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Actualités - REPORTAGES

Ecologie - Paysagiste, le métier de ceux qui aménagent les espaces verts Les pépinières au Liban, un festival de lumière et de fraîcheur (photos)

Hibiscus, Dieffenbachia, Ficus, Benjamina, Schefflera, et Thuya, des noms qui insufflent un exotisme avéré, et nous portent tout droit dans un monde de rêves verdoyants. Sur une mélodie de couleurs inédites, le maître des lieux, Khalil Yachou’i, un pépiniériste au doigté magique, nous présente, une à une, ses créations les plus belles qu’il a engendrées avec l’aide de dame nature : les plantes de Yachou’i se multiplient et se décuplent au rythme d’une passion qu’il s’est découvert dès son plus jeune âge, lorsque, très tôt déjà, il accompagnait son père dans les champs d’oliviers. Avec bequcoup de grâce, il nous conte aujourd’hui l’histoire de ces plantes qui l’ont ensorcelé. «N’était l’oxygène qu’elles absorbent en grande quantité, j’aurais élu domicile ici même, dans cette serre», dit-il avec un sourire qu’il adresse affectueusement à la première famille de plantes qu’il nous présente. Riantes, éclatantes de splendeur, Yucca, Filicaria, Fuchsia et Rhododendron entrent alors en scène pour nous accueillir, à bras ouverts, dans un véritable festival de lumière et de fraîcheur qu’elles arborent fièrement à l’instar des vedettes acclamées. Malgré l’étroitesse relative et la modestie des lieux (150 m2 de serre située dans la localité de Mazraat Yachouh), l’endroit est coquet, et les plantes de Khalil Yachou’i se portent on ne peut mieux. Les plantes ne sont jamais ingrates De la santé de ses êtres chers, il nous parle longuement, avec l’amour et la patience que requiert ce métier. Notre pépiniériste a quand même mis huit bonnes années avant de maîtriser le langage de la verdure. Car c’est à travers une communication, qu’il réussit à établir avec ses «merveilleuses créatures», que M. Yachou’i est parvenu à atteindre son objectif. Une chose à retenir, nous explique «l’homme aux doigts verts», c’est que les plantes, ce n’est jamais ingrat : plus on s’en occupe, mieux elles s’épanouissent. Elles sont d’autant plus sensibles aux soins, qu’elles aiment être traitées, et selon un «goût» propre à chacune d’entre elles et dans des conditions qui diffèrent selon qu’il s’agit de plantes à fleurs, de plantes arborescentes ou de plantes exotiques, tropicales, etc. Certaines supportent bien la chaleur (la Starlitzia, par exemple, connue sous le nom des «Oiseaux du paradis») et apprécient un arrosage modéré (le Cactus, le Yukka) ; d’autres, l’eau et l’humidité (la fougère), toutes les plantes, sauf les plantes à fleurs, étant particulièrement sensibles à l’aspersion de leur feuillage, une gâterie dont il ne faut surtout pas priver notre végétation. Mais il y a aussi celles qui supportent mieux le froid que leurs «consœurs». C’est le cas de la lavande, de l’hortensia et de la magnolia, qui survivent facilement à haute altitude. Les plantes sont «des êtres vivants», rappelle Khalil Yachou’i : «Elles fonctionnent un peu comme nous ; pour elles, l’habitude est une seconde nature». Si les plantes, plantules et arbustes réagissent favorablement à certaines conditions climatiques et à un certain type d’entretien, toujours est-il que les conditions auxquelles elles ont été habituées au départ constituent un facteur important au cours de leur développement, explique notre interlocuteur. Lorsque l’on parle par exemple de la nature «originelle», si l’on peut dire, d’une plante, et de la question de savoir s’il s’agit d’une plante «d’intérieur» ou «d’extérieur», l’habitude devient un facteur absolument déterminant. Pour M. Yachou’i, certains types de plantes peuvent vivre exclusivement à l’intérieur ou à l’extérieur, d’autres s’adaptent aisément aux deux environnements. L’important c’est de ne pas les «déstabiliser» en leur changeant trop souvent de demeure, nos amis les plantes n’aimant pas trop le nomadisme, semble-t-il! Ne pas changer trop souvent de demeure Vient ensuite le moment de prendre connaissance des plantes les plus prisées par notre pépiniériste, ses «favorites» comme il dit, qui ne sont autres que des «italiennes» (décidément!). Au cours des présentations, Kentia, Beaucarnia, Picea Abies, Libocedrus et Callistemon défilent devant nous et affichent toute la splendeur et les effets d’un entretien méticuleux; fières et coquettes, celles-ci font partie de ce que Khalil Yachou’i considère être «l’élite» de sa flore. Ce sont elles qu’il sélectionne d’habitude pour créer des espaces verts autour de certaines demeures de la région, ou encore pour le compte de la municipalité de la région. Un véritable métier Car, à l’instar de ses confrères, Khalil Yachou’i, pépiniériste, change parfois de casquette pour porter celle de «paysagiste», un véritable métier qui requiert normalement un diplôme d’architecture en plus d’une formation plus spécialisée dans ce domaine particulier. Or, au Liban, rares sont ceux qui se sont aventurés dans ces études fastidieuses, les gens n’étant pas encore habitués à l’idée de débourser une somme, généralement élevée, pour un avant-projet exécuté par un paysagiste. Pareil au travail d’un architecte qui concevrait l’extérieur d’une maison, l’œuvre du paysagiste consiste aujourd’hui à concevoir l’architecture de nos jardins ou bacs à fleurs. Or, nombreux sont à présent les pépiniéristes qui se sont élus paysagistes occasionnels, puisque, de toutes manières, il leur revient à eux d’assurer l’exécution de l’œuvre. Khalil Yachou’i pense qu’il existe, certes, une confusion en ce domaine, mais que les diplômes, bien qu’en partie indispensables, ne sont valorisés que par l’expérience acquise sur le tas et, surtout, par un goût artistique et une passion certaine pour ce type de métier. Pépiniériste et paysagiste en herbe, il s’est aujourd’hui reconverti au travail de conception d’espaces verts dans la région de Mazraat Yachouh et, en plus des petits travaux qu’il exécute pour le compte de personnes privées, il consacre une partie de son temps à l’aménagement de certains coins verts en collaboration avec la municipalité. Il a en outre été nommé, à juste titre, au comité de l’environnement de la municipalité, mais Khalil Yachou’i se dit un peu déçu car son avis n’est pas pris toujours en compte et son expertise souvent ignorée. Sa déconvenue est d’autant plus justifiée qu’en France, les pépiniéristes font 80% de leur chiffre d’affaires avec les municipalités et organismes régionaux. Un chiffre qui traduit clairement la place qu’occupe l’aménagement des espaces verts en Occident. «Les professionnels, note M. Yachou’i, doivent être étroitement associés aux décisions de la municipalité et se voir confier un rôle plus effectif dans les questions relatives à l’environnement». Il s’agit d’ailleurs d’une tendance qui commence à se confirmer dans les municipalités dites «jeunes» où une véritable tendance «écolo» est en train de se mettre en place, la bonne graine ayant déjà été semée dans les esprits de la nouvelle génération de conseillers municipaux. À quand donc la semence ?
Hibiscus, Dieffenbachia, Ficus, Benjamina, Schefflera, et Thuya, des noms qui insufflent un exotisme avéré, et nous portent tout droit dans un monde de rêves verdoyants. Sur une mélodie de couleurs inédites, le maître des lieux, Khalil Yachou’i, un pépiniériste au doigté magique, nous présente, une à une, ses créations les plus belles qu’il a engendrées avec l’aide...