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Actualités - ANALYSE

Montée en puissance politique du Hezbollah

Les développements à Jezzine sont d’une importance telle que leurs retombées vont infléchir toute la vie politique du pays. Cette impression est unanimement partagée dans les cercles politiques. Où tout le monde s’accorde pour le moment à souligner que la vraie victoire du Hezbollah c’est d’une part de prendre le pas sur le pouvoir officiel ; et, d’autre part, de démontrer que, sur la scène locale, il est bien la seule entité qui ait un projet d’avenir, un plan cohérent, pour discutable qu’il soit. Mais pour cette raison même, il ne faut pas être grand clerc pour deviner que les autres forces, loyalistes ou d’opposition, vont avoir tendance à se coaliser pour barrer la route aux intégristes. Notamment à l’occasion des législatives de l’an 2000 appelées à consacrer au Liban de nouveaux rapports de force, après la relégation de l’ancien pouvoir. Toujours est-il que, sur le papier, la libération de la région de Jezzine renforce la position du Liban par rapport à l’occupation israélienne. Et constitue une entrée en matière pour la récupération de tout le territoire occupé, même si Jezzine fait littéralement bande à part. On sait en effet que cette enclave n’a été investie par Lahd qu’en 1985, pour la protéger lors des massacres perpétrés à l’est de Saïda. Elle ne fait pas partie de la ceinture de sécurité et n’est pas soumise aux dispositions de la résolution numéro 425. Les officiels libanais sont donc satisfaits de récupérer Jezzine. Et ils soutiennent que tout va bien se passer, que les violences prendront fin pour de bon une fois le dernier lahdiste parti. Mais c’est là que, justement, la question se pose : et ceux qui vont rester ? Ces quelque 200 jeunes de la région qui ont refusé de suivre Lahd à Marjeyoun et que l’on cantonne maintenant dans un couvent pour les protéger. Que va-t-il en advenir ? Les officiels répondent qu’ils ont pris des contacts à ce sujet avec le Hezbollah, et laissent entendre que celui-ci a fourni les assurances nécessaires. Les miliciens auraient à répondre de leurs actes uniquement devant la justice légale du pays. Cachant leur embarras sous des mines soucieuses, les responsables ajoutent précipitamment que «nous sommes confrontés à des données tout à fait nouvelles. Il ne faut pas trop nous harceler de questions car on doit nous laisser le temps de réfléchir à tout cela». Du temps, pourtant, ce n’est pas cela qui leur a manqué : cela fait au moins un an que Lahd parle de quitter Jezzine. Et même si l’on tient compte du fait qu’entre-temps le pouvoir a changé de main au Liban, on ne peut oublier que cela s’est produit, il y a six bons mois déjà… En tout cas, les développements actuels rappellent aux autorités une autre nécessité de prévision : dans la préparation de la nouvelle loi électorale, il faut tenir compte de la forte possibilité qu’à la prochaine échéance législative de l’automne 2000 le Sud et la Békaa-Ouest aient été libérés. Ce qui doit entraîner un réexamen forcé du découpage des circonscriptions. On sait en effet qu’à cause de l’occupation des deux mohafazats, le Sud et Nabatyeh ont été jusque-là unis en un seul pour former une circonscription. Au grand avantage de M. Nabih Berry. Il est douteux que la formule puisse être maintenue l’an prochain : le Hezbollah s’y refuserait sans doute et il faudra sans doute compter avec lui.
Les développements à Jezzine sont d’une importance telle que leurs retombées vont infléchir toute la vie politique du pays. Cette impression est unanimement partagée dans les cercles politiques. Où tout le monde s’accorde pour le moment à souligner que la vraie victoire du Hezbollah c’est d’une part de prendre le pas sur le pouvoir officiel ; et, d’autre part, de démontrer que,...