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Actualités - REPORTAGES

Environnement - Herbes sauvages, détritus, gravats Le jardin de Furn El-Chebbak, un dépotoir (photos)

On lui donne le nom de jardin public. Pourtant de jardin, il n’a que le nom, et quelques arbres qui ont survécu à la guerre, meurtrière sur cette «ligne de front». Dans ce petit espace public abandonné, situé entre l’avenue Sami el-Solh et la rue du Foyer des vieillards de Furn el-Chebbak, tout n’est qu’herbes sauvages, montagnes de détritus, de gravats et maintes poubelles jetées çà et là. Deux bassins à sec, témoin d’un passé plus glorieux et dont les rebords n’ont pas survécu aux obus, servent de dépotoir aux déchets, branchages et immondices diverses. Le sol même est cahoteux, propice aux chutes et faux pas. Pourtant ils sont des dizaines à venir tous les jours dans ce jardin, comme ils l’appellent, le temps d’un bol d’air. Jeunes et moins jeunes, habitants défavorisés de la région d’Aïn el-Remmaneh, de Furn el-Chebbak ou de Sami el-Solh, ils ont tous un point commun : ils n’ont nulle part ailleurs où aller, où emmener leurs enfants pendant les périodes de loisirs. Des promesses d’aménagement, ils en ont reçu des tas de la municipalité mais, pour le moment, ils ne peuvent que se résigner à se promener au milieu de la saleté, des gravats et des vestiges de ce qui est censé être un parc public. En attendant des jours meilleurs. Assis sur un des murets bordant les herbes folles, un couple bavarde, surveillant des enfants qui jouent au ballon, tout près. «C’est un jardin qui nous repose, oui. Mais d’un autre côté, nous sommes désolés de le voir dans cet état», remarque ce père de famille. «On y emmène les enfants régulièrement, mais il est tellement sale ! Et nous ne pouvons les laisser là sans surveillance, c’est trop risqué», ajoute-t-il. «On vient ici, parce qu’on ne peut aller ailleurs», dit la mère. «Si au moins la municipalité le faisait nettoyer, comme elle le promet depuis si longtemps !» Son fils aîné, âgé d’une dizaine d’années, vient quotidiennement jouer avec des amis du quartier. Il s’est déjà cassé les dents antérieures en faisant de la bicyclette. «J’ai heurté sur une pierre, avoue-t-il, en faisant du vélo. Des pierres, il y en a tellement !» Cette famille, comme tant d’autres familles défavorisées de la région, s’accroche à cette seule aire de jeu de la région, car pour aller ailleurs, il faut «subir les embouteillages», remarque le père. Et puis, c’est plus simple de venir là, car ils se sentent chez eux. Ils ont même installé un panier de basket-ball sur l’un des murs du jardin, histoire d’amorcer son aménagement. Plus loin, quatre adolescents de Aïn el-Remmaneh jouent aux cartes, le rebord du mur leur servant à la fois de table et de chaises. «Nous venons ici tous les jours après l’école, dit Alain, pour nous retrouver. Nous jouons aux cartes, bavardons et rencontrons nos amis». Ali, 14 ans, le plus jeune du groupe, renchérit : «Nous nettoyons les lieux avant de nous installer, parce que c’est trop sale et nous voulons être à l’aise. Nous ne croyons plus aux promesses de la municipalité. Voilà six ans qu’elle nous promet d’aménager le parc. Et tout ce qu’elle a fait, c’est installer ce poteau électrique, histoire d’empêcher les amoureux de venir s’y promener, une fois la nuit tombée», explique–t-il d’une voix ironique. «Nous voulons simplement qu’elle le nettoie. Est-ce trop demander ?» Ce petit jardin, cet espace de repos et de jeu situé entre des quartiers surpeuplés, ne nécessite pas grand-chose pour devenir accueillant. Quelques bancs, un dallage et un grand coup de balai. Est-ce vraiment trop demander à la municipalité de Furn el-Chebbak, régulièrement sollicitée par les habitants de la région pour aménager des espaces qui seraient réservés aux jeunes du quartier ?
On lui donne le nom de jardin public. Pourtant de jardin, il n’a que le nom, et quelques arbres qui ont survécu à la guerre, meurtrière sur cette «ligne de front». Dans ce petit espace public abandonné, situé entre l’avenue Sami el-Solh et la rue du Foyer des vieillards de Furn el-Chebbak, tout n’est qu’herbes sauvages, montagnes de détritus, de gravats et maintes poubelles...