Première conférence internationale pour la levée de l'embargo(photos)

Trois jours durant, Bagdad a été le rendez-vous des parias du monde entier, dans le cadre de la conférence internationale pour la levée de l’embargo. C’est la première fois qu’une telle conférence se tient et elle a pour objectif de sensibiliser les opinions publiques arabes et internationales au problème de l’Irak. Mais seul le Soudan s’y est fait représenter par une délégation officielle gouvernementale, les autres pays y participant par des représentants de divers partis politiques, généralement hors du pouvoir. Ce qui a donné un mélange assez étonnant, l’extrême droite russe, française et hongroise côtoyant des représentants du communisme cubain, du mouvement des citoyens de Jean-Pierre Chevènement (actuel ministre de l’Intérieur en France, et ancien ministre de la Défense en 1991. Il avait alors présenté sa démission pour protester contre les frappes françaises contre l’Irak), des Italiens démocrates chrétiens, des nationalistes arabes, des islamistes jordaniens et des membres de l’opposition irakienne. Leith Chbaylate, ancien député fondamentaliste jordanien, s’est ainsi retrouvé aux côtés de Mme Toujane Fayçal, ancien député laïc au Parlement jordanien, etc. Il y avait aussi des représentants de certains partis du Bengladesh, d’Argentine, de Biélorussie et de Roumanie, ainsi, bien sûr, qu’une délégation yougoslave. Mais le plus farfelu a encore été le vice-président de la Douma russe, Vladimir Jirinovski, venu avec son épouse et ses trois fils, qui a multiplié les déclarations fracassantes, menaçant d’envoyer une bombe atomique sur New York. Nostalgiques de l’empire soviétique, partisans d’un nouvel ordre mondial et personnalités travaillant dans le domaine de l’humanitaire ou des affaires, tous les participants à la conférence (dont M. Maan Bachour et Mme Bouchra Khalil pour le Liban) ont abouti à la conclusion qu’il est indispensable de former un front international d’opposition à l’hégémonie américaine sur le monde. Comment comptent-ils s’y prendre, les participants ne l’ont pas précisé. Ce que n’a d’ailleurs pas manqué de relever Mme Toujane Fayçal qui a vivement réclamé des mesures concrètes au lieu de se contenter de discours émouvants de solidarité. Malgré tout, pour les Irakiens, cette conférence a constitué un grand événement. Depuis l’embargo, Bagdad n’avait plus vu une telle foule internationale et cosmopolite, une manière comme une autre de rappeler qu’il existe à un monde plongé aujourd’hui dans une autre actualité, tout aussi dramatique qu’en ex-Yougoslavie.