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Actualités - CHRONOLOGIE

Assad-Barak : pas de déblocage avant une intervention US

Les leaders travaillistes israéliens ayant eu affaire à la Syrie dans le passé se sont réjouis des bonnes intentions affichées du président Hafez el-Assad envers leur nouveau Premier ministre Ehud Barak, mais en soulignant qu’il y avait loin de la coupe aux lèvres. Engagées dans le cadre du processus de paix lancé en 1991 à Madrid, les négociations entre Israël et la Syrie avaient été suspendues il y a plus de trois ans alors que, selon Damas, les travaillistes israéliens avaient fini par accepter l’idée d’une restitution du Golan en échange d’une paix totale. Les contacts officiels entre les deux pays n’ont pas repris durant les trois ans de gouvernement de Benjamin Netanyahu qui se sont ensuivis, celui-ci affirmant n’être nullement engagé par les promesses de ses prédécesseurs et refusant jusqu’au principe même de la rétrocession du plateau syrien occupé depuis 1967. La cinglante défaite de «Bibi» et l’élection triomphale le mois dernier de Barak, ancien chef d’état-major de Tsahal et poulain politique du défunt Yithzak Rabin, ont fait naître dans la région, et le reste du monde, l’espoir que les fils du dialogue seraient rapidement renoués entre Damas et Jérusalem. Assad et Barak ont eux-mêmes entretenus cet optimisme par divers signes positifs, notamment en accordant deux interviews parallèles au biographe du chef d’État syrien, Patrick Seal, dont la teneur a été publiée mercredi à Londres par le quotidien international al-Hayat. Assad y décrit Barak comme «un homme fort et honnête» qui «dispose de toute évidence d’un large soutien» et dont il est «clair qu’il veut arriver à la paix avec la Syrie», aussi fait-il état d’un «changement certain» et d’«un réel désir de paix» en Israël. Le chef du gouvernement israélien n’est pas en reste de compliments à l’égard de la Syrie, «pays fort, indépendant et puissant», avec lequel une entente est «la seule façon de construire une paix solide et globale au Proche-Orient». «Je suis vraiment impatient de voir s’il est possible de conclure avec la Syrie “la paix des braves’’», ajoute Barak, auquel, toujours dans le même journal, Assad réitère son exigence de «reprendre des négociations là où elles en étaient». Deux redoutables négociateurs Cet échange de bons procédés ne fait pas la paix en soi, estiment unanimement les responsables israéliens et syriens au lendemain de la publication de ces deux interviews. «C’est un petit changement, dans le bon sens, mais cela ne résout pas les problèmes, qui relèvent d’ailleurs plus du domaine de la psychologie que des réalités territoriales», souligne ainsi l’ancien Premier ministre travailliste Shimon Peres, dernier responsable israélien à avoir été en contact officiel avec Damas. «C’est toujours une bonne chose de se complimenter mutuellement, mais il n’y a pas lieu d’être euphorique», renchérit Yossi Ben-Aharon, qui fut le chef de la première délégation d’Israël ayant pris langue avec la Syrie après la conférence de paix de Madrid. Selon lui, Ehud Barak doit s’attendre à livrer une «guerre des nerfs avec le “sphinx de Damas”», qu’il qualifie de «vieux renard», capable tout à la fois de couvrir le Premier ministre israélien de fleurs et d’encourager le Hezbollah à frapper Israël au Liban-Sud Itamar Rabinovich, autre ancien négociateur d’Israël avec la Syrie, ne dit pas autre chose en estimant que «lorsque les négociations reprendront avec la Syrie, elles seront longues et truffées de hauts et de bas, émaillées de déceptions et ponctuées de crises». Pour lui, elles seront plus encore ardues avec Assad qu’elles ne l’avaient été avec l’Égyptien Anouar el-Sadate, premier interlocuteur arabe d’Israël, qui avait fini par récupérer la totalité du Sinaï en échange d’un traité de paix en bonne et due forme avec l’État juif, il y a maintenant 20 ans. Barak ne s’est jamais engagé publiquement à rendre le Golan à la Syrie et la presse de Damas, qui passe sous silence l’interview d’Assad à al-Hayat, considère que la position du nouveau Premier ministre israélien, qui n’a pas encore pris ses fonctions, n’apparaît pas avec clarté pour le moment. Al-Baas souligne que, en revanche, la position de Damas, qui réclame un «règlement juste et global fondé sur la légitimité internationale» des résolutions de l’Onu, n’a pas varié depuis 1991, car elle n’est pas fonction de la personnalité au pouvoir en Israël ou de son étiquette politique. «Ceux qui recherchent la paix attendent, pour jauger du sérieux des intentions de Barak vis-à-vis de la paix, qu’il forme son gouvernement afin de voir dans quelle direction politique il va s’engager». Interviewé par Radio-Israël, Patrick Seale a prédit pour sa part que rien ne bougerait entre Assad et Barak avant que Bill Clinton n’intervienne comme médiateur. «Ces deux hommes sont de redoutables négociateurs, tous deux sont intransigeants sur les questions de sécurité. Il va falloir, à mon avis, une forte dose d’interventionnisme américain pour déboucher sur une issue satisfaisante».
Les leaders travaillistes israéliens ayant eu affaire à la Syrie dans le passé se sont réjouis des bonnes intentions affichées du président Hafez el-Assad envers leur nouveau Premier ministre Ehud Barak, mais en soulignant qu’il y avait loin de la coupe aux lèvres. Engagées dans le cadre du processus de paix lancé en 1991 à Madrid, les négociations entre Israël et la...