Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Partis - Georges Haoui tente de rapprocher les points de vue à la veille du VIIIe congrès Démarches pour éviter l'éclatement du PCL

Le Parti communiste libanais (PCL) s’apprête à tenir son VIIIe congrès, les 28, 29 et 30 janvier, à un moment où il traverse une crise multidimensionnelle aussi bien dans son identité politique et idéologique, que dans sa structure organisationnelle. Le fossé est tellement profond entre les différents blocs que de nombreux observateurs n’excluent pas un éventuel éclatement du parti si les démarches de la dernière heure, entreprises par l’ancien secrétaire général Georges Haoui, n’aboutissent pas. Surnommé avec fierté «le chêne rouge» par la vielle génération de militants, le PCL, fondé il y a 75 ans, n’est plus aujourd’hui qu’une bête affaiblie que se disputent des prédateurs affamés. Le malaise qui secoue le parti est sans doute dû à l’effondrement du bloc socialiste, mais aussi à une incapacité d’adaptation au Liban de l’après-guerre. Bien qu’ayant perdu plus d’un millier de combattants pendant les événements et malgré son rôle pionnier dans la lutte contre l’occupation israélienne, le PCL a été totalement exclu des institutions politiques mises en place à Taëf. La crise a éclaté au grand jour lors du VIe congrès, en 1992, avec la démission de son chef historique, Georges Haoui, qui a voulu ainsi assumer la responsabilité de la marginalisation du parti. Depuis, la situation n’a cessé de se détériorer. La base du PCL est tiraillée entre quatre blocs inégalement représentés au congrès qui doit se tenir au Long Beach, à Beyrouth. Le bloc le plus important est celui des «conservateurs» regroupés autour de Hussein Hamdane (candidat sérieux pour succéder à l’actuel secrétaire général, Farouk Dahrouj), Marie Debs, Hussein Kassem, Khaled Hadadé. Ils ont réussi à faire élire 80 de leurs partisans au congrès général, auquel doivent participer 198 délégués ayant le droit de vote. Ce bloc est soutenu par l’ancien appareil militaire et sécuritaire du parti, aujourd’hui reconverti dans l’appareil administratif. Le deuxième bloc appelé «libéral» (par opposition au stalinisme de certaines figures conservatrices) s’est constitué autour de Farouk Dahrouj. Il comprend notamment la vieille garde, comme MM. Karim Mroué, Nadim Abdel Samad et les intellectuels du parti, comme Sanaa Abou Chacra. Ce bloc a fait élire une cinquantaine de ses partisans au congrès. Bien que ces deux groupes soient représentés au sein de la direction actuelle, leur alliance est profondément ébranlée par des conflits d’intérêts et de profondes divergences. Chaque bloc possède en effet ses candidats au poste de secrétaire général. Deux courants dans l’opposition La «gauche démocratique», dirigée par l’ancien chef des réseaux de la résistance, Élias Atallah, se donne l’étiquette d’opposition. Elle n’est pas représentée dans les instances dirigeantes, bien qu’une trentaine de ses partisans aient été élus pour prendre part aux travaux du congrès. Le «courant du centre» est un bloc récemment créé. Ses principaux responsables sont Rafi Georges Haoui et Riad Saouma. En très peu de temps, les «centristes» ont rassemblé autour d’eux un nombre relativement important de cadres moyens et supérieurs et seront représentés au congrès général par plusieurs délégués. La «gauche démocratique» et les «centristes» accusent l’alliance dirigeante d’irrégularités pendant les élections primaires dans les différentes régions et organisations du parti. Lors des élections de Beyrouth qui se sont tenues en novembre, leurs partisans ont déposé des bulletins blancs dans les urnes en signe de protestation contre «la falsification des listes électorales et d’autres abus», selon un des responsables du «courant centriste». Les mêmes reproches sont faits par l’organisation estudiantine du PCL et par les différents corps professionnels, comme celui des journalistes, pratiquement écartés lors des primaires. Résultat : sur les 5 000 électeurs potentiels membres du parti, seuls 3 000 ont pris part au processus électoral. Personne n’est encore en mesure de définir avec précision sur quoi portent les divergences entre les quatre blocs. S’il existe effectivement des différences dans les domaines politiques et idéologiques, ce sont surtout les questions organisationnelles qui reviennent sans cesse dans l’argumentation des uns et des autres. Les deux courants opposants reprochent à l’alliance dirigeante de refuser une représentation proportionnelle au sein du Conseil national (ex-comité central faisant aujourd’hui office de Parlement). D’ailleurs, il y a quelques semaines, la direction a pris une décision interdisant l’existence de courants dans le parti, pour l’annuler quelques jours plus tard en raison du tollé qu’elle a provoqué. Le contentieux a failli se transformer en crise ouverte lorsque les opposants ont envisagé de boycotter les travaux du congrès. Pour essayer de recoller les morceaux, les quatre courants s’en sont remis à Georges Haoui qui s’efforce de trouver un terrain d’entente. Les pourparlers en cours visent à faire représenter tous les courants au sein du Conseil national, lequel pourrait être présidé par M. Haoui. M. Dahrouj pourrait de son côté être reconduit à son poste et deux secrétaires généraux adjoints pourraient être élus. Les opposants affirment se contenter, pour l’instant, de ces «maigres acquis» pour éviter le pire. La direction a aussi jeté du lest en invitant au congrès, à titre d’observateurs et dans un souci de transparence, les anciens membres du bureau politique et du Conseil national, une cinquantaine de figures de la gauche libanaise et plus de 30 délégations étrangères. Des cadres de l’opposition ont par ailleurs été associés aux différentes phases de préparation du congrès. «Nous espérons que cette démarche de la dernière heure réussira», déclare un responsable centriste. Car en cas d’échec, le «chêne rouge» risque fort d’éclater en une multitude d’arbrisseaux.
Le Parti communiste libanais (PCL) s’apprête à tenir son VIIIe congrès, les 28, 29 et 30 janvier, à un moment où il traverse une crise multidimensionnelle aussi bien dans son identité politique et idéologique, que dans sa structure organisationnelle. Le fossé est tellement profond entre les différents blocs que de nombreux observateurs n’excluent pas un éventuel éclatement du parti...