Notre époque - L'audiotex ou quand le téléphone devient média L'actualité mondiale à la disposition du public en temps réel (photos)

Tapez quatre chiffres sur votre téléphone portable, les deux premiers étant 1 et 4. Sélectionnez d’autres chiffres encore pour avoir ou donner l’information que vous désirez. Patientez, l’interactivité a commencé entre vous, votre portable, des centraux téléphoniques et des ordinateurs de très haute capacité. Cette opération vous a coûté 25 cents la minute. Quatre entreprises présentent des services audiotex : Libancall, Actel, Spaceline et Jinny paging. Connu depuis une quinzaine d’années en Occident, le système de l’audiotex, comme l’explique M. Habib Saba, directeur de Libancall, «consiste à transmettre des informations orales à travers un système informatique automatisé relié au téléphone». «Quand on fait appel (à travers un téléphone) au système, l’information est prête sans aucune assistance manuelle», ajoute-t-il. Faisons plus simple encore : «Avec l’audiotex, le téléphone devient interactif et se transforme en média», note M. Ronny Richa, directeur d’Actel. Et d’ajouter que «le téléphone présente plusieurs options et se transforme en clavier». Au Liban, c’est après l’entrée en service du téléphone mobile que l’audiotex a fait son apparition. La raison en est simple, les nouveaux réseaux cellulaires possèdent l’infrastructure nécessaire (notamment sur le plan du contrôle des factures et des appels) pour la mise en place du système. Les entreprises présentes sur le marché libanais travaillent à travers les opérateurs cellulaires Cellis et Libancell. Des entreprises, qui, pour exister, ont besoin au minimum d’un ordinateur, capable d’enregistrer automatiquement et simultanément, sur un même numéro de téléphone, des centaines d’appels téléphoniques. Elles sont quatre actuellement, on l’a vu : Libancall, Actel, Spaceline et Jinny paging. Aussi différentes les unes des autres, elles présentent des applications aussi diversifiées, notamment des jeux en partenariat avec des médias (radios, télévision et journaux). Fonctionnelle depuis novembre dernier, Actel est une société anonyme qui travaille avec deux partenaires œuvrant dans la télécommunication, Véga et Circle Group. Elle travaille essentiellement avec la LBCI, Radio One et Radio Scope. Spaceline fait partie du holding Mikati Group, elle existe sur le marché depuis octobre 1998. Les applications de l’entreprise sont surtout relatives aux jeux des médias, notamment la LBCI, Radio Delta, Pax Radio, As-Safir, le Daily Star. Contrat exclusif Jinny paging, qui est connue depuis des dizaines d’années pour les services téléphoniques qu’elle assure, offre actuellement un service de messages personnalisés à travers le téléphone portable. En plus de ces divers partenariats avec les médias audiovisuels, Libancall est la seule actuellement à présenter des services d’information, tels que les guides restaurants ou cinéma, la météo, la bourse en direct (avec le service financier de Reuters), les bulletins d’information (AFP). La plus ancienne à avoir élu domicile sur le territoire libanais (août 1997), Libancall est une branche de Call Moyen-Orient. M. Négib Abou Hamzé, PDG de l’entreprise, souligne que «Call Moyen-Orient est une compagnie franco-libanaise formée de Call Europe et de partenaires libanais». «Libancall est donc le fruit de Call Moyen-Orient», ajoute-t-il. L’entreprise, qui est en phase d’implantation dans d’autres pays arabes, est alliée à plusieurs partenaires. Pour les informations, elle est la seule entreprise du genre à être liée par un contrat exclusif à l’AFP pour tout le Moyen-Orient. Récemment, en partenariat avec l’AFP, la compagnie a lancé une première mondiale : un système automatique d’informations urgentes qui permet d’être informé en temps réel sur tout développement important de l’actualité internationale. «Dès qu’il se passe quelque chose dans le monde, le téléphone de l’abonné sonne pour lui communiquer l’information dans la langue de son choix (arabe, français ou anglais)», indique M. Abou Hamzé. Évoquant le fonctionnement de l’application financière de Reuters, M. Saba note pour sa part que «l’information est fournie en temps réel, elle arrive en données numérique, qui sont placées automatiquement (et transformées en voix) sur le téléphone». Pour ce service, le téléphone de l’abonné ne sonne pas. Se penchant sur le phénomène de l’audiotex, appliqué à la télévision, M. Abou Hamzé souligne que «le téléspectateur est resté pendant longtemps passif. Avec le système installé actuellement, il peut réagir et participer en direct». L’audiotex apporte un plus à la télévision et au consommateur. M. Saba note pour sa part que «dans l’avenir, le consommateur aura de plus en plus le choix». Un choix qui peut grandir au Liban pour englober la télévision numérique à l’information à la carte. Quatre entreprises donc existent actuellement sur le marché libanais. Sera-t-il sursaturé ? «Jusqu’à présent, tous les numéros commençant par le 14 n’ont pas été utilisés», indique M. Richa en soulignant «qu’il existe des réservations de numéros». Et d’ajouter que «les entreprises auront plus tard à gérer les choses en fonction du marché». On n’a pas encore tout tenté au Liban. «L’audiotex peut présenter un très large éventail d’applications», note le directeur d’Actel. Plus tard d’autres services seront lancés ou améliorés. Chaque compagnie réserve la surprise à ses clients. Cependant pour s’éviter les mauvaises surprises, les chefs d’entreprise gardent le silence sur les projets à venir. «C’est un métier où la créativité et les idées comptent beaucoup», note M. Richa. Si l’infrastructure nécessaire est assurée, l’audiotex pourrait se développer afin d’englober toutes les lignes téléphoniques libanaises. Dans ce nouveau domaine de la télécommunication, «le Liban pays de services par excellence jouera le rôle de leader au Moyen-Orient», notent MM. Abou Hamzé et Saba. Pourquoi pas quand toutes les personnes présentes sur ce nouveau marché de l’audiotex clament haut et fort que «la limite est le ciel».