Parti - Elie Karamé proclame son appui à Lahoud et tend la main à Hajj L'opposition Kataëb opte pour une politique d'ouverture

Le parti Kataëb a-t-il effectué un premier pas sur la voie de sa réunification, après plus de six ans de discorde et de déchirement ? Cette question se pose avec acuité à la suite du dîner annuel organisé jeudi soir au Portemilio, à Jounieh, par l’opposition Kataëb conduite par l’ancien leader du parti Élie Karamé. La rencontre a regroupé près de 500 ténors, hauts responsables, cadres supérieurs et partisans proches du courant représenté par M. Karamé. La présence du leader du Parti national libéral, M. Dory Chamoun, et de plusieurs membres de l’instance dirigeante du PNL a contribué à placer cette soirée sous le signe des retrouvailles interchrétiennes. Deux faits saillants ont marqué ce dîner annuel : la teneur du discours de M. Karamé et l’initiative du nouveau leader des Kataëb, M. Mounir Hajj, qui a surpris l’assistance en se joignant à ceux qui se sont rebellés contre le commandement du parti. C’est la première fois depuis 1992 qu’une rencontre publique avait lieu entre la direction Kataëb et les opposants. Quelques semaines seulement après son élection à la tête du parti, M. Hajj a tenu ainsi à faire un geste en direction des frondeurs. Sa présence au dîner du Portemilio (auquel il n’était pas officiellement convié) signifie qu’il reconnaît implicitement l’existence d’un fort courant conduit par M. Karamé. Celui-ci avait pris les devants, avant l’arrivée de M. Hajj, en lançant un appel à la réunification du parti afin de redonner aux Kataëb le rôle national qui avait été le leur par le passé. M. Hajj, pour sa part, a confirmé sa volonté de réunification sans toutefois aller jusqu’à des propositions concrètes sur ce plan. Dans une courte allocution qu’il a improvisée aussitôt après son entrée dans la salle, le chef des Kataëb a profité de l’occasion pour souligner que le discours politique et la ligne de conduite du parti n’avaient nullement changé et demeuraient conformes à la voie tracée par Pierre Gemayel. Invité à prendre la parole, M. Dory Chamoun a lui aussi insisté sur l’importance d’une réunification des Kataëb «pour préserver un Liban libre et indépendant». Un objectif qui ne saurait être atteint, selon lui, en l’absence d’une cohésion entre les Kataëb, le PNL, les Forces libanaises, le courant aouniste et le Bloc national. Parallèlement à cette volonté affichée de réunification, la rencontre du Portemilio a été essentiellement marquée par le volet du discours de M. Karamé consacré à la conjoncture politique dans le pays. Tout en restant ferme sur ses positions de principe, M. Karamé a amorcé un virage en optant pour une politique d’ouverture envers le régime du président Émile Lahoud qu’il a ouvertement appuyé. M. Karamé a placé cet appui au chef de l’État dans le contexte du traditionnel soutien des Kataëb à la présidence de la République «en vue de préserver la spécificité du Liban et sa place privilégiée dans le monde arabe». Le chef de l’opposition kataëb a tenu, dans le cadre de cet appui au régime, à mettre l’accent sur l’importance de la sauvegarde des libertés publiques. Il a en outre annoncé que l’opposition kataëb est déterminée à participer aux prochaines élections législatives, exprimant l’espoir que d’ici là, le parti sera réunifié. Cette position reflète incontestablement une nouvelle politique d’ouverture de la part des composantes de l’opposition chrétienne qui pendant longtemps ont refusé de traiter avec la légalité issue de Taëf. Ce changement de cap s’était déjà manifesté à la faveur de la participation de M. Chamoun, des Forces libanaises et du courant aouniste aux dernières élections municipales. Reste à savoir si cette nouvelle donne parviendra à influer sur le cours (et le résultat) des prochaines élections législatives qui promettent déjà bien des surprises.