Jezzine : le projet d'amnistie toujours en commission

On serait tenté de donner raison à Clemenceau : le meilleur moyen d’enterrer un projet c’est de l’envoyer en commission. Ainsi, la proposition de loi d’amnistie spéciale pour les éléments repentis de Lahd traîne toujours à la Chambre… On sait que ce texte, présenté au nom du Hezbollah par le député Mohammed Raad, concerne tout particulièrement la région de Jezzine. Dans la mesure où il est question de la libérer avant le reste du Sud, car elle n’est pas englobée dans la 425, n’ayant pas été envahie en 78 mais en 82. Et dans la mesure aussi où elle est occupée uniquement par l’Armée du Liban-Sud et non directement par les Israéliens. Le projet d’amnistie, qui veut encourager les miliciens lahdistes à faire défection pour affaiblir cette formation, fait l’objet de contacts politiques préparatoires qu’entreprend le président de la commission parlementaire de l’Administration et de la Justice, M. Chaker Abousleiman. En effet, aussi étonnant que cela puisse paraître à première vue, des organismes sudistes, dont le mouvement Amal de M. Nabih Berry, ont accueilli l’idée plutôt fraîchement. En faisant valoir que ce serait faire le jeu d’Israël qui réclame justement qu’on ne touche pas aux gens de Lahd, en cas de retrait. Le président de la Chambre ne ferme pas totalement la porte, mais estime qu’il faut affiner le texte pour éviter d’éventuels contre effets. Ajoutant qu’il est essentiel en outre d’avoir l’aval des pôles chrétiens de la région. En réalité, l’attitude réticente d’Amal découlerait de la rivalité qui l’oppose au Hezbollah. Le mouvement craint en effet que le parti intégriste ne recueille par la suite, grâce à la «clémence» qu’il aura montrée à l’égard des lahdistes repentis, l’adhésion électorale des gens de Jezzine. Il reste que M. Abousleiman traite activement la question et compte consulter sous peu le cardinal Sfeir puis sayyed Nasrallah, secrétaire général du Hezbollah.