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Actualités - REPORTAGES

Festival - Beiteddine dernière Al Qawwali : pour l'amour de Dieu (photos)

La dernière représentation du festival de Beiteddine s’est déroulée samedi 14 août dans les beaux jardins intérieurs du palais, avec un «concert spirituel» venu tout droit du Pakistan. Mehr et Sher Ali, les qawwals les plus célèbres depuis la disparition en 1997 du mythique Nusrat Fateh Ali Khan, ont offert au public libanais soixante-quinze minutes de chant soufi. Sur une petite estrade, face au public, les dix chanteurs, joueurs de tablas et d’harmonium et batteurs de mains s’installent en tailleur, puis se lèvent précipitamment pour accueillir Mehr et Sher Ali, identiquement vêtus du costume traditionnel. Les deux hommes saluent à l’indienne les 800 amateurs de musique qawwali. Sur cette estrade comme sur toutes les autres, aucune femme n’est tolérée : elle risquerait de pervertir l’essentiel désir vers lequel les qawwals cherchent toujours à se diriger. C’est que l’«Être aimé» est vénéré par le poète qui, en tant que femme, s’adresse à lui. «J’ai défait mes cheveux, peint mes mains au henné, j’ai dansé pour toi comme une courtisane». Ce poème très explicite est l’œuvre de Bulhe Shah, auteur du XVIIe siècle très apprécié des qawwals du Pendjab, région d’origine des frères Ali au Pakistan. Mais il ne faut jamais perdre de vue que ces chants sont remplis d’émotion musicale louant Allah dans toutes les langues : persan, arabe, ourdou ou pendjabi. Mehr et Sher Ali le savent bien, qui chantent et jouent de l’harmonium depuis l’âge de dix ans. L’école dont ils sont issus, appelée Panjabi Ang., donne la priorité au rythme et à une gestuelle très marquée, pour faire passer le plus clairement possible le message mystique (voir encadré). Loin de l’islam orthodoxe, les soufis pakistanais célèbrent dans la joie ces «noces mystiques» avec Dieu : Mehr et Sher Ali, pour leurs deux derniers chants, ont encouragé un public très rapidement conquis à battre des mains et à rentrer dans ce rythme qui, paraît-il, mène droit à l’extase. Cet état très particulier se matérialise par l’aboutissement physique à un état de transe. Cette mort de soi-même, cette annihilisation de soi est appellée fanâ’ : le qawwal passe de la position assise de l’homme-tronc à la position debout. Pure union accompagnée de la Connaissance, passage de l’anéantissement (fanâ’) à la vie éternelle (baqâ) : c’est la vie exemplaire du Prophète et de Ali, son gendre. Mehr et Sher Ali ne sont pas allés jusque-là, mais ils ont offert aux spectateurs un moment de plaisir (sacré ou profane, c’est selon), rien qu’en leur faisant scander le nom de Dieu. La gestuelle « qawwali » Le messager («awazia», de «awaz», voix), fonction occupée par Sher Ali, appuie ses phrases mélodiques par une gestuelle du bras et de la main. Le corps, quant à lui, reste en position assise du tailleur. – Lorsque le bras est propulsé d’un geste allant de la poitrine vers le ciel, l’index pointé, il exprime l’acceptation du pacte ente l’Amant et l’Aimé. – Le geste du sacrifice est exprimé par la main tendue dessinant un cercle, symbole de celui qui tourne autour de l’être aimé et lui abandonne sa vie. – Lorsque les mains sont tendues, paumes vers le haut, avec les doigts qui forment une sorte de coupe, elles expriment le désir et l’attente.
La dernière représentation du festival de Beiteddine s’est déroulée samedi 14 août dans les beaux jardins intérieurs du palais, avec un «concert spirituel» venu tout droit du Pakistan. Mehr et Sher Ali, les qawwals les plus célèbres depuis la disparition en 1997 du mythique Nusrat Fateh Ali Khan, ont offert au public libanais soixante-quinze minutes de chant soufi. Sur une petite...