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Actualités - REPORTAGES

Baalbeck - Au temple de Jubiter, June Anderson et l'Orchestre philharmonique d'Arménie sous la direction de Tjeknavorian Voix angélique et chatoyance orchestrale(photo)

Office lyrique en grande pompe qui se prolonge grâce à la présence de June Anderson, diva assoluta, et de l’Orchestre philharmonique d’Arménie (plus de 98 musiciens) dirigé de main de maître par Loris Tjeknavorian. Vêtue d’une longue robe noire rehaussée d’une abaya en gaze noire transparente tissée avec des motifs argentés martelés Tarek dans la pure tradition artisanale de Baalbeck, June Anderson était à nouveau sous le firmament de la Békaa la vestale d’un art lyrique suprême. Pour la seconde soirée réservée au bel canto, au temple de Jupiter illuminé comme pour une grande fête, se sont élevés des airs jaillis des partitions de Bellini, Puccini, Verdi, Gounod, Meyerbeer et Thomas. L’art lyrique avait ce soir-là un fastueux rendez-vous avec une déesse du chant. Richesse incomparable d’un grand orchestre au service d’une voix angélique ; et fusion totale des cordes, des cuivres et d’une puissance vocale en solo au pianissimo néanmoins somptueux… Premières mesures d’un prélude dramatique avec l’ouverture orchestrale de La Norma de Bellini dont les notes fougueuses et solennelles ont déferlé avec vigueur et gravité sur les pierres ancestrales du temple du fils de Saturne et de Rhéa. La célèbre cavatine Casta Diva interprétée par June Anderson devait prendre le relais. Figure fantasque d’une héroïne tragique par excellence qu’on retrouve à travers le style délicieusement fleuri d’une ligne vocale taillée sur mesure entre forme ornée du bel canto et expression juste et sincère des sentiments qu’elle traduit. Bain moussant de notes gaies et légères avec un court passage orchestral des Noces du figaro de Mozart. Retour au «rêve» un peu farfelu il est vrai de Doretta tiré de Rondine, une comédie lyrique de Puccini se passant à Paris sous le Second Empire où la musique a la légèreté d’une valse viennoise …Faste sonore avec l’un des plus célèbres opéra du monde La Traviata de Verdi. Prélude de l’acte premier, frémissant et prémonitoire du drame qui va suivre cette femme perdue, la Traviata. Et La dame aux camélias version Verdi a dans ce cadre et avec ces accents la puissance des tragédies grecques... Et c’est dans une totale émotion qu’on écoute Violetta-Anderson, dans sa solitude sur la scène du temple de Jupiter avouer, songeuse, que son cœur est touché : «Ah, forse lui che l’anima» (Mon âme est pour lui). Mais en femme déchue, elle reprend ce brillant et impudent air de la liberté et du plaisir : sempre libera… Après l’entracte, changement de registre mais non de lyrisme cerné par le tragique avec la valse Je veux vivre un rêve de Gounod tirée de Roméo et Juliette. Valse gracieuse et animée, habitée par un espoir fou et portée par la voix sublime d’une cantatrice qui sait mesurer la moindre inflexion de sa voix retentissante et pure. Valse aussi du meilleur cru du créateur de la mélodie française qui atteste du charme avec lequel, en véritable novateur en ces temps-là, l’auteur de Faust chante la jeunesse et l’amour, ces deux divinités qu’il ne sépare jamais. Cetta année La forza del destino avait certainement le vent en poupe puisqu’il a été programmé à plus d’un festival sous les feux des rampes libanaises. Cette ouverture placée sous le signe du «destin» est vivante et majestueuse et annonce les couleurs sombres des amours contrariées de deux amants «maudits». De la densité des pages de Verdi, on passe à «l’ombre légère» de Meyerbeer où Dinorah-Anderson, paysanne perdue dans un bois de bouleaux sous le clair de lune, chante entre crainte et folie. Allemand pour l’harmonie, italien pour la mélodie et français pour le rythme, Meyerbeer séduit surtout pour son habileté à associer les timbres de l’orchestre et l’étendue (ici exceptionnelle) et les modulations de la voix. Petit interlude orchestral avec l’ouverture des Maîtres chanteurs de Wagner. Passionné et jovial, plein de vie et d’entrain, ce vorspiel est d’une merveilleuse et riche variété thématique. Du seigneur de Bayreuth, on passe à Ambroise Thomas, musicien brillant dont les œuvres ont joui d’une grande ferveur mais compositeur tombé aujourd’hui dans l’oubli. June Anderson prête toute la colorature de sa voix pour incarner une Ophélie en prise avec la démence dans une scène poignante et grave d’Hamlet «À vos jeux mes amis» aux tons éminemment romantiques. Tonnerre d’applaudissements pour une cantatrice au style impeccable et à la présence irrésistible et pour un orchestre à la prestation au-dessus de tout éloge. Dominant l’orchestre philharmonique d’Arménie et le silence du temple de Jupiter mais sachant aussi, par ses dons d’actrice consommée, céder au murmure le plus affaibli, la voix de June Anderson demeure un étonnant mélange de grâce féline et d’énergie farouche capable de refléter les vérités les plus insaisissables et de révéler les agitations les plus profondes de l’être… Une retentissante «standing ovation» et deux bis gracieusement honorés, malgré les incroyables «parasitages» des alentours, de toute évidence en constantes et bruyantes festivités...
Office lyrique en grande pompe qui se prolonge grâce à la présence de June Anderson, diva assoluta, et de l’Orchestre philharmonique d’Arménie (plus de 98 musiciens) dirigé de main de maître par Loris Tjeknavorian. Vêtue d’une longue robe noire rehaussée d’une abaya en gaze noire transparente tissée avec des motifs argentés martelés Tarek dans la pure tradition artisanale de...