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Actualités - CHRONOLOGIE

Diplomatie - Les suites de l'affaire des 23 clandestins renvoyés à Chypre Le pavillon et les propriétaires du bateau de pêche au centre de l'enquête

Les autorités libanaises ont ouvert une enquête pour déterminer si, comme l’a affirmé le gouvernement chypriote, le Moustapha, un bateau de pêche qui a transporté la semaine dernière 29 immigrants clandestins vers Chypre, battait pavillon libanais, a-t-on indiqué hier de sources diplomatiques à Beyrouth, citées par notre correspondant au palais Bustros Khalil Fleyhane. Les investigations visent également à déterminer l’identité des propriétaires du bateau et à découvrir un éventuel réseau de passeurs. Cette enquête, qui n’a pas encore été achevée, avait été ordonnée après les remontrances du gouvernement chypriote, qui a protesté en début de semaine contre le refus du Liban de récupérer 23 de ces immigrants, sous le motif qu’ils n’étaient pas Libanais et qu’ils n’étaient pas porteurs de titres de séjour justifiant leur présence sur le territoire libanais. Dix-huit d’entre eux sont des Irakiens, un Palestinien, deux Somaliens, un Srilankais et un Burundais. Beyrouth avait en revanche accepté de récupérer les six autres, des Égyptiens, qui disposaient de permis de résidence au Liban. Pour les autorités chypriotes, il ne fait aucun doute que les 29 immigrants étaient tous partis du Liban, et plus précisément de Tripoli, à bord du Moustapha. Expulsés de Chypre deux jours après leur arrivée, ils ont été ramenés au Liban à bord d’une vedette de la police chypriote, l’Odysseas. Selon Nicosie, le capitaine de l’Odysseas devait débarquer au port de Beyrouth pour présenter aux autorités libanaises des documents prouvant ces faits, mais le Liban a refusé de le recevoir et a contraint la vedette, après une longue attente, à rebrousser chemin après avoir fait débarquer uniquement les six Égyptiens. Beyrouth affirme en effet ne pas être responsable des 23 autres clandestins et ajoute que, selon une enquête de la Sûreté générale, le Moustapha n’a pu appareiller qu’à partir d’un point indéterminé du littoral et non d’un port légal comme celui de Tripoli. Dans une note adressée au Palais Bustros, le ministère chypriote des Affaires étrangères a estimé «indiscutable» que les passagers soient tous partis du Liban et indiqué que le Moustapha battait pavillon libanais et que son propriétaire était originaire du village de Abdeh, dans le Akkar. C’est donc sur ces points que s’orientent les investigations officielles libanaises. Mais l’enquête risque d’être compliquée par un autre facteur. Il semble en effet, à en croire la note de Nicosie, que le Moustapha, après avoir débarqué ses passagers sur un point de la côte près de Larnaca, s’était aussitôt dirigé vers le port de Famagouste, en zone chypriote-turque, échappant totalement à la juridiction chypriote-grecque. Alertée par des pêcheurs, la police chypriote était parvenue à arrêter les 29 clandestins peu après leur arrivée sur l’île, mais n’avait pas pu, en revanche, saisir le bateau. Ce sont ces mêmes pêcheurs qui ont vu le Moustapha mettre le cap vers le nord, en direction de Famagouste. Or, à l’instar de l’ensemble de la communauté internationale, Beyrouth ne reconnaît pas la République turque de Chypre du nord (RTCN), autoproclamée en 1983 dans la partie de l’île occupée depuis 1974 par l’armée turque. C’est donc à Ankara même qu’il faudrait aller rechercher la réponse. Mais on voit mal la Turquie montrer de l’empressement pour aider à régler une querelle qui oppose deux pays voisins avec lesquels – c’est le moins qu’on puisse dire – ses relations ne sont pas au beau fixe. Le Liban disposé à coopérer Toujours est-il qu’à Beyrouth, des sources diplomatiques ont indiqué que le Liban a exprimé «son entière disposition à coopérer avec Chypre pour régler cette affaire, dans le cadre des lois libanaises et internationales en vigueur» et que les autorités concernées étaient «en contact permanent» avec Nicosie à cet effet. Beyrouth a aussi manifesté «son souci de réprimer les filières d’immigrants clandestins et de mettre un terme à l’immigration illégale tant vers Chypre que vers d’autres pays», ajoute-t-on de mêmes sources. Ces assurances visent surtout à calmer la colère des autorités chypriotes, qui ont menacé de reconsidérer leurs relations avec le Liban, accusé de «refus de coopération». De fait, le dossier de l’immigration clandestine empoisonne les liens entre les deux pays et l’affaire de la semaine dernière n’en est qu’un épisode. Nicosie avait déjà informé Beyrouth de l’arrivée en juin dernier de 113 clandestins sur l’île en provenance du territoire libanais, mais aussi de l’existence actuellement sur ce territoire de près de 1 500 autres candidats au voyage. Le Liban, dont les frontières terrestres sont de notoriété publique loin d’être hermétiques, pourrait au moins mieux surveiller son littoral, s’il tient à ne pas aliéner ses amitiés en Méditerranée et en Europe.
Les autorités libanaises ont ouvert une enquête pour déterminer si, comme l’a affirmé le gouvernement chypriote, le Moustapha, un bateau de pêche qui a transporté la semaine dernière 29 immigrants clandestins vers Chypre, battait pavillon libanais, a-t-on indiqué hier de sources diplomatiques à Beyrouth, citées par notre correspondant au palais Bustros Khalil Fleyhane. Les...