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Actualités - REPORTAGES

L'Ecole d'architecture : la mère de tous les arts

C’est en 1943 qu’est fondée la première école d’architecture au Liban, par un ingénieur civil de formation, M. Alexis Boutros. Le Liban ne proposait alors que des matières d’architecture, dans les écoles de génie, tant à l’AUB qu’à l’Esib. Il était donc urgent de pallier aux besoins d’un pays qui voyait partir ses jeunes étudiants se spécialiser à l’étranger. C’est donc avec l’aide d’un urbaniste français, Michel Ecochart, que les programmes sont élaborés. En un demi-siècle, l’Alba a formé plus de six cents architectes , nous explique Pierre Néema, doyen de l’École d’architecture. «Nous avons une ouverture humaniste. L’étudiant travaille à son propre rythme. Il peut entrer dans la vie active, dès la quatrième année, et prendre son temps pour réaliser son projet. Depuis 1968, les choses ont énormément changé. On doit aller plus vite. On mixe donc, travail et études». C’est donc ce qui caractérise l’Alba. Un travail d’atelier, une ambiance familiale qui rapproche le corps enseignant des étudiants, et un système d’unités de valeur, qui permet enfin à chaque élève de suivre son rythme de croisière personnel. Le diplôme est obtenu, généralement en six ans, divisé en quatre cycles : un cycle préparatoire d’un an. Un cycle de 2e classe qui implique deux années de théories et quatorze mentions de travaux paritaires (entre deux et trois ans), un cycle de 1re classe, comprenant une année de théorie et dix mentions de travaux pratiques (également entre deux et trois ans), et enfin le projet de diplôme qui couronne la fin des études. Le diplôme est reconnu par l’Ordre des architectes en France et par les écoles d’architecture aux États-Unis et au Canada. Il y a deux ans, un partenariat avec l’École d’architecture Paris-la Seine a permis à 25 étudiants des deux écoles de partager leurs expériences. Si aujourd’hui l’Alba ne recrute que cinquante étudiants en année préparatoire parmi les deux cents qui se présentent, c’est parce que l’académie connaît très bien la situation locale. «Il y a actuellement 4 600 architectes inscrits à l’Ordre de Beyrouth», nous explique Pierre Néema, «contre une centaine à peine en 1960. Si on prend en compte les ingénieurs qui sont également sur le terrain, cela fait plus de 10 000 professionnels pour notre petit pays. Chaque année, les sept écoles d’architecture libanaises produisent près de 500 architectes. C’est immense, et c’est pourquoi nous préférons à l’Alba privilégier la qualité et non la quantité. Les sessions de diplôme regroupent une moyenne de vingt étudiants. 3 % de la totalité des diplômés au Liban». Il vaut mieux donc être franc avec les étudiants et ne pas leur offrir un diplôme pour le chômage, mais les préparer aux réalités de la vie active. Et c’est cela la grande qualité de l’Alba. Mais le marché du travail se rétrécit et nombreux sont les nouveaux architectes à s’orienter dans des domaines commerciaux qu’ils ont longtemps cherché à éviter. C’est donc pour les aider à comprendre les enjeux auxquels ils vont être confrontés que l’école leur apprend la compétition. «Un seul ouvrage l’emportera contre les autres concurrents, et il est essentiel que les élèves sachent se mesurer à d’autres personnes», précise Pierre Néema. «Si un étudiant ne peut pas suivre le rythme qu’on va lui imposer, et qui parfois, à la dernière minute, le contraindra à faire quelques nuits blanches, les fameuses de l’Alba, s’il ne peut gérer cela, il saura alors que ce n’est pas là sa vocation». La pratique de l’architecture est exigeante. Elle demande beaucoup à l’architecte. La maîtrise des techniques certainement, mais aussi de l’imagination et de la culture, de la droiture mais également de la fantaisie, du courage, de l’émotion et beaucoup d’art... Et c’est cette dimension humaine que propose l’Alba depuis plus de soixante ans maintenant.
C’est en 1943 qu’est fondée la première école d’architecture au Liban, par un ingénieur civil de formation, M. Alexis Boutros. Le Liban ne proposait alors que des matières d’architecture, dans les écoles de génie, tant à l’AUB qu’à l’Esib. Il était donc urgent de pallier aux besoins d’un pays qui voyait partir ses jeunes étudiants se spécialiser à l’étranger....