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Actualités - CONFERENCES DE PRESSE

Environnement - Les émanations de gaz avaient causé un incendie La décharge de Hbéline fermée dans un mois

Le dépotoir de Hbéline (caza de Jbeil), qui a suscité autant de polémiques que d’incendies notamment cette dernière semaine, sera fermé dans un mois. C’est le président de la municipalité de Jbeil et de la Fédération des municipalités du caza, M. Jean-Louis Cardahi, qui l’a l’annoncé hier lors d’une conférence de presse au cours de laquelle il a également évoqué la nouvelle politique écologique pour un «caza propre». C’est en 1982 que les municipalités de Jbeil ont commencé à jeter les ordures ménagères dans le dépotoir de Hbéline. En 1985, des procédés pour remblayer les déchets à l’aide d’une excavatrice ont commencé d’être appliqués et demeurent en vigueur aujourd’hui encore. Mais ces remblais n’empêchent pas les gaz dus à la putréfaction des déchets de se dégager et de flotter dans l’air de la région, le dépotoir n’étant soumis à aucun traitement. Ces gaz, comme le méthane sont d’autant plus dangereux qu’ils sont incolores et inodores, et qu’ils sont cancérigènes pour la plupart. De plus, le dépotoir est situé au-dessus d’un cours d’eau important et à quelques mètres seulement de la réserve de Hbéline, classée par le ministère de l’Agriculture. Un incendie, le second du genre, a éclaté lundi dans le dépotoir. Selon Mme Fifi Kallab, conseillère en environnement qui a longtemps milité contre la présence de ce dépotoir, «ce sont très probablement les gaz qui ont causé l’incendie car celui-ci a éclaté en un lieu éloigné des zones habitées». Elle a ajouté : «Avec la présence dans l’air de plus de 32 gaz, des explosions sont à prévoir. Amchit a été enveloppé durant trois jours par un nuage noir et puant». L’incendie a nécessité trois jours pour être maîtrisé et a suscité une polémique dans la région. Nuage noir Au cours de sa conférence de presse, M. Cardahi a expliqué qu’«en 18 ans, aucun effort n’a été entrepris pour transformer de la décharge de Hbéline». «La Fédération des municipalités de Jbeil qui gère la décharge depuis trois mois, n’a pu que constater que le site était devenu inutilisable», a-t-il ajouté. Selon M. Cardahi, «plus le temps passait, plus les quantités de déchets augmentaient, tandis que les coûts d’investissements s’amplifiaient, et que les poches de gaz se formaient le tirage de ces gaz ne pouvant être assuré de façon efficace faute de moyens techniques importants». «Pour toutes ces raisons, il a été convenu avec le ministre de l’Intérieur et des municipalités, M. Michel Murr, de fermer la décharge dans un délai d’un mois», a-t-il poursuivi. Le traitement de la décharge de Hbéline fera partie de la «politique écologique des municipalités», comme l’a expliqué M. Cardahi. Un plan de dégazage sera exécuté dans les deux ou trois semaines à venir. Également prévue, une couverture du site par une membrane géotextile (isolante). Il faut préciser que le caza de Jbeil produit 70 tonnes de déchets par jour. Dans le passé, plus de la moitié des localités du caza ne collectaient pas les déchets, «ce qui a fait naître de manière anarchique des dépotoirs le long des routes de montagne ou dans des espaces libres, une situation ingérable et génératrice d’une pollution généralisée», a dit le président de la municipalité de Jbeil. Les principes de cette politique écologique ont été définis comme suit par M. Cardahi : le problème des déchets doit être traité de manière globale. L’objectif des municipalités est un «caza propre». La gestion des déchets passe par le tri et la collecte organisée. «Il est donc impératif de collecter séparément les déchets animaux, les déchets hospitaliers ou industriels, de retirer les papiers, le verre, le plastique, les pneus et les métaux, ce qui permettra de réduire de 30 à 40 % le volume de déchets à remblayer», a-t-il précisé. L’installation d’un incinérateur avec traitement de gaz demeure impossible pour l’instant, faute de moyens, ce qui fait pousser les municipalités à adopter une solution de tri, recyclage et traitement en décharges. Des experts pourront construire et gérer les décharges. «Nous restons cependant ouverts à toute alternative technique agréée par des experts internationaux», a précisé M. Cardahi. «Le choix à faire», a-t-il ajouté, «est celui d’une prise de conscience du fait que le traitement des déchets est une responsabilité collective et qu’il existe un coût effectif à la production toujours croissante de déchets». Le projet des nouvelles décharges nécessitera un investissement de départ de 1,5 à 2 millions de dollars. «Le coût de fonctionnement de l’opération “Jbeil caza propre” devra être de 10 à 12 dollars par tonne pour la décharge, et de 7 à 8 dollars par tonne pour la collecte, ce qui fait un total de 19 dollars par tonne», a-t-il ajouté. «Cela se traduira pour la Fédération des municipalités de Jbeil par un coût annuel d’environ 350 000 à 400 000 dollars par an». Sit-in de remerciements L’annonce de la prochaine fermeture du dépotoir a été accueillie avec satisfaction dans les milieux écologiques. Un sit-in des habitants de Amchit et d’autres localités devant le dépotoir, qui avait été décidé pour mercredi prochain, s’est transformé en «sit-in de remerciements pour la décision des responsables». Que pensent les militants de l’installation de nouvelles décharges ? Mme Kallab répond : «Je ne suis pas favorable personnellement à cette décision. On n’aura fait que retarder de deux ans le problème puisque le dégagement des gaz va avoir lieu et avec la même acuité dans les nouveaux sites». «Nous espérons convaincre les responsables municipaux d’adopter d’autres méthodes, plus radicales et plus sûres», a-t-elle ajouté. La méthode que prône Mme Kallab repose sur les procédés suivants : d’une part, il faudrait trier les ordures et séparer la grande partie organique (plus de 60 %) du reste. Les matières organiques devraient être traitées de manière anaérobique, c’est-à-dire qu’on les laissera sécher en un lieu dont l’air aura été pompé. On les transformera ensuite en fixateur de sol qui ne dégage plus ni gaz ni liquides. Les matières inertes (à défaut de les recycler si on n’en a pas les moyens) pourront être compactées et enfouies dans le sol où elles ne causeront aucun problème. «Il faut préciser un point», a dit Mme Kallab. «Dans un de ses rapports, la Banque mondiale (BM) avait affirmé que le dépotoir était “en excellent état” et qu’il avait tout juste besoin d’un peu de réhabilitation. Dans son rapport, la municipalité de Jbeil l’a qualifié de “catastrophe écologique”. Comment pouvons-nous après cela avoir confiance dans la BM ?».
Le dépotoir de Hbéline (caza de Jbeil), qui a suscité autant de polémiques que d’incendies notamment cette dernière semaine, sera fermé dans un mois. C’est le président de la municipalité de Jbeil et de la Fédération des municipalités du caza, M. Jean-Louis Cardahi, qui l’a l’annoncé hier lors d’une conférence de presse au cours de laquelle il a également évoqué la...