Municipales-La bataille reportée reprend demain Conflits familiaux sur fond d'ingérences politiques à Hadeth

À Hadeth, la bataille municipale reportée d’un an environ reprend de plus belle demain, dimanche. Trois listes principales sont en lice : une liste présidée par Antoine Karam et soutenue par Ernest Karam, ancien président de la Ligue maronite ; une seconde liste, qui est née d’une coalition entre deux autres, est soutenue par Pierre Daccache, député de la région, et comporte des membres du Parti national libéral ou proches du PNL ; une troisième appelée «liste de la solidarité» comprend un groupe de jeunes candidats. Il y a 18 sièges municipaux à Hadeth. Rappelons que le scrutin de Hadeth avait été reporté en 1998 en raison d’«erreurs administratives», les listes de deux des localités du village, Haret el-Botm et Sebnay, n’ayant pas été envoyées à temps. Le report avait alors causé un tollé parmi les candidats et les instances politiques de la région. Ils avaient tous peur qu’un projet de division de Hadeth en deux ou même trois parties ne soit mis à exécution. Ce risque existe-t-il toujours ? Interrogé par L’Orient-Le Jour, M. Daccache a estimé que «les quatre contrées vont voter dimanche (demain)». «Nos contacts avec le président de la République et les ministres ont porté leurs fruits», a-t-il dit. Mais un autre danger a été dénoncé par M. Daccache : les frontières entre Hadeth et Baabda ne seraient pas clairement définies. «Nous avons demandé les cartes à M. Michel Murr», a-t-il précisé. «Nous les avons obtenues à la dernière minute mais elles ne sont pas certifiées, donc ne peuvent pas être considérées comme officielles». Hikmat Dib, membre de la «liste de la solidarité», partage les doutes de M. Daccache. «Nous n’avons jamais obtenu de carte officielle et le danger persiste toujours». Comment se présente le paysage électoral à la veille du scrutin ? Les critères dominants restent l’appartenance familiale et les conflits entre partis. Des efforts pour créer une liste de coalition sont restés vains ou presque. M. Daccache a déclaré : «Nous avons voulu que les habitants de Hadeth s’entendent entre eux parce que cela donnera naissance à un conseil municipal fort et homogène. Mais nos efforts n’ont donné de fruits qu’avec deux listes qui n’en forment qu’une actuellement. Je me considère comme un père pour tous les habitants de Hadeth. Mais vu que j’ai concentré mon action à promouvoir une coalition, je soutiens les listes qui ont suivi ce chemin». Mais Antoine Karam et Hikmat Dib ont démenti que ces efforts aient été réels. «Personne n’a vraiment pris en considération les intérêts de tout le monde», a dit M. Karam. «Voilà pourquoi nous avons formé notre liste». Il a déclaré que sa liste représente les familles de Hadeth. Quant à M. Dib, il a indiqué que sa liste avait un programme électoral : donner la priorité à la protection du marché local de Hadeth contre la concurrence déloyale de la marchandise venue d’ailleurs et contribuer à la restructuration urbanistique de la ville. Y a-t-il eu des ingérences politiques ? M. Daccache pense que si. «Les élections n’ont pas été bien préparées et les déclarations des officiels sont restées ambiguës», a-t-il souligné. «Les personnes qui ont refusé la coalition se sentaient fortes d’un soutien étranger. Il faut que la bataille reste entre les habitants de Hadeth et que la ville dépasse les ingérences». Pour sa part, M. Ernest Karam considère que «l’État est neutre et que les causes qui ont poussé au report n’existent plus». Par ailleurs, le parti du Waad, proche du député Élie Hobeika, a publié hier un communiqué précisant qu’il se tenait à égale distance de toutes les listes. En tout état de choses, la bataille s’annonce serrée dimanche.