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Actualités - ANALYSE

Le dossier des réfugiés palestiniens reste prioritaire pour Beyrouth

Ehud Barak a-t-il réellement l’intention de placer le retrait des troupes israéliennes du Liban-Sud, de la Békaa-Ouest et du Golan à la une de ses préoccupations et de traiter cette affaire indépendamment du processus de paix globale ? Telle est la question que se posent à l’heure actuelle nombre d’observateurs qui se demandent par ailleurs si Israël ne va pas finalement se trouver contraint de se retirer gratuitement et de renoncer au prix fort qu’il réclamait jusqu’à présent en contrepartie de ses retraits. Un fait est certain : Israël a toujours affirmé désirer se retirer du Liban-Sud et de la Békaa-Ouest mais en contrepartie d’arrangements de sécurité à mettre au point tout comme il a toujours affirmé désirer se retirer d’une partie du Golan en contrepartie de la «normalisation». Le Liban pour sa part a toujours et continue d’estimer qu’en vertu de la résolution 425 du Conseil de sécurité, Israël doit se retirer inconditionnellement du Liban-Sud et de la Békaa-Ouest. Pour le Liban, il ne saurait être question d’arrangements de sécurité qui précèderaient les retraits. Mais bien plutôt de «normalisation» après l’aboutissement du processus de paix et des négociations pour une paix globale et durable. Car c’est alors qu’auraient été réglés tous les problèmes en suspens liés aux réfugiés palestiniens, à l’eau, à l’armement, à Jérusalem et aux implantations. Tous les peuples de la région vivraient alors dans le cadre de frontières internationalement reconnues et la «normalisation» serait alors possible. Du côté syrien, on tient depuis toujours aux principes de la conférence de Madrid et au postulat de la terre contre la paix. Pour les Syriens, paix n’implique pas nécessairement normalisation. Car la normalisation ne peut résulter que d’une décision des peuples. Elle ne peut être imposée aux peuples. Israël pourrait-il accepter aujourd’hui de renoncer à ses exigences et se retirer gratuitement ? Cela impliquerait toutefois un report (jusqu’à quand ?) des négociations de paix. Et le «gel» du processus de règlement global signifierait que le Liban continuera de pâtir des retombées du dossier des réfugiés palestiniens sur son territoire, que l’Autorité palestinienne continuera de subir les conséquences des implantations et que la Syrie continuera à souffrir du manque d’eau. Ceci sans compter le fait que l’armement continuera à être la chasse gardée des Israéliens et sera de ce fait interdit à tous les peuples de la région. Ainsi donc, il n’est point dans l’intérêt du Liban ou de la Syrie que les Israéliens opèrent aujourd’hui un retrait – même gratuit – qui leur permettrait en définitive de vivre en paix sans que soient pour autant réglés tous les autres problèmes qui sont au cœur du conflit moyen-oriental. Le chef de l’État, le général Emile Lahoud, est parfaitement conscient de cette situation. Il connaît les retombées de la présence au Liban de réfugiés palestiniens et il ne cesse d’évoquer ce problème à chaque fois qu’Israël cherche à fuir les «devoirs» inhérents à une paix juste et globale en tentant d’obtenir des arrangements de sécurité qui lui permettraient de vivre en paix sans se préoccuper des autres peuples de la région et, surtout, en clôturant, peut-être à jamais, le dossier du «retour» des Palestiniens en... Palestine. Car il ne faut pas oublier que c’est en fait le dossier des réfugiés qui a incité le Liban à participer à la conférence de Madrid. Il ne faut pas non plus oublier que le Liban a toujours soutenu – particulièrement après Oslo – qu’il ne souscrirait pas à un accord si celui-ci n’apporte pas un règlement au dossier des réfugiés palestiniens. Il reste qu’Israël a toujours refusé de mettre en application les nombreuses résolutions adoptées par l’Organisation des Nations unies en faveur des réfugiés palestiniens. Et c’est pour satisfaire Israël que les États-Unis ont subrepticement proposé des plans d’implantation des réfugiés palestiniens dans les pays d’accueil... Il a alors été question, à Camp David, à Madrid, à Oslo et à d’autres occasions de distinguer entre les Palestiniens expulsés en 1948 et les Palestiniens nés en terre étrangère, d’indemniser ceux qui accepteraient de rester en terre d’accueil et de renoncer à leur droit au retour au Palestine, d’indemniser «grassement» les pays qui souscriraient au plan d’implantation, … Mais rien n’a jamais abouti. Et il est aujourd’hui certain que le Liban ne pourra jamais affronter tout seul le problème des réfugiés palestiniens et le risque de se trouver contraint de souscrire à l’implantation si un règlement est apporté au problème moyen-oriental. Le Liban se doit d’exiger aujourd’hui que cette question soit réglée dans le cadre des négociations de paix. Il ne doit signer avec Israël aucun accord qui n’apporterait pas un règlement à cette question.
Ehud Barak a-t-il réellement l’intention de placer le retrait des troupes israéliennes du Liban-Sud, de la Békaa-Ouest et du Golan à la une de ses préoccupations et de traiter cette affaire indépendamment du processus de paix globale ? Telle est la question que se posent à l’heure actuelle nombre d’observateurs qui se demandent par ailleurs si Israël ne va pas finalement...