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Actualités - CHRONOLOGIE

Parlement - La commission des Finances s'attaquera aujourd'hui au plan de redressement Chammas accuse Kh. Hraoui de retarder le vote du Budget(photo)

Rien, dans l’examen du projet de Budget en commission parlementaire, ne justifie un accès de colère et sûrement pas la nature du débat entre les députés et les représentants du gouvernement. L’esclandre provoqué par M. Jamil Chammas, député de Beyrouth, qui a accusé le président de la commission des Finances, M. Khalil Hraoui, d’être «un dictateur» et de «tout faire pour retarder le vote du Budget» est resté totalement inexpliqué. Pas pour certaines sources parlementaires qui ont situé les étonnantes accusations du député dans le cadre de la «campagne» orchestrée (selon le chef du législatif, M. Nabih Berry) contre la Chambre. Selon les mêmes sources, cette «campagne» contre l’Assemblée est menée dans la perspective des Législatives de l’an prochain, pour montrer la Chambre actuelle sous un mauvais jour et œuvre ainsi à un bouleversement au niveau de sa composition. Les députés présents à la réunion n’arrivaient pas à expliquer le brusque emportement du député de Beyrouth et si certains se sont abstenus de le commenter, d’autres l’ont carrément jugé scandaleux. Quant au principal intéressé, Khalil Hraoui, il a préféré réagir comme si de rien n’était. «Parce qu’il (M. Chammas) avait assisté à la réunion ? il était probablement à l’extérieur», a-t-il répondu, l’air faussement étonné, à une question sur l’attaque dirigée contre lui. Celle-ci s’est déclenchée lorsque les députés se sont entendus avec le ministre des Finances, M. Georges Corm, pour ramener de 15 % à 13 % la dernière tranche de l’impôt sur les biens-fonds bâtis. Selon des sources parlementaires, M. Chammas est intervenu lorsque la réduction a été approuvée pour noter que si elle doit rogner les recettes du Trésor, le Parlement devrait assumer ses responsabilités et prendre le risque de voir le gouvernement imposer plus tard de nouvelles taxes à la population. De mêmes sources, on a indiqué que le président de la commission a répondu, avec vivacité que le problème ne se pose pas et que les coupes sont effectuées en coordination avec le gouvernement, provoquant ainsi l’ire du député de Beyrouth. Celui-ci a accusé M. Hraoui, en hurlant, d’œuvrer à des fins occultes pour torpiller le vote du Budget. Au lieu de répondre, ce dernier a préféré sortir de l’Hémicycle, suivi par un groupe de parlementaires, pendant que Mme Nayla Moawad admonestait vertement. Indignée par la diatribe injustifiée du député, Mme Moawad l’a interrogé sur le point de savoir ce qui l’a poussé à retourner sa veste : «Lorsque vous étiez proche de Rafic Hariri, vous ne nous laissiez même pas critiquer sa coiffure», a-t-elle fulminé, citée par ses collègues. «Je le défie de dire la vérité» La réunion est suspendue sur ces entrefaites. Rouge de colère, M. Jamil Chammas a tenu une conférence de presse pour «expliquer à l’opinion publique ce qui s’est passé». Il a accusé M. Hraoui de «chercher constamment une raison qui lui permettra de retarder l’approbation du Budget sachant que la population, affamée, a les yeux braqués sur le Parlement dans l’attente du vote de la loi de Finances». Il lui a aussi reproché de «lancer des accusations contre toute personne qui s’oppose à la dictature qu’il exerce», estimant que le Budget ne sera pas voté cette année. «Il (M. Hraoui) va sortir et s’adresser à l’opinion, mais tout ce qu’il dira est invalide. Il a provoqué une énorme querelle et s’est mis à hurler. Croyez-moi, Khalil Hraoui ne veut pas que «libérer» le projet de Budget, même si tous les Libanais meurent. Je dis la vérité et je le défie de faire de même. Je n’ai qu’un conseil à donner à ceux qui attendent le vote du Budget dans l’espoir qu’il contribuera à une relance de l’activité économique : qu’ils aillent chercher leur pain en dehors de ce pays». M. Chammas a dû être sans doute déçu lorsque le président de la commission des Finances s’est abstenu de commenter l’esclandre. En fait, M. Hraoui a annoncé que l’examen du projet de Budget a pris fin et que les députés s’attaqueront à partir d’aujourd’hui au plan de redressement financier et économique. Ce texte ne sera pas approuvé puisqu’il ne s’agit pas d’un projet de loi. Les parlementaires souhaitent en prendre connaissance pour pouvoir apprécier le bien-fondé du nouveau train d’impôts et de taxes, à la lumière des mesures de redressement envisagées. Corm confirme les propos de Hraoui M. Corm a pour sa part confirmé les propos du député Hraoui selon lesquels toute réduction de taxes se fait en coordination avec le gouvernement. Il a aussi rejeté catégoriquement les accusations selon lesquelles M. Hraoui retarde le vote du Budget. L’esclandre causé par M. Chammas n’empêchera pas les députés de poursuivre normalement l’examen du plan de redressement. Selon les explications de M. Corm, ce plan repose sur deux piliers : la modernisation du système fiscal avec l’introduction de la TVA (vers la fin de l’an 2000) et la réforme de l’administration avec la privatisation de services et de biens publics. Le texte est subdivisé en trois chapitres : le premier se rapporte à un état des lieux et analyse les causes de la crise qui secoue le pays, le deuxième propose une série de solutions étalées sur cinq ans et le troisième offre un modèle de redressement financier. Le plan détaille en fait les idées que le gouvernement avait déjà eu l’occasion de présenter dans sa déclaration ministérielle puis dans son premier exposé devant la commission parlementaire des Finances. Il ne prévoit pas de nouveaux impôts autres que ceux décidés dans le Budget de 1999 : relèvement de l’impôt sur le revenu des sociétés de 10 % à 15 %, révision des droits de succession et de l’impôt sur le revenu, relèvement des taxes imposées aux salles de cinéma et de théâtre… Selon M. Corm, l’objectif du gouvernement est de porter la pression fiscale à 19 % du PIB. La privatisation devra pour sa part permettre de réduire la charge globale des salaires (40 % du Budget). Elle doit aller de pair avec la réforme de la fiscalité pour maîtriser une dette qui va atteindre la pointe de 130 % en l’an 2000 avant de se stabiliser et commencer par baisser jusqu’à 98 % en 2003, a ajouté le ministre. Le plan propose également une meilleure exploitation des biens publics, notamment maritimes, qui rapporterait 160 millions de dollars par an au Trésor sans compter les recettes des amendes (120 millions de dollars par an) qui seront infligées à ceux qui ont construit illégalement sur la côte.
Rien, dans l’examen du projet de Budget en commission parlementaire, ne justifie un accès de colère et sûrement pas la nature du débat entre les députés et les représentants du gouvernement. L’esclandre provoqué par M. Jamil Chammas, député de Beyrouth, qui a accusé le président de la commission des Finances, M. Khalil Hraoui, d’être «un dictateur» et de «tout faire pour...