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Actualités - CHRONOLOGIE

De la mer Rouge à la Méditerranée

Si la disparition de nombreuses espèces d’animaux terrestres est plus ou moins perceptible, ce qui se passe sous la mer reste plus inconnu. Le milieu marin, théoriquement le plus stable de la planète, est pourtant atteint par la pollution multiple qui s'y déverse quotidiennement. Sa faune a connu un autre grand bouleversement, comme le raconte M. Jean-Claude Le Cavelier, biologiste. «L’ouverture du canal de Suez a constitué une des plus grandes catastrophes pour le milieu marin de la Méditerranée orientale, une catastrophe dont on ne se doute pas encore de l’importance», dit-il. «On a permis à une faune et une flore de la mer Rouge de s’introduire en Méditerranée et d’envahir ce milieu, et vice versa. Un énorme déséquilibre sous-marin en a résulté.» Une centaine environ d’espèces de poissons qui n’existaient pas en Méditerranée s’y trouvent actuellement. L’algue Colerpa Taxifolia, introduite accidentellement en Méditerranée occidentale, a fait des ravages. Mais la pollution est encore l’un des facteurs-clés de l’appauvrissement de la mer. Au Liban, les pluies charrient dans les rivières et jusqu’à la mer pratiquement toutes les ordures, eaux usées et déchets liquides de toutes sortes produits dans le pays. Quelles conséquences sont observées sur la faune marine ? «Il y a beaucoup d’espèces qui commencent à disparaître et beaucoup d’autres qui subsistent», déclare M. Le Cavelier. «Cela crée un déséquilibre. Les espèces les plus atteintes par la pollution sont les poissons sensibles aux odeurs. Certains poissons ont perdu la vue, les yeux brûlés par les acides. L’huile de vidange usée des voitures, qui finit elle aussi à la mer, empoisonne des espèces d’invertébrés qui croient en fait y trouver de la nourriture comestible.» Citant des espèces qui auraient disparu ou émigré, il dit : «On ne trouve plus d’anémones sur les rochers alors qu’il y en avait plein à Raouché. Les crabes sont en voie de disparition totale. Dans le temps, le phoque moine, une espèce spécifique à la Méditerranée, était très connu sur les côtes libanaises. Aujourd’hui, il ne vit plus que sur les côtes du Maroc.» Comment remédier à cette situation ? «Il faut traiter et réduire la pollution, et le Liban est en voie de le faire. Sinon, nous allons payer très cher les conséquences», estime M. Le Cavelier. Si la pollution est réduite et traitée, combien de temps faudra-t-il à la faune pour se reconstituer ? «Cela dépend des espèces et de leur capacité de reproduction», dit-il. «À ce stade, la situation est remédiable. Mais ce n’est pas une raison pour continuer dans le mauvais chemin. À Londres, le saumon remonte de nouveau la Tamise alors qu’il en avait disparu depuis longtemps. Si une rivière en pleine ville peut être dépolluée, la mer à plus forte raison peut l’être, elle aussi».
Si la disparition de nombreuses espèces d’animaux terrestres est plus ou moins perceptible, ce qui se passe sous la mer reste plus inconnu. Le milieu marin, théoriquement le plus stable de la planète, est pourtant atteint par la pollution multiple qui s'y déverse quotidiennement. Sa faune a connu un autre grand bouleversement, comme le raconte M. Jean-Claude Le Cavelier, biologiste. ...