Inénarrable

On ne peut pas raconter Manasseh. Loutfallah, troisième de la dynastie dont le patronyme éclaire en lettres lumineuses les plus beaux pignons de Beyrouth, déploie, avec sa mère Nadia, ses soeurs, son épouse et une équipe essentiellement féminine, un dynamisme légendaire qui le fait régner en maître quasi-absolu parmi ses pairs.Un humour décapant, une capacité de travail à toute épreuve, un don d’ubiquité qui le rend présent dans toutes ses boutiques à la fois (Achrafieh, Hamra, Kaslik), une ouverture à tout ce qui est nouveau, des centres d’intérêt multiples (politique, art, écriture...) font de cet homme un pôle social incontournable et rejaillissent sur l’image de l’ entreprise familiale. Agents exclusifs de Baccarat, Lalique et Bernardeau, à qui s’ajoute depuis peu la faiencerie de Gien, les Éts Manasseh sont avant tout des Pavillons Christofle. Depuis près d’un siècle que ce nom de Christofle existe au Liban il en est devenu une métonymie de l’argenterie, sinon du prestige. Prépare-t-on une belle table? On sort ses Christofle, même si la ménagère en question est d’une autre marque. Une image qui colle à la peau de cristal et de porcelaine des autres représentations de la maison. Mais riche d’une relation ininterrompue de près d’un siècle avec son principal fournisseur, Manasseh est un des rares, sinon le seul Pavillon Christofle à bénéficier du privilège de vendre d’autres marques dans le cadre de sa franchise. Déposer sa liste chez Manasseh c’est entrer de plain-pied dans une tradition classique où les objets se transmettent au même titre que les valeurs sociales et morales qui vont avec. Et que l’entourage ne s’effarouche pas de la réputation onéreuse des articles proposés. Même les plus petits objets possèdent une valeur intrinsèque et se convertissent au besoin (voir page 5) en valeur ajoutée dans un programme d’offres dont tout le monde sort gagnant.