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Actualités - ANALYSE

Les impératifs de base sont plutôt contradictoires Le projet en gestation est déjà source de multiples différends

Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Une fois de plus, on répond à un problème par un autre problème. En effet, la solution envisagée pour la loi électorale débouche sur un véritable casse-tête politique. Pour la bonne raison qu’on veut allier des impératifs difficilement conciliables dans un pays composite : la vraie représentativité des élus, donc leurs solides assises confessionnelles ; et le «brassage», autre terme de la déconfessionnalisation. Autre difficulté que posent les dirigeants et qu’ils s’imposent : une formule fondée sur une parfaite égalité entre toutes les régions. Ce qui implique un même système de découpage des circonscriptions partout. Option idéale en apparence mais paradoxalement injuste en pratique. Car en procédant d’une façon aveuglément uniforme, on provoque bien plus de déséquilibres, de vraies discriminations qu’on ne met sur pied des modèles raisonnables, harmonisés. Comme le savent les statisticiens, tout nivellement général, s’il n’est pas pondéré au cas par cas par des mesures précises, donne en réalité un graphique en dents de scie, non en vecteur linéaire. L’exemple concret le plus frappant, le mieux connu, reste celui des druzes du Mont-Liban. Si le mohafazat était instauré, la communauté y perdrait beaucoup, ses députés se retrouvant sous contrôle politique du camp maronite; et si c’était le caza, elle y gagnerait trop, en ayant à sa solde plus de députés chrétiens que de druzes. On pourrait alors penser, comme les loyalistes ont d’ailleurs tendance à le faire, que la solution résiderait dans l’adoption d’un moyen terme : moins que le mohafazat et plus que le caza. «Une idée aussi séduisante que trompeuse, répond un analyste. Car appliquée partout dans le pays, elle produirait des effets différents selon les régions, les disparités de superficie comme en nombre de sièges à la Chambre étant assez considérables entre les mohafazats. En les découpant en deux ou en trois, on obtiendrait comme résultat qu’un parlementaire représenterait par exemple 10 000 électeurs alors qu’un autre ne serait porteur que de 1 000 mandats. Ce qu’il faudrait, estime cette source, c’est que l’unification se fasse en fonction justement du nombre d’électeurs. On attribuerait à une communauté déterminée un siège par 20 000 ou 30 000 électeurs par exemple. Mais cela implique une modification incroyablement complexe des frontières géographiques qui limitent les districts administratifs. Un travail de titan qui prendrait des années et provoquerait du reste mille clashes politiques. Il n’en reste pas moins que si l’on veut artificiellement ou de force mettre ensemble des communautés qui peuvent facilement être séparées, au lieu de les rapprocher, on les dresse l’une contre l’autre. C’est ce qu’on a vu en 1996 dans la Békaa, où les chiites de Baalbeck, qu’on a tenu à mélanger aux grecs-catholiques de Zahlé, ont failli en découdre avec ces derniers, pour la suprématie régionale. Alors que lorsque la plaine est divisée entre eux, chacun dans sa zone, ils se regardent avec bienveillance et fraternisent volontiers». Une autre personnalité pense pour sa part qu’il faut, «avant tout, empêcher les gros poissons de dévorer tout crus les petits. Il ne faut pas qu’une minorité soit asservie par une majorité. Le mieux c’est donc d’adopter le caza, qui est toujours relativement harmonisé sur le plan communautaire ou à la rigueur les deux cazas mis ensemble. Si l’on continue à avoir à la Chambre deux fois plus de députés contrôlés par la partie mahométane que par la partie chrétienne, alors que la parité arithmétique existe en principe, le Liban finira par faire son deuil de la coexistence. Et de l’existence».
Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Une fois de plus, on répond à un problème par un autre problème. En effet, la solution envisagée pour la loi électorale débouche sur un véritable casse-tête politique. Pour la bonne raison qu’on veut allier des impératifs difficilement conciliables dans un pays composite : la vraie représentativité des élus, donc...