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Actualités - CHRONOLOGIE

Arrivée spectaculaire et imprévue de Rugova à Rome La progression vers une solution négociée se précise

La crise du Kosovo a connu un développement spectaculaire mercredi avec l’arrivée imprévue à Rome d’Ibrahim Rugova, le chef modéré des Albanais de la province, venu, selon une source albanaise, mettre au point un projet de règlement avec Belgrade. Cet événement est intervenu alors que des indices d’une lente progression vers une solution négociée de la guerre en Yougoslavie continuaient d’apparaître, parallèlement à la multiplication des doutes sur l’efficacité des raids de l’Otan. M. Rugova, qui n’avait pas quitté la Yougoslavie depuis le début des frappes aériennes de l’Otan le 24 mars, est arrivé par un vol spécial à l’aéroport militaire de Ciampino, au sud de Rome. La présidence du Conseil a annoncé que M. Rugova était «l’hôte du gouvernement italien». En début de soirée, le leader kosovar s’entretenait avec le premier ministre italien Massimo D’Alema et avec le ministre des Affaires étrangères Lamberto Dini en un lieu tenu secret, selon la présidence. Les autorités italiennes n’ont pas donné immédiatement de précisions sur le motif de la venue de M. Rugova, qualifiée par Washington de «développement positif» et saluée par des responsables de l’Otan à Bruxelles. Mais le rédacteur en chef du quotidien albanophone Koha Ditore a affirmé que le leader kosovar était venu mettre au point un accord avec Belgrade grâce à une médiation italienne. Ce rédacteur en chef, Baton Haxhiu, qui se trouvait à Bonn, a mis en doute le fait que M. Rugova se soit rendu en Italie de son plein gré. Le gouvernement italien, pour sa part, a indiqué que les autorités de Belgrade avaient «appuyé la volonté de M. Rugova de venir en Italie». M. Rugova, 54 ans, est l’objet depuis le début du conflit au Kosovo d’interrogations concernant son sort et sa liberté de manœuvre. En particulier, son apparition à la télévision de Belgrade en compagnie du président yougoslave Slobodan Milosevic a suscité des doutes chez de nombreux responsables occidentaux. À la veille d’une réunion cruciale du G8, qui groupe les sept grandes puissances industrielles et la Russie, l’émissaire russe pour la Yougoslavie, Viktor Tchernomyrdine, a exprimé à Moscou un «regain d’optimisme». M. Tchernomyrdine revenait de Washington, où il s’était entretenu avec M. Clinton. Les États-Unis et la Russie «comprennent réellement ce qui se passe dans les Balkans, et comprennent effectivement ce qu’il faut faire», a déclaré l’émissaire du président Boris Eltsine. À Belgrade, pour la première fois, un responsable gouvernemental yougoslave a utilisé publiquement l’expression «plan de paix». «Le plan de paix qui se dessine dans le cadre de l’initiative de Tchernomyrdine stipule clairement qu’un accord de la République fédérale de Yougoslavie est requis» pour une présence internationale au Kosovo sous l’égide de l’Onu, a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Nebojsa Vujovic. «Nous accepterions une mission des Nations unies dont le volume, le mandat et les modalités seraient convenus dans des discussions directes entre la RFY et le Conseil de sécurité de l’Onu», a-t-il dit. Belgrade s’attend à ce que la Russie joue «un rôle majeur et dirigeant» dans une telle mission, et «des pays amis et neutres sont également les bienvenus comme membres de la mission», a précisé M. Vujovic. Le quotidien britannique Financial Times rapportait mercredi que le président Milosevic étudiait un projet qui pourrait conduire au déploiement d’une force de paix de l’Onu au Kosovo. Selon le journal, qui citait des sources proches du gouvernement de Belgrade, il s’agirait d’une force de police qui comprendrait un important contingent russe et des pays de l’Otan non impliqués dans les bombardements contre la Yougoslavie : la Grèce, le Portugal et les trois nouveaux membres de l’Alliance atlantique, la Hongrie, la République tchèque et la Pologne. Le ministre espagnol des Affaires étrangères, Abel Matutes, a estimé avant de partir pour Moscou qu’une solution diplomatique était «de plus en plus probable». C’est dans ce contexte que les ministres des Affaires étrangères des pays du G8 (Allemagne, États-Unis, Canada, France, Grande-Bretagne, Italie, Japon, Russie) se réunissent jeudi à Bonn. «L’enjeu du G8 est de parvenir à un accord sur les principes d’un règlement politique et que ces principes constituent ensuite la base d’une résolution du Conseil de sécurité», a expliqué le ministère français des Affaires étrangères. Ces principes, mis au point lundi à Bonn par les directeurs politiques des pays du G8, prévoient «le déploiement d’une présence internationale civile et de sécurité» au Kosovo sous l’égide de l’Onu.
La crise du Kosovo a connu un développement spectaculaire mercredi avec l’arrivée imprévue à Rome d’Ibrahim Rugova, le chef modéré des Albanais de la province, venu, selon une source albanaise, mettre au point un projet de règlement avec Belgrade. Cet événement est intervenu alors que des indices d’une lente progression vers une solution négociée de la guerre en Yougoslavie...