compensations que «maître» Wadih a généreusement dispensées à ses fans, avec une incommensurable gentillesse. Et de toute évidence, ce public très nombreux, est venu applaudir ici une vedette nationale adulée qui fait d’authentique et emblématique mémoire collective. On retrouve là «la» voix de l’Orient certes mais surtout celle du Liban de la lumière et de l’hospitalité. Dès que Wadih el-Safi a entamé ses couplets sur «Loubnan» sur un tempo vif et animé, l’auditoire comme ivre de reconnaissance, s’est levé et a scandé, avec cœur et joie, ces refrains qu’il a lui-même plébiscités. Touchante rencontre d’un «chanteur», à la voix d’or, à la présence sécurisante, au verbe de «miel» (pour reprendre nos bonnes formules du terroir) et surtout au talent immense avec un public qui l’a ovationné à tout rompre. Non seulement un triomphe ou un «tabac», mais un des concerts populaires les plus délirants et les plus émouvants de cette fin d’été.
À l’ombre des vieilles pierres illuminées de la Citadelle de Byblos, non loin du roulis de la mer et sous un ciel d’été aux étoiles clignotantes, la musique avait ce soir-là tous les privilèges… Inondée de lumière par un éblouissant collier de spots, la scène était envahie par un duo de choc pour un heureux métissage arabo-andalou. Au micro Wadih el-Safi, sobrement en costume...