Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Turquie - Crise du foulard islamique Demirel agite le spectre d'une intervention de l'armée

Le président turc Suleyman Demirel a mis en garde indirectement contre une intervention de l’armée dans la crise provoquée par une élue islamiste qui veut siéger au Parlement avec son foulard, dans des déclarations publiées mercredi par des quotidiens turcs. «Si elle prête serment (en portant le foulard islamique), cela provoquera la réaction» d’autres milieux, a dit M. Demirel. «Je ne peux en dire plus», a-t-il ajouté, s’adressant à un groupe de journalistes turcs à Paris. De l’avis général, M. Demirel faisait allusion à une éventuelle intervention de l’armée turque si la crise du foulard persiste. Merve Kavakci, 31 ans, élue à Istanbul sur les listes du Parti islamiste de la Vertu (Fazilet) à l’issue des législatives du 18 avril, avait assisté dimanche avec son foulard à la séance inaugurale du Parlement consacrée à la prestation de serment de nouveaux élus. Sa présence dans l’hémicycle avait suscité de vives protestations des députés du Premier ministre sortant Bülent Ecevit, du Parti de la Gauche démocratique (DSP) et elle avait dû quitter le Parlement sans prêter serment. Un député ne peut pas assumer son mandat sans prêter serment. L’armée turque se considère comme la gardienne de la laïcité de l’État et s’oppose au port de signes perçus comme le symbole du fondamentalisme islamique. «Le foulard islamique est considéré comme le signe du fondamentalisme (...) et ce symbole crée un malaise au sein de l’État», a poursuivi M. Demirel. «Le fondamentalisme est un éloignement de la vie moderne dont l’exemple est vécu en Iran et en Afghanistan», a-t-il ajouté. Lundi, Mme Kavakci a affirmé qu’elle n’enlèverait pas son foulard. «On m’a empêché de prêter serment alors que je représente le peuple. Je poursuivrai ma lutte démocratique jusqu’au bout», a-t-elle expliqué. Le jour suivant, le président du Fazilet, Recai Kutan, assurait que son parti irait «jusqu’au bout» dans l’affaire du foulard. Le procureur général de la Cour de sûreté de l’État (DGM) d’Ankara a ouvert une enquête contre Mme Kavakci pour «incitation à la haine raciale et religieuse». Le port du foulard islamique est strictement interdit dans les écoles, les universités et la fonction publique en Turquie. Il n’est pas explicitement banni au Parlement, mais ses détracteurs arguent que les députés sont soumis aux mêmes restrictions vestimentaires que celles prévues par la loi pour les fonctionnaires. En 1997, l’armée turque avait exercé une forte pression pour obtenir la démission de la coalition gouvernementale à dominante islamiste dirigée par Necmettin Erbakan, qu’elle accusait de favoriser une montée du fondamentalisme musulman en Turquie. L’ancien Premier ministre Necmettin Erbakan a été interdit de politique pour cinq ans en janvier 1998 lors de la dissolution de son parti de la Prospérité (Refah) pour «activités contre la laïcité de l’État». Le Fazilet a succédé au Refah.
Le président turc Suleyman Demirel a mis en garde indirectement contre une intervention de l’armée dans la crise provoquée par une élue islamiste qui veut siéger au Parlement avec son foulard, dans des déclarations publiées mercredi par des quotidiens turcs. «Si elle prête serment (en portant le foulard islamique), cela provoquera la réaction» d’autres milieux, a dit M....