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Actualités - REPORTAGES

Justice - Incarcérée pour le meurtre d'un prêtre qu'elle n'avait pas commis Antoinette Chahine, cinq ans en prison, et pourtant innocente(photo)

Innocentée après cinq ans de prison, Antoinette Chahine, accusée en 1992 du meurtre du père Semaan Khoury à l’église Saint-Jean à Ajaltoun, a retrouvé hier le chemin de la liberté. Cinq ans d’injustice et de souffrances noyés hier dans les larmes des proches et amis à son domicile de Jbeil. «Je suis simplement très heureuse», dit Antoinette Chahine à son arrivée à Jbeil. «J’ai retrouvé mes parents et amis et mon bonheur est indescriptible». La maison est en effet bondée de monde. Beaucoup ont pensé offrir des roses rouges à l’absente qu’ils n’ont pas cessé d’attendre. «Dieu merci, elle est enfin hors de prison», entend-on souvent de la part de femmes en larmes. La joie certes dépasse la peine causée par le sacrifice de cinq ans de la vie d’une jeune femme en raison d’un premier faux jugement. L’histoire est en effet tragique. À l’issue du crime de Ajaltoun, Antoinette Chahine a été accusée de l’avoir perpétré, son frère étant membre des Forces libanaises. Elle a été enfermée 40 jours au ministère de la Défense puis relâchée. Mais ce ne devait pas être la fin de la tragédie : Antoinette Chahine a été incarcérée de nouveau à la prison des femmes de Baabda. Après plus d’un an d’attente, elle a été condamnée à mort. La peine a été commuée à la prison et aux travaux forcés à perpétuité. Tout cela pour un crime qu’elle n’avait pas commis. En entendant la nouvelle, Antoinette Chahine est tombée dans un tel état d’abattement qu’elle aurait quasiment perdu la parole et l’usage de ses jambes. Au bout d’un mois, elle aurait prononcé les simples mots : «Je veux un acquittement». Ce n’est qu’hier que tout a changé. Après avoir fait appel, Antoinette Chahine a enfin été innocentée et relâchée. Dans cette même affaire, Rachid Nasri Daou et Saad Élias Gebraïl ont été condamnés à 12 ans de travaux forcés. D’autres coupables ont été condamnés à mort par contumace. À l’instar d’Antoinette Chahine, Jihad Adib Abou Ramia a été innocenté de l’accusation de complicité qui pesait sur lui. Hier, c’est l’image d’une femme forte et calme qu’affichait Antoinette Chahine. Entourée de gens en pleurs, elle exprimait son émotion avec retenue et dignité. Interrogée par L’Orient-Le Jour sur les traitements qu’elle a subis en prison, elle a répondu discrètement : «Quand on est innocent, on apprend à patienter. Et j’ai toujours été convaincue de mon innocence». C’est certainement la mère d’Antoinette qui était la plus émue. «Je suis très heureuse que ma fille soit sortie de prison, grâce à Dieu», a-t-elle dit. À la question de savoir ce qu’elle ressentait à l’encontre des cinq ans passés par sa fille en prison pour un crime auquel elle était étrangère, Mme Chahine a répondu : «J’ai oublié toutes ces années. Après la sortie de prison de ma fille, j’ai tout oublié. Nous savions qu’elle était innocente et qu’elle serait libérée tôt ou tard». Comment a-t-elle vécu ces cinq ans ? «J’allais chez elle trois fois par semaine. Grâce à Dieu j’étais toujours en bonne santé pour lui rendre visite». Cinq ans de la vie d’une personne ont été sacrifiées à cause d’un dossier qui n’était pas solide. Au nom de quoi a-t-on condamné une innocente ?
Innocentée après cinq ans de prison, Antoinette Chahine, accusée en 1992 du meurtre du père Semaan Khoury à l’église Saint-Jean à Ajaltoun, a retrouvé hier le chemin de la liberté. Cinq ans d’injustice et de souffrances noyés hier dans les larmes des proches et amis à son domicile de Jbeil. «Je suis simplement très heureuse», dit Antoinette Chahine à son arrivée à...